Sacrifice

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Journal d’expédition – Entrée n°15 – 4e jour après départ

Cela fait à peine quatre jours que je suis parti, mais j’ai l’impression que cela fait bien, bien plus longtemps. Je perds toute notion du temps dans cette immensité naturelle. C’est tellement…prenant ? Fascinant ? Je n’avais jamais rien vu de tel, à part dans les hologrammes qu’on nous projetait au cours d’histoire naturelle, quand j’étais à l’école. Mais les holos étaient en noir et blanc et étaient inertes. Dans cette jungle, c’est différent. Comment dire… Je ressens la présence de toutes ces choses qui m’entourent. Observer un arbre par hologramme et l’avoir devant soi, le toucher, le sentir, sont deux choses complètement distinctes. Et cette couleur ! On nous ressassait continuellement que la flore était majoritairement de coloration verte, mais il faut le voir pour le croire. Cette couleur est si peu répandue dans nos villes de métal, qu’elle fait presque peu naturelle, finalement, quand je contemple cette nature. Quelle ironie.


***


Shaun progressait rapidement en direction du bâtiment abritant le studio de télévision où il devait être interviewé. Il n’avait aucune envie de se prêter à l’exercice mais le directeur du laboratoire avait insisté.

  • « Écoute Shaun, je sais que ça t’ennuies d’y aller, mais nous n’avons pas le choix. Tes recherches sont d’une importance capitale et le public a le droit de savoir ce que nous sommes en train de préparer. D’ailleurs, il n’est pas exclu que cela nous attire la sympathie de l’opinion publique et que nos fonds de recherche s’en retrouvent grossis. Et tu sais que nous en avons besoin. »

Il avait raison. Quelques dix minutes plus tard, après s’être présenté à l’entrée du bâtiment et avoir été barbouillé de maquillage, il se tenait face à la présentatrice vedette du moment, de la principale chaîne de télévision du pays. Elle était jeune et aurait pu être tout à fait jolie si l’une de ses oreilles ne faisait pas trois fois le volume de l’autre. C’était, au demeurant, probablement pour cette raison qu’elle penchait souvent la tête du côté opposé, comme pour compenser le poids trop élevé de l’appendice. Sa première question, assez vague, fut l’occasion pour Shaun d’aborder le sujet comme il le souhaitait.

-          « Bien, Mr Carlson. Je peux vous appeler Shaun ? Il paraît que vous recherches récentes vous ont amené à faire des découvertes pour le moins surprenantes ?

-          Bonjour Stessy, oui, je vous en prie. À vrai dire et pour être franc, il ne s’agit pas à proprement parler de découvertes mais plutôt de suppositions dont la probabilité de véracité est très forte.

-          Oh, je vois. Et qu’est-ce que cela concerne ?

-          Les tumescences. »

Un murmure parcourut l’ensemble de la foule assistant à l’émission dans le studio. Shaun ne se laissa pas démonter.

-          « Je sais que le sujet est pour le moins sensible, il s’agit du mal le plus répandu actuellement. On pourrait qualifier de maladie du siècle. Beaucoup d’entre nous en font les frais quotidiennement. »

La présentatrice grimaça nerveusement et pencha légèrement la tête du côté de son oreille malade. Par politesse, Shaun fit mine de n’avoir rien remarqué et poursuivit son discours.

-          « Mais si je me permets d’aborder ce sujet, c’est parce que je recherche depuis des années un traitement à cette maladie et que je nourris de fortes présomptions quant aux ingrédients du remède qui pourrait être fabriqué. Je veux donc apporter un message d’espoir et informer l’opinion de la démarche de mon laboratoire.

-          C’est fantastique Shaun ! Et quels sont ses ingrédients ? Pensez-vous pouvoir fabriquer un remède rapidement ? »

Shaun inspira un grand coup et attendit quelques secondes avant de répondre. Il savait qu’il s’apprêtait à bousculer l’opinion publique.

-          « Par sécurité, je ne révélerai pas la composition du remède pour l’instant. La plupart des ingrédients peuvent être rassemblés aisément. Un seul, en fait, me pose problème. En effet, il s’agit d’une molécule qui n’existe pas à l’intérieur de nos villes et que nous avons été incapable de synthétiser en laboratoire. Je suis convaincu que cette molécule existe, à l’extérieur de nos villes, et je prépare actuellement une sortie le mois prochain pour partir à sa recherche. »

Un silence pesant s’installa dans la salle. Même Stessy, habituée pourtant à interviewer tout type de personne sur n’importe quel sujet, ne trouva rien à rétorquer dans l’immédiat. Puis, comme si on avait rallumé le son, un brouhaha de conversations éclata dans la salle. La présentatrice dut élever la voix pour ramener le calme.

