Le pardon. Dans le mot pardonner, il y a donner et par. Ethymologiquement, cela signifie tout donner, rendre la punition de sa faute sans la faire subir, donc donner l'absolution.

Mais je ne le considère pas ainsi. Pardonner est aussi donner par delà.

Lorsque l'on est victime, il nous a été fait acte de souffrance, de torture, d'une terrible et parfois abominable expérience de vie. Il ne s'agit pas d'accepter l'inacceptable. Être en paix c'est aussi, dès que possible, savoir dire non à une situation intolérable et au besoin, partir. Poursuivre autrement, éventuellement ailleurs. 

Mais si nous parvenons seulement à aller plus avant, à continuer simplement notre route, nous survivons .

Si par contre nous réussissons à passer au delà, si nous laissons le souvenir de nos souffrances nous inonder pour mieux les laisser passer et nous traverser, si nous acceptons de donner, au delà de nos douleurs, un amour inconditionnel à la personne que nous étions, mais aussi à celle que nous sommes devenus,  alors nous pouvons retrouver ou même enfanter notre paix intérieure. Nous allumons une petite bougie, cette flamme si petite soit-elle au creux de notre coeur, qui chaque jour nous dira :

"Tu es, moi et je t'aime."

C'est à nous en premier lieu que nous devons cet amour inconditionnel.

Lorsque mes plaies seront pansées, lorsque mon corps sera réchauffé, lorsque mes mains cesseront de trembler, alors mon coeur sera illuminé par ma flamme intérieure, elle éclairera tout autour et la paix sera de retour. 

Seulement alors, nous, victimes, pouvons laisser derrière nous les bourreaux, sans charger le monde de plus de haine. Il n'est plus besoin de leur pardonner. La paix est sur eux, comme sur tous, simplement.