Désertion

4 minutes de lecture

Je regarde la femme de mes rêves, debout devant l’autel, écrivant les quelques mots qui vont la lier à jamais à l’homme de sa vie. Des boucles brunes, venant de ses longs cheveux longent ses épaules pour tomber sur sa robe blanc nacrée. Ses grands yeux marron, légèrement mouillés par l’émotion, observent le document avec attention, jusqu’à ce qu’elle pose la plume et reporte sa concentration sur son futur mari. Alors, que son grand regard se détourne vers moi et un sourire se dessiner sur ses lèvres, je ne peux m’empêcher de ressentir un pincement au cœur, en la voyant épouser mon meilleur ami.

Outre cette jalousie mal placée, je suis aussi heureux de les voir réunis en ce jour et d’être le témoin de leur amour. Leur fille, Aeven, se tient en tant que demoiselle d’honneur, du haut de ses huit ans. Les invités, tous nos collègues et amis, observent avec attention ce jour particulier.

Le marié, Aquila Joran, signe à son tour le document, avant que le prêtre ne le brûle comme le veut la tradition et prononce les vœux de l’Eglise.

 - Par ces mots et ces signatures qui brûlent, votre amour et votre bonheur sera à jamais lié. Le mélange des cendres restera pour toujours les preuves du contrat que vous avez signé et de l’amour que vous vous donnerez chaque jour, chaque heure, chaque minute. Puisse les Dieux nous entendre et bénir ce mariage, cette union et la rendre éternelle.

La cérémonie se termine au cours d’un somptueux repas. Du vin Elfique est servi pendant le dîner, et je ne cesse de demander à ce qu’on remplisse mon verre, regardant du coin de l’œil l’union de ma meilleure amie et la femme que j’ai aimé durant de nombreuses années, et de mon meilleur ami qui m’a ravi le poste d’un des Commandants de la Garde Impériale. Je m’éclipse bien avant le discours des mariés, ne souhaitant pas y assister et vu la quantité d’alcool que j’ai ingurgité, je ne ferais que le gâcher.

Je me retrouve seul sous la lune, observant la ville où je me suis entraîné, où je suis devenu celui que je suis aujourd’hui. Mais, est-ce que ça avait valu la peine de sacrifier mon amitié avec elle ? De la laisser sur le pas de la porte, parce qu’elle n’avait pas réussi le test d’entrée, mais moi si…

Quand nos diplômes nous avaient été délivrés, et que les compagnes et compagnons pouvaient venir dans la ville, je me souviens de l’expression qu’elle a eu. Elle m’avait félicité, mais ses yeux exprimaient le dégoût, la colère pour l’avoir trahi. Elle m’avait dit qu’elle m’avait pardonné, mais aujourd’hui, je me mets à douter de ses paroles. Je me souviens, quand Joran est arrivé, et l’a prise dans ses bras, l’embrassant devant tout le monde. C’est comme s’il m’avait planté un couteau en plein cœur. Mais, je n’ai rien dis, me contentant de sourire quand ils m’ont annoncé qu’ils étaient ensemble. Je me suis contenté de sourire, également, quand Aquila m’a pris pour témoin et qu’il s’est mis à genoux devant tout le monde pour la demander en mariage.

Puis, nous avons obtenu nos affectations. J’étais dans le même corps d’armée qu’Aquila et ne cessait de voir, jour après jour, sa supériorité. Cela me rendait dingue et je passais mon temps à broyer du noir, affûtant ma lame, espérant qu’un jour je pourrais la planter dans le cœur de celui que je considérais comme mon meilleur ami. Je secoue la tête pour éloigner cette pensée horrible de mon esprit.

C’est ma faute si je n’ai pas fais ce qu’il fallait avec Maya, si je l’ai abandonné le jour du test. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même si elle a trouvé quelqu’un d’autre, quelqu’un qui ne l’aurait pas abandonné comme le lâche que j’ai été. J’observe une dernière fois la ville où j’ai grandis, avant de retourner à mes appartements. J’emballe mes quelques affaires, souvenirs d’une enfance tumultueuse, et balance mon sac sur mon épaule. Quand je m’apprête à sortir, je tombe sur Aquila, accoudé à la porte, les bras croisés, le regard désapprobateur.

 - Tu comptes déserter ?

 - J’ai obtenu mon diplôme, j’en fais ce que je veux, je lâche en passant devant lui.

 - Loin de moi l’idée de t’en empêcher. Après tout, tu fais bien ce que tu veux. Mais, je croyais que ton objectif était de servir le roi. Jusqu’à ta mort. Et que ceux qui dévieraient de leur chemin, seraient châtié par toi. Comme ceux qui possèdent cette fameuse marque noire.

Je m’arrête, alors que je m’apprêtais à franchir le seuil de mon appartement. Je me retourne vers Aquila, qui m’observe avec un sourire. Comment peut-il être au courant ? Je n’ai jamais rencontré personne qui savait pour cette marque.

 - Je sais beaucoup de choses, répond-il à ma question muette. Je ne serais pas ici aujourd’hui, si je n’avais pas un minimum de culture. Mais, pour ce que j’en sais, tu devrais concentrer tes recherches vers le sud-ouest. Tu devrais y trouver… des réponses.

C’est ce moment qu’il choisit pour partir. Je ne tente pas de le rattraper, sachant très bien qu’il s’est déjà volatilisé, me laissant immobile, me demandant toujours comment il a obtenu ces informations. Mais, avec une certitude, Aquila n’est pas du genre à parler pour ne rien dire. S’il lui conseille d’orienter ses recherches vers le sud-ouest, alors c’est ce qu’il ferait. Pour trouver, et pour venger sa famille.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Byron ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0