-          « S’il vous plaît, s’il vous plaît ! Laissez le docteur s’exprimer ! »

Elle enchaîna rapidement pour ne pas laisser à l’auditoire le temps de se déchaîner de nouveau.

-          « Eh bien, Shaun, c’était pour le moins…inattendu. Si j’ai bien compris, vous envisagez une expédition à l’extérieur des murs pour vous aventurer…dans la nature ?

-          Oui.

-          Vous êtes conscient que depuis l’ordonnance du Grand Isolement, votée il y a deux cents ans par le Conseil Mondial, seules trois expéditions ont été menées à l’extérieur ?

-          Oui.

-          Et que la dernière remonte à plus de soixante ans ? Que personne ne s’est aventuré en dehors des murs depuis ?

-          Oui. Je suis conscient de tout cela et demeure cependant parfaitement résolu. Notre proposition de sortie a déjà été validée par le Conseil, qui a autorisé l’expédition à l’unique condition que je sois seul. Une lourde responsabilité m’incombe. Je vous garantis qu’aucune forme de vie n’aura à souffrir de mon passage. L’humanité a déjà bien assez meurtri la faune et la flore de notre planète. Je tâcherai d’être aussi discret que possible. J’attends d’ailleurs, avant de partir, un rapport de l’Observatoire de la Vie Animale et Végétale sur l’état des lieux à l’extérieur pour disposer d’informations fiables et fraîches qui m’aideront en ce sens.

-          Bien, je vois que vous avez pris toutes les dispositions nécessaires et que vos intentions sont pour le moins fortement louables. Pour ma part et en mon nom, je me permets de vous soutenir et de vous souhaiter bonne chance dans votre expédition. En espérant que vous reviendrez porteur de bonnes nouvelles. Je dois maintenant rendre l’antenne. Merci, Shaun, de nous avoir communiqué cette information, et à bientôt j’espère. »

Ayant salué l’auditoire et après avoir expédié les formalités d’usage, Shaun se retira pour rentrer à son laboratoire. Il avait encore fort à faire pour préparer son expédition. Le fait que le rapport de l’Observatoire tarde à arriver le tracassait.


***


Journal d’expédition – Entrée n°101 – 27e jour après départ

D’après mon ordinateur de poche, je ne serais parti que depuis vingt-sept jours, soit à peine un mois. Comme le temps me paraît plus long ! Il me semble presque être parti depuis au moins trois ou quatre mois. Heureusement, j’ai commencé à prendre mes marques par rapport à l’environnement. La lumière du soleil ne m’éblouit plus autant qu’avant et je me suis bien accoutumé à la couleur verte. Mon organisme s’est habitué également, j’ai eu l’occasion plusieurs fois de boire de l’eau directement dans un ruisseau. Je n’ai curieusement pas encore croisé de formes de vies animales. Même si je sais que de nombreux animaux ont vu leur population fortement réduite à cause de l’activité humaine, il me semblait qu’il subsistait encore bon nombre d’espèces en vie. Peut-être m’aperçoivent-ils et m’évitent-ils ? Nous avons fait tant de mal à cette planète…


***


Une forte détonation retentit et Shaun sursauta. Dans son dos, et sans qu’il l’ait remarqué, un assistant s’était approché avec une bouteille et deux flûtes. Puis, il avait débouché la bouteille, produisant le bruit qui avait surpris le scientifique, et versé du champagne dans les deux verres. Il en tendit ensuite un à Shaun et un à Stessy. L’œil de la présentatrice brillait tandis qu’elle se tournait vers l’auditoire en levant sa coupe.

-          « J’aimerais que tout le public applaudisse celui que l’on pourrait désormais nommer le scientifique du siècle ! Shaun Carlson, l’homme qui trouva un remède aux tumescences, après quatre années de travail, une expédition dans la nature couronnée de succès et à peine quelques mois pour élaborer un élixir ! Un élixir, qui plus est, abordable par tout un chacun, comme vous pouvez le constater chers auditeurs ! »

Elle arborait fièrement son oreille gauche, qui était revenue à des proportions normales et souriait largement.

