À l'instant d'appuyer sur le bouton envoyer, elle s'en empêcha car même si elle voulait lui vomir en pleine face toute la rage qu'elle avait laissée s'accumuler en elle depuis ces derniers mois, elle ne trouvait pas que cela lui ressemblait. Elle qui était si douce et bienveillante dans ses relations humaines, préférait mesurer ses propos, et laisser quoiqu'il en soit une bonne image d'elle, espérant inconsciemment qu'il s'en mordre les doigts et la regrette de plus belle.
Elle supprima tout et lui envoya pour de bon ces quelques mots qui, lui semblait-il, étaient largement suffisants.

"Tu sais bien que j'ai tourné la page. Il faut que tu l'acceptes. Je ne suis pas un objet que tu peux utiliser quand ça te chante et jeter aussitôt que tu n'en as plus besoin ou envie. Je ne suis pas de ces filles qui acceptent ce genre de choses. Je n'oublie pas le mal que tu m'as causé récemment.
Et je ne l'oublierai jamais à chaque fois que tu voudras réapparaître dans ma vie.
Donc oublie-moi."

Elle ne s'attendait à aucune réponse de sa part. Elle savait que ce genre de type tentait juste sa chance. Il devait penser qu'Inès était toujours la fille attentionnée et gentille qu'il avait jusqu'alors connue, sans imaginer qu'elle avait dépassé l'aveuglément dans lequel la passion l'avait plongée au tout début de leur relation, et qu'elle avait donc à présent retrouvé la raison.

Elle contacta son amie, Lucile, à qui elle envoya une copie d'écran de leurs conversations.
Lucile lui répondit avec des émoticônes de colère... suivi de : "Mais il est marrant lui...ok pour ta réponse, même si tu peux t'autoriser à être plus virulente avec lui.."
Inès lui adressa ce message :" J'avais commencé à lui répondre méchamment, mais voilà, pas possible, tu sais bien..."
Lucile lui dit : "Oui bon ça va, tu as été ferme, c'est le principal ! Mais je suis sûre qu'il va te répondre, dis-moi ce qu'il en sera lol".

Inès sourit à la lecture de son message. Lucile avait suivi toute leur histoire depuis le départ. Elle a vu Inès dans tous ses états ; raisonnable au début, heureuse et comblée pendant un trop bref instant, et ensuite affligée, au point de ne plus avoir goût à la vie, de passer ses journées à broyer du noir, et ses nuits à ne plus trouver sommeil.

Heureusement, le temps avait fait ce qu'il sait faire en terme de réparation.
Inès avait retrouvé le goût à la vie peu à peu, en allant se ressourcer au Maroc pendant quelques temps, ce qui lui apporta du réconfort, notamment grâce aux nombreuses sollicitations qu'elle a reçues de la part des mecs qui allaient même jusqu'à la demander en mariage. D'habitude, elle trouvait cela d'une lourdeur irrespectueuse, mais pendant cette période de profonde tristesse, ça ne la dérangeait pas d'être adulée tant que cela se faisait dans la galanterie.
C'était le pays de tous les possibles avait-elle pensé avec amusement.

Avant de quitter la France, Lucile lui avait lancé en souriant " Eh surtout, ne reviens pas la bague au doigt hein"
- Tu m'as pris pour une folle, tu sais bien que l'homme de ma vie c'est....
Lucile l'avait aussitôt interrompue, en lui lançant : "Non mais vas-y arrête tes conneries, mais si tu te maries, je veux être au courant c'est tout ! "
- Lucile tu sais bien que si j'y vais c'est pour profiter des paysages, et je t'ai déjà dit que les marocains c'est pas ma came.