La planche à dessin …

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Printemps soixante douze, je file cap au Sud,
A bonne allure, sur l’autoroute du soleil.
J’ai oublié ce que la vie a de rude,
Et n’entrevoit que des horizons vermeils …

 

« Emmenez-moi au bout de la terre,
Emmenez-moi au pays des merveilles,
Il me semble que la misère,
Serait moins pénible au soleil !... »


Et me distille, cet air plein de promesses,
La radio de bord de ma ludique 4L…
Aznavour stimule tant mon allégresse,
Que pour aller de l’avant, me poussent des ailes…

Je m’approche d’une voiture jaune,
L’identifie pour être une 2CV Citron …
Entrant dans le département du Rhône,
Sur trois voies, pouvons rouler de front …

Blanches, sont les plaques de la Deuche,
Chiffres et lettres au graphisme noir,
Avec, sur la malle, le « D » de Deutsch,
Auto française, en germain territoire … 

Longtemps, je fais la route dans son sillage ;
L’auto jaune est à moitié décapotée…
Alors que pour la dépasser, je m’engage,
Blonde envolée de cheveux, me fait sursauter …

Parvenu à la hauteur de la belle Citroën,
Je ne puis, à droite, m’empêcher de regarder,
Et découvre deux adorables sirènes,
Dont on se demande comment les aborder…

Sans complexe, j’accélère pour passer devant,
Surveille attentivement mon rétroviseur.
Suivi par ces deux Allemandes dans le vent, 
Je leur trace la route, en parfait connaisseur.

Puis commence le jeu du chat et des souris
Car, impromptues, les souris doublent le chat,
Laissant « Minet» derrière, voila, qu’elles sourient,
Et la radio me chante : que se disent-elles Sacha ?…

Nous entamons alors cet étrange ballet,
Un paso-doble routier pour petites autos…
Me fais, au volant, plus cocher que valet,
Évitant qu’elles me prennent pour zigoto…

Regard face à la route, aussi fier qu’Artaban,
Mine de rien, je les dépasse à nouveau,
Sans me douter que derrière son volant,
La Jolie conductrice, fouette ses chevaux  …

Sur la file de gauche, elles me rattrapent,
De l’accélérateur, je relève le pied… 
Cela pourrait finir en chausse-trappe,
Sur la route, il est tant de sujets à épier …

Repassant devant, soudain elles ralentissent,
Attention au risque de carambolage,
Je me déporte à gauche et mes pneus crissent,
Sous l’effet appuyé d’un brusque freinage.

Devant, toutes les autos sont arrêtées,
Je presse encore plus fort sur la pédale,
La 4L pique du nez … le pire est évité …
J’en oubliais le contenu de la malle…

Retenue par mon siège, la planche à dessin,
Posée juste au-dessus de tout mon chargement,
Sous la forte décélération, saute le coussin ;
M’arrive sur le cou, sans aucun ménagement…

Me retrouve plaqué, nez contre pare-brise ;    
Dans la deuche à côté, les jolies passagères,
Ne se retiennent de rire ; assistant à leur crise,
J’en viens à déplorer, toutes folies bergères… 

Quand le flot de véhicules enfin, redémarre,
Dégagé de cette fâcheuse position,  
Apercevant la sortie vers Montélimar,
Sans regret aucun, je prends cette direction…

Moralité
Évitez de rouler pied au plancher,
Méfiez-vous des hasardeux desseins,
Qui, brusquement, vous font flancher,

Puis, vous « croquer », votre planche à dessin…  


Voir le dessin se rapportant à cet événement réellement vécu :

http://idata.over-blog.com/0/23/15/62/Photos-2008/File0917a.jpg

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