-          « Shaun, vous êtes un véritable héros. La panacée de l’humanité ! Vous avez vaincu une maladie qui faisait ravage depuis un siècle et menaçait la survie de notre espèce. Nous vous devons une fière chandelle. »

Mal à son aise, le scientifique sourit nerveusement et salua la foule d’une main. Pour être dispensé de répondre, il se contenta de lever son verre et but une gorgée de champagne.

-          « Oh, et modeste avec ça ! Alors, racontez-nous votre expédition ! Comment cela s’est-il passé ? Il me semble que vous êtes resté assez longtemps à l’extérieur, n’est-ce pas ? »

Plus à l’aise pour répondre à des questions précises, Shaun sauta sur l’occasion.

-          « Oui ! Effectivement, j’ai passé cent quarante-trois jours en extérieur. Ce fut long, voire très long, mais ce fut concluant. Je ne regrette pas d’avoir mis autant de temps, au regard des résultats, et même si la fin s’est avérée difficile.

-          Et comment avez-vous trouvé cette molécule dans l’immensité du territoire naturel ?

-          Avec l’aide de la technologie mais aussi tout à fait par hasard. J’étais équipé d’un détecteur qui analysait toutes sortes de variables pour détecter la trace de la molécule. L’eau, l’air, les feuilles, les odeurs, la terre, rien ne lui échappait. Mais le rayon de détection était limité. C’est donc tout à fait par hasard que je me suis retrouvé au bon endroit, au bon moment, par chance. Et c’est aussi pour cela que j’ai mis autant de temps.

-          Je vois. Et pour finir,  où se trouvait cette molécule, si je puis me permettre de vous poser la question ? »

Shaun oscilla légèrement d’un pied sur l’autre et remua ses épaules d’un air gêné.

-          « Pour ne pas perturber le laboratoire dans ses travaux de synthèse du remède, je ne souhaite pas divulguer pour l’instant l’endroit où je l’ai trouvée. Mais rassurez-vous, je compte aborder ce sujet lorsque je publierai le récit de mon expédition.

-          Un récit très certainement fort intéressant, à n’en pas douter. Je rends l’antenne, merci Shaun, reposez-vous bien, vous l’avez mérité. Merci encore, au nom de tous les auditeurs ! »


***


Journal d’expédition – Entrée n°261 – 70e jour après départ

Cela fait maintenant plus de deux mois que je suis parti, je commence à trouver le temps long et le manque de résultats me décourage. Je pensais que le détecteur s’agiterait bien plus vite ou qu’il me donnerait davantage d’indices. Mais son rayon n’a l’air de se limiter, au final, qu’à quelques kilomètres. C’est bien trop peu, pour moi qui aie dû en parcourir plusieurs centaines depuis le début de mon périple. Comme j’ai été naïf avant l’expédition de penser que ce serait facile ! Je me faisais l’effet, après analyse, que la molécule devait être répandue largement dans la nature. Ce n’est visiblement pas le cas. C’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin ! Mais je vais persévérer, je n’ai pas le droit d’abandonner, pas après toutes ces recherches. J’ai encore largement de quoi continuer mon voyage pendant des mois. Si seulement j’avais pu mettre la main sur le rapport de l’Observatoire avant de partir, cela m’aurait donné des indices quant aux chemins à emprunter et aux zones à explorer. Je me demande d’ailleurs pourquoi je ne l’ai jamais reçu.

***

Deux semaines après l’émission qui l’avait consacré plus grand scientifique de son temps, Shaun ne trouvait toujours pas le repos. Au contraire, il paraissait davantage tendu à mesure que le temps défilait et qu’il restait oisif. Les premières semaines avaient été riches en évènements et ne lui avaient laissé que peu de temps pour réfléchir et se reposer. Émissions de télévisions, colloques scientifiques, travail au laboratoire pour synthétiser le remède, préparer la production du médicament en masse, participer à des réunions économiques pour assurer un bas prix à l’antidote tout en garantissant un revenu minimum pour sa famille et ses collaborateurs, réunion avec des industriels véreux désireux de s’approprier sa formule, il n’avait pas arrêté.

Maintenant que tout était fini et que la machine était en marche, la pression retombait et il avait davantage de temps libre. C’était justement ce qu’il craignait. Sa mémoire commençait à lui jouer des tours et s’amusait à lui faire revivre le fameux épisode de l’expédition. De jour, c’était supportable et il ne faisait qu’y penser, même si c’était tout de même douloureux. Mais de nuit, il était désormais en proie à de terribles cauchemars. Volga, sa femme, commençait à s’en inquiéter et lui avait conseillé de consulter un médecin, au cas où il aurait contracté une quelconque maladie tropicale pendant son expédition. Mais Shaun savait qu’il n’en était rien.

