Bribes d'elles - 2

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30 ans plus tôt

Une main qui se lève et s’abat. Un corps qui s’effondre contre l’armoire d’ébène, héritage familial d’un riche colonialisme. Le bois est encore solide. La fille se recroqueville au sol et ne bouge plus jusqu’à ce que le pas trainant s’éloigne. Son père a mal aujourd’hui. Il boit. Et depuis la mort de sa mère, elle l’a remplacée en tant que défouloir. Devant l’évier, elle tamponne sa joue qui déjà enfle, puis s’enferme dans sa chambre pour étudier. Sa seule porte de sortie.

***

Octobre 2012 - Dijon (10 mois plus tôt)

D’un pas alerte, la jeune femme se hâte vers le labo. Il y a réunion d’équipe ce matin et elle n’aime pas le regard glacial que pose sa directrice de thèse sur les retardataires. Dans la mesure où cette femme est maitre de sa vie depuis déjà deux ans, elle est attentive lui plaire. Et ce n’est guère difficile. Major de sa promo, un cerveau affuté et des connaissances bien ancrées font de Lydie la « chouchoute » du Professeur Mathé. Elles passent des heures à discuter de l’orientation de ses recherches. Son ainée l’écoute et Lydie mesure le privilège d’avoir une directrice de cette envergure, à la fois présente et lui donnant de grandes libertés. Ce n’est pas toujours le cas dans le monde de la recherche scientifique. Elle arrive trois minutes avant le début de la réunion, un rien échevelée. Un autre étudiant ose entrer discrètement avec vingt minutes de retard. Lydie aux aguets aperçoit le pincement de lèvres et le regard noir de son mentor. L’autre andouille lui fait un clin d’œil et le regard sombre se tourne vers elle. Lydie baisse la tête avec un léger rougissement. Elle l’a réveillé, elle n’y peut rien s’il a raté le bus et pas elle.

— vous devriez étudier la qualité de vos fréquentation Lydie, se permet sa directrice plus tard.

Elle le dit avec un air attentif, loin du regard réservé aux retardataires. Néanmoins si Lydie admire la scientifique de renom et suit ses conseils professionnels avec application, elle ne compte pas que sa vie privée lui soit également dictée.

— Ne vous inquiétez pas de mes fréquentations, Madame. Elles m’appartiennent et n’affectent en rien nos travaux.

La directrice lève un sourcil surpris de la répartie de sa jeune consœur.

— Et bien dans ce cas, revenons sur le plan d’expériences du mois prochain.

Au moment de sortir de la pièce, la voix rauque ajoute :

— Ah, Lydie ! Vous avez bien raison de vous affirmer. Tant que votre implication est au niveau, je n’ai effectivement pas à me mêler de votre vie privée. A demain.

Et elle la congédie d’un geste de la main.

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