Make way to the Queen !

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Ces paroles furent suivies d'un calme sidéré. Il fallut quelques instants pour que les mots s'impriment dans les esprits. Vinrent ensuite les cris de joie et d'encouragement. Dans l'entourage royal, tout le monde regarda la monarque comme si elle avait perdu la tête. Seul Flemming eut un léger sourire en coin. Le président des États-Unis fut le premier à reprendre ses esprits :

— Enfin, vous n'êtes pas séwieuse ?

— Bien sûr que si ! Monsieur Flemming, les épées s'il vous plait.

— Mais enfin, Votwe Altesse !

— C'est « Votre Majesté », Monsieur le Président, enseigna-t-elle d'un ton sec. Auriez-vous donc peur de vous battre contre une vieille femme ?

Finalement revenus de leur surprise, les gardes du corps présidentiel s'approchèrent des deux dirigeants, les mains sur leur holster, prêts à dégainer. Voyant cela, la garde royale à cheval qui formait la haie d'honneur rompit sa formation et s'interposa. Le colonel cria :

— Faites place à la Reine !

Devant cet ordre, les membres du secret service attendirent une consigne de la part du président. Ce dernier sentit le poids de leur présence, celui de la foule, de la famille royale et des représentants anglais et surtout celui d'une petite arrière-grand-mère proche de la centaine. Dans sa robe de dentelle, elle donnait l'impression qu'un souffle de vent, qu'une goutte de pluie trop forte la ferait tomber. Toute la force de cette monarque qui s'accrochait à la vie semblait être contenu dans son regard transperçant. La reine le regardait avec intensité, attisant subtilement les vices de son adversaire par cette simple action. Elle vit sa physionomie changer, son étonnement bête se transformer en une moue roublarde d'un homme habitué à vaincre contre toute attente.

— Je cwains davantage de gagner, répondit-il avec un sourire hautain.

— Ne vous inquiétez pas de ça. Mon testament est fait depuis bien longtemps et j'ai trop vécu pour craindre la mort. La seule chose qui doit vous décider, Monsieur le Président, c'est votre courage ou votre lâcheté, dit-elle calmement en tendant la main à sa droite.

En effet, à cet endroit se tenait maintenant Flemming. Il supportait sur son bras gauche un lourd coffret de bois précieux et l'ouvrit de la main droite. Sur un coussin de soie rouge, étaient disposées deux grandes épées à double tranchant, avec une garde droite et un pommeau ouvragé. Le silence s'était à nouveau fait.

La reine et le président se toisèrent un instant de plus puis finalement, Trump lança un ordre bref à ses gardes pour qu'ils s'éloignent. Les hommes de cheval les suivirent, définissant ainsi la place qui servirait au duel. L'américain approcha la main d'une des épées.

Il eut un instant d'hésitation puis la saisit d'une main ferme. Il tenta de faire quelques mouvements avec mais l'on sentait bien son hésitation et sa maladresse. La reine attrapa à son tour l'épée et, dans une éclaircie du ciel londonien, l'acier brilla, illuminé d'un signe divin.

Alors, de toute part, la foule hystérique l'acclama, l'encouragea, lui souhaita bonne chance. La reine, tournée vers son adversaire, amena la garde devant son visage puis ramena la pointe d'un geste contrôlé vers le sol. C'était le salut de l'escrime, un salut respectueux envers une personne qu'elle n'estimait pas. L'américain imita son geste mais le bout de son arme sonna clair sur le pavé de Buckingham Palace. À ce bruit, la foule se tue. Les duellistes se firent face, se toisant avec fierté, déterminés à en découdre. Trump releva son épée, le pommeau au niveau du ventre, la reine en robe de dentelle adopta une garde plus haute, plus maîtrisée, plus noble. Flemming donna l'écrin vide à un page et annonça :

— Ce duel d'honneur s'arrêta à la mort d'un des protagonistes. Les coups sont libres. Votre majesté, Monsieur le président, êtes-vous prêts ?

— Je le suis, répondit l'anglaise.

— Moi aussi, confirma l'américain.

— Allez !

(la suite demain…)

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