Voyant qu’il broyait une nouvelle fois du noir, debout les bras croisés à l’entrée du salon et appuyé contre le montant de la porte, Volga s’approcha.

-          « Shaun, comment te sens-tu aujourd’hui ? Tu as mieux dormi ? »

Le scientifique se contenta de répondre par un grognement, signe qu’il n’était pas prêt à communiquer sur le sujet, voire peu enclin à communiquer tout court. Si elle perçut le signal, Volga s’enhardit tout de même, désireuse d’aider son mari.

-          « Tu sais mon chéri, tu devrais peut-être te changer les idées ? Les filles font un monopoly dans le salon. Elles ne t’ont pas vu pendant quasiment cinq mois et tu leur as beaucoup manqué. Elles t’ont beaucoup réclamé. Ça leur fairait plaisir. »

Vaincu par l’allusion à ses enfants, Shaun gémit et daigna répondre.

-          « Je sais bien Volga. Mais je ne peux pas. Vous ne pouvez pas comprendre. Vous ne… vous ne pouvez pas. J’ai besoin d’être seul et de réfléchir. Je… je ne peux pas ! »

Il avait prononcé les derniers mots en haussant la voix. Pour ne pas avoir à se justifier, il s’enfuit d’un pas rapide dans son bureau et claqua la porte. Dans la pièce, une table et un bureau, jonchés de feuilles noircies par une écriture serrée. Ce qui parvenait encore à distraire Shaun de ses pensées, c’était le travail qu’il consacrait à mettre de l’ordre dans ses notes, en vue de préparer le récit de son voyage. Même si, pour cela, il était tout de même susceptible de raviver de douloureux souvenirs. Il prit quelques feuilles en main et s’absorba dans sa tâche.


***


Journal d’expédition – Entrée n°867 –121e jour après départ

JE L’AI ! JE L’AI ! Enfin ! Après tant de jours passés à l’extérieur, j’ai enfin trouvé la molécule ! On peut dire que ce fut un coup de chance. Je n’avais pas décidé d’explorer cette zone, à l’origine, qui me paraissait assez similaire aux autres. Mais j’avais soif et un petit ruisseau qui passait non loin allait me permettre de remplir mes gourdes. C’est quand j’ai commencé à avancer dans sa direction que le détecteur s’est affolé. Mon cœur a bondi instantanément, en même temps que le « bip » caractéristique que j’avais tant attendu ! J’ai immédiatement pris le détecteur dans mes mains et ai arpenté minutieusement chaque mètre de terrain, le nez baissé sur mon instrument. J’étais tellement concentré sur le son de l’appareil, qui revenait de plus en plus fréquemment, que je n’ai pas remarqué que j’avançais précisément en direction du ruisseau que j’avais repéré. Au moment de le franchir, j’ai tout de même levé la tête pour ne pas patauger dedans.

Ce fut un choc. Face à moi se tenait une gigantesque créature en train de s’abreuver. C’était la première forme animale qu’il m’était donné de voir depuis le début de mon expédition ! Conscient de ma présence, il s’était redressé et me fixait tranquillement. Il n’avait pas l’air effrayé. J’eus du mal à l’identifier dans un premier temps, mais sa fourrure blanche et noire et sa ressemblance avec un ours me rappelèrent mes vieux cours de science naturelle. C’était un panda ! Avec les marques noires caractéristiques à l’emplacement de ses yeux ! Je n’aurais jamais imaginé rencontrer un tel animal !

Mon enthousiasme fut cependant de courte durée, quand je remarquais que le détecteur m’indiquait formellement que la molécule que je recherchais se trouvait à l’intérieur du panda, dans l’un de ses organes. Je…je n’avais vraiment pas le choix. Tous ces efforts et devoir rebrousser chemin. Je savais que je ne rencontrerais pas une telle occasion de nouveau. Ma chance avait été trop forte, je ne pouvais la laisser passer. Mes recherches m’avaient déjà fortement suggérées que la molécule devait être de type animale et non végétale, mais je n’en était pas encore tout à fait sûr. J’en avais désormais sous les yeux la preuve vivante.

