Chapitre 18 et fin

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On traverse la ville. Pas un chat sur la route.

Je me fais un plaisir de griller feux et stops.

Pas un mot à l’arrière de la caisse. Je grille clope sur clope.

Je regarde dans le rétro. Garret et Ed sont impassibles. Rien ne les retient ici.

Lucy, côté passager, regarde les rues défilées devant sa fenêtre.

Fatigue. Nostalgie. Nouveau départ. Encore un. Décidemment, quitter les lieux d’un carnage devient une triste habitude.

Je jette un œil à l’horloge du tableau de bord. Ça ne devrait pas tarder. On est sorti de la ville.

On ne devrait plus risquer grand-chose.

Et si tout ça était faux.

Et si cette histoire de bombe n’était que du bluff, un fake. Juste un moyen de pression, très convaincant mais aussi inoffensif qu’une jolie brune dans un caisson.

Vingt minutes qu’on roule et rien.

Je mets la radio, histoire de détendre un peu l’atmosphère.

Ça grésille. On ne capte que dalle.

- Putain ! Garret ! Ed ! Arrêtez de faire les cons à l’arrière, je leur demande alors que la voiture se met à tanguer de gauche à droite.

- Mais c’est pas nous, me répond Garret.

Je mate dans le rétro.

Ils sont toujours aussi immobiles qu’au départ.

Puis je ne les vois plus.

Le pare-brise arrière s’illumine. La voiture se met à trembler de plus belle, suivi d’un grondement.

Je sors la tête de la vitre. Une immense boule luminescente s’est formée au loin. Elle grossit à vue d’œil, englobant bientôt la ville sur des kilomètres.

Elle brille de plus en plus.

Un souffle chaud me fouette le visage. De plus en plus chaud et puissant.

Je rentre la tête, la chaleur devient insupportable.

Je ferme les vitres. Lucy me regarde, inquiète.

Le pare-brise arrière se met alors à éclater.

Le ciel rugit et se déchire.

Comme si un avion de chasse avait franchi le mur du son à quelques mètres. Le souffle de l’explosion nous rattrape et nous emporte.

Je perds le contrôle du véhicule. Lucy sort de son mutisme et hurle de panique. La voiture tourne sur elle-même.

Je ne gère plus rien.

La force centrifuge est tellement puissante que Garret ne fait plus qu’un avec la vitre. Le manège est interminable.

Je ne pourrais dire si ça a duré quelques secondes ou quelques minutes….

La voiture s’immobilise sur la route à contre sens.

Vu sur la ville.

Du moins sur un gigantesque champignon de fumée.

Le grognement se fait lointain, puis plus rien.

Silence total.

La fumée se dissipe et disparaît.

La ville aussi.

Disparue. C’est fini.

Ce n’était pas du bluff.

Bon.

Je fais demi-tour et reprends la route.

- On va où ? me demande Lucy

- Par là, je lui réponds sans grande conviction.

Garret fait l’éventail avec sa main.

- T’as chaud ? Tu veux que j’ouvre ?

Il agite ses mains de plus en plus vite et se bouche le nez.

- Non, mais ça pue ! C’est horrible.

Je renifle.

C’est vrai, ça ne sent pas très bon. Je me penche à l’arrière. Ouah putain ! C’est une infection.

Je regarde Lucy.

Elle renifle à son tour et hausse les épaules.

- Non, je ne sens rien…

Elle n’est pas très convaincante.

L’odeur se fait de plus en plus violente. J’ouvre toutes les fenêtres.

Pas moyen.

On frôle l’asphyxie.

C’est insurmontable.

Je ralentis, me gare sur le côté de la route.

Je descends du véhicule. Inspecte les alentours.

Regarde sous la voiture.

Rien.

Je passe derrière. Ouvre le coffre.

Je me passe la main sur la bouche.

Envie de gerber.

Lucy sort et me rejoint à toute vitesse.

- Merde Lucy ! Je t’avais demandé de te débarrasser du corps !

Elle me regarde. Devient toute rouge.

« Oups ! »

FIN

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