Le Dieu de la Terreur

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 Julian se promenait, comme chaque jour à cette heure, dans les rues de la ville où il avait passé la plupart de sa vie. Les mains dans les poches, le regard dirigé vers le sol, il déambulait au gré de son humeur, tournant une fois à droite, une fois à gauche. Toujours les mêmes rues, les mêmes quartiers, mais jamais les mêmes personnes croisées le long du chemin.

 Il s'arrêta au milieu d'une rue, sans vraiment savoir pour quelle raison et leva les yeux au ciel. Les immeubles autour de lui, le murmure de la foule, le bruit des voitures qui passaient à proximité, jamais il n'avait fait attention à cette cacophonie urbaine auparavant. Tout ceci lui donna le tournis et un mal de crane se fit alors sentir.

 Un frisson lui parcouru l'échine et il fut prit de sueurs froides. Il sentait sur lui un regard pesant, insistant. Il se retourna brusquement se sentant épié mais rien ne paraissait anormal. Il passa la main sur son front, il était en nage, comme s'il venait de faire un marathon. L'horrible sensation d'être surveillé n'avait pas disparue. Il se remit alors en route, pressant le pas. Rien n'y faisait, cette impression augmentait à chacun de ses pas. Tous ses sens semblaient exacerbés par cette sensation. Un chien qui aboie, un bébé qui pleure, un crissement de pneu sur la chaussée, un marteau-piqueur cognant sur le béton du trottoir… Autant de bruits désagréables et assourdissants qui le faisaient accélérer un peu plus le pas. Il sentait toujours ce regard lourd et insistant posé sur lui. Il tourna la tête pour vérifier s'il n'était pas suivit. Personne.

 La ruelle qu'il suivait était déserte. Il recula d'un bon mètre lorsqu'un chat déboula à toute vitesse entre ses pieds pour aller se cacher dans un trou plus loin. Son cœur battait si vite qu'il avait l'impression que celui-ci aller sauter de sa poitrine. Dans le silence qui suivit, il entendit alors des pas. Un rythme régulier, tel celui d'un métronome. Les pas résonnaient dans la ruelle. Mais il n'y avait personne elle était totalement dépeuplée. Les pas semblaient pourtant si proches. Un ricanement sinistre se répercuta sur les murs, le terrifiant sur place.

- Allez…allez-vous-en !! Laissez-moi !!! cria-t-il à qui voulait l'entendre.

Puis il se mit à courir à toute allure. Le bruit des pas derrière lui accéléra et le ricanement retenti de nouveau. Croyant devenir complètement fou, il se força à courir encore plus vite. Il trébucha en s'écrasa sur le sol, se faisant sévèrement mal au bras. Mais les pas continuaient inlassablement de se rapprocher. Il se releva immédiatement comme il le put, et luttant contre la douleur, se remit à courir aussi vite que possible. La ruelle donna lieu sur un carrefour lui aussi désert, chose complètement anormale à cette heure de l'après-midi.

 Les bruits de pas qui le poursuivaient s'arrêtèrent juste derrière lui et il ressentit une présence juste dans son dos. Une terreur indicible l'envahit. Tout son corps se mit à trembler, malgré les efforts pour se contrôler. La sueur de son front lui brûlait les yeux, et malgré sa course acharnée il avait froid. Quelques secondes après, il trouva la force de se retourner pour faire face à un individu dont le haut du visage était dissimulé sous un chapeau. Le bas du visage, baigné dans la lumière du soleil, dévoilait une mâchoire à vif, décharnée et suintante, avec une dentition complètement gâtée. Une puissante odeur de pourriture émanait de cet individu. Ce dernier leva la tête et sembla le regarder au travers de ces orbites dénuées de globes oculaires. Devant cette vision diabolique, Julian hurla et traversa le carrefour à toute allure. Il ne vit pas venir le camion arriver et qui l'emporta sur une dizaine de mètres, brisant ses os et marquant le sol avec de longues traînées de sang.

 Les gens tout autour crièrent devant la scène qui venait de se dérouler, pendant que certains se demandaient encore pourquoi l'homme avait crié si fort avant de se jeter sous les roues du camion. Dans l'ombre de la ruelle, l'homme au chapeau semblait fier de son acte. Sortant un petit carnet, il ratura le nom de la victime.

- Au suivant…

L’instant d’après, il disparut dans l'ombre.

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