Je n’avais vraiment pas le choix. Nous avons tant pris à la planète, mais l’humanité souffre depuis si longtemps ! Le sacrifice de ce panda ne serait pas vain, ce serait une vie pour en sauver des dizaines de milliers d’autres ! Et il ne s’agissait que d’un seul panda, je n’avais pas besoin d’en attraper d’autres une fois la molécule entre mes mains, puisque celle-ci m’aurait révélé sa composition et donc le secret de sa reproduction. Je n’en menais pas large mais j’ai pris tout de même mon fusil dans mes mains.

Il n’a pas souffert.


***


Carrie et Graeme étaient tout excités. Non seulement leurs recherches avaient abouti, mais elles présageaient un bouleversement total de l’écosystème de la planète. Si l’on ajoutait à cela les récentes découvertes du docteur Shaun Carlson et la guérison de l’humanité, les prochains siècles à venir s’annonçaient radieux. Pour consacrer et marquer symboliquement cette réussite, ils avaient décidé d’amener un cadeau au docteur Carlson, en lui faisant la surprise. Sa femme les avaient conduit devant le bureau du scientifique, qui travaillait apparemment d’arrache-pied ces derniers temps pour publier un livre de ses aventures.

Après avoir frappé plusieurs fois à la porte et qu’aucune réponse ne fut parvenue, les deux chercheurs commencèrent à se poser des questions.

-          « Peut-être qu’il ne nous a pas entendu ?

-          Allons Graeme, ne sois pas stupide, tu as frappé au moins 4 fois !

-          Il est peut-être trop concentré ou n’a pas envie de nous ouvrir ? »

Après quelques minutes de conciliabule, ils se résolurent à annoncer la nouvelle à voix haute, pour attiser la curiosité de Shaun et le forcer à ouvrir la porte.

-          « Docteur Shaun ! Nous avons une incroyable nouvelle à vous annoncer ! Nous avons avec nous un présent qui vous est destiné, qui va révolutionner la face du monde et vous n’allez pas y croire ! Il s’agit d’une… »

Carrie stoppa brutalement son discours lorsqu’une forte détonation retentit de l’autre côté de la porte. Abasourdie, elle lâcha machinalement la fin de la phrase.

-          « …cage contenant le premier hamster créé en laboratoire, signe que nous allons pouvoir repeupler la planète en vie animale, même pour les espèces disparues. »

D’un coup, l’air se mit à sentir fortement la poudre. Puis le silence. Un borborygme se fit entendre.

-          « Docteur Shaun ! »

Sans attendre une quelconque permission, Graeme prit de l’élan et se lança à toute vitesse sur la porte, qui s’ouvrit largement dès le premier coup d’épaule.

Le docteur Shaun Carlson, renversé avec sa chaise sur le sol, baignait dans son sang. Un énorme trou sanguinolent traversait son crâne et une arme se trouvait encore dans sa main droite. Un nouveau borborygme se fit entendre dans son intestin. Ce fut le dernier. Le sang avait éclaboussé la pièce, jusqu’aux feuilles du manuscrit du docteur. S’approchant du bureau, Carrie nota la présence d’une liasse de papier reliée différente des autres. L’imprimé portait le sceau de l’Observatoire de la Vie Animale et Végétale. Malgré les gouttelettes d’hémoglobine qui avaient arrosées les fiches, la jeune femme put lire un paragraphe sur le deuxième feuillet.

« Cher docteur Carlson, nous tenons à nous excuser pour le temps que nous avons mis à vous répondre. Nous étions justement depuis deux ans en plein recensement de la faune restante sur la planète et ce type d’opération prend généralement beaucoup de temps. Nous tenions cependant à vous fournir les informations les plus fraîches possibles pour vous aider dans votre fantastique entreprise, pour laquelle nous vous souhaitons bonne réussite.

Notre recensement nous a permis de prendre conscience d’une bien funeste nouvelle. La vie animale se résume actuellement sur notre planète, en tout et pour tout, à un seul individu. Il s’agit d’un panda mâle de 4 ans. Nous sommes actuellement en négociation avec le conseil pour obtenir une dérogation et tenter une opération de sauvetage ou sauvegarde de cet animal.

Comme il s’agit d’un individu unique, vous n’avez que très peu de chances de le rencontrer et n’aurez donc pas à vous inquiéter pendant votre périple. Vous trouverez davantage de détails dans le rapport.

 

Bonne route !

 

L’Observatoire de la Vie Animale et Végétale »

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