Chapitre 3

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Je me gare à l’écart, faudrait pas non plus attirer l’attention.

- C’est pour ton bien tu sais, faut pas voir ça comme une punition.

Garret ne dit rien, il sait qu’il enchaine les couilles.

C’est incontrôlable. Ses crises sont de plus en plus violentes et rapprochées.

Je l’aime beaucoup, c’est mon neveu mais je préfère de loin le voir enfermé à double tour que de m’endormir dans la même pièce.

Je me remets une couche de maquillage. Je m’arrête aussitôt quand je vois ma gueule dans le rétro.

Y’a trop de boulot…

Je sors de la caisse, enlève ma veste et la fous sur les épaules de Garret. Il est recouvert de sang. C’est deg’, on dirait qu’il a bossé huit heures dans un abattoir.

On s’approche de l’hosto, la fille de l’accueil tapote son téléphone, elle ne nous a pas vus, j’attrape une blouse sur un chariot et file dans le local d’entretien.

- Allez, grouille, déshabille-toi et enfile ça, je lui envoie la blouse et fouille dans le local.

Je chope un sac-poubelle.

Garret obéit sans un mot, il se dessape. J’attrape son tee shirt, lui débarbouille la figure avec, et range ses fringues dégoulinantes dans le sac.

Bon ben voilà, ni vu ni connu. On sort du local et se dirige vers la nana de l’accueil.

- Coucou Garret ! Déjà de retour ? lui demande gentiment l’hôtesse avec un sourire forcé.

Je ne lui en veux pas.

Je crois, d’après ce que j’ai compris, qu’il a essayé de lui rentrer son téléphone je ne sais plus où, mais quelque part où il n’aurait aucune utilité…bref.

Elle appelle un interne pour qu’il vienne le chercher. Garret se retourne et me fixe, les yeux humides.

Le pauvre.

-T’inquiète, on reviendra te chercher, ça ira mieux. Tu prends bien tes petits cachets et tu vas faire un gros dodo. En plus ce soir sur le câble, il passe la saison 7 de « The walking dead », tu devrais bien dormir, elle est à chier.

Un gars en blanc s’approche de Garret.

- Salut mon pote, allez, on passe le bras droit… voilà…non le droit ! Oui ! Puis le gauche… C’est bien ! Et on fait un gros gâté à son copain invisible, dit le gars en serrant au maximum les énormes lanières de sa camisole de force.

C’est triste mais c’est pour son bien, je lui fais coucou de la main.

- Allez, fait pareil, lui dit le gars.

- Je ne peux pas bouger… répond Garret.

- Super, c’est assez serré, se rassure l’interne.

Ils s’en vont tous les deux dans cet immense couloir blanc.

Allez, je me casse.

Je ne supporte pas les hôpitaux et encore moins quand ils sont remplis de psychopathes.

J’arrive devant ma caisse, ouvre le coffre pour y balancer le sac de fringues.

Merde ! Le coiffeur !

Il n’est pas mort et tente de m’attraper le visage avec son unique bras.

Je recule, il essaie de sortir du coffre.

Non pas ça !

Je lui plaque le visage, le bloque quelques secondes, il commence à hurler, enfin pas vraiment un hurlement, plutôt un brouhaha plaintif.

Il a du sang plein la bouche, il a du mal à articuler, en même temps je me doute un peu de ce qu’il voudrait me dire.

Faut pas que je me fasse remarquer.

Je le lâche, et referme aussitôt le coffre.

Ça bloque.

Fait chier, il a laissé trainer sa jambe. Je tente de refermer deux-trois fois, sa jambe est toujours dehors en train de gigoter.

Bon allez, y’a bien une solution.

Je regarde autour de moi. Personne.

D’une main, j’empêche le coffre de s’ouvrir et de l’autre je relève ma jupe, attrape ma culotte et me tortille dans tous les sens pour l’enlever.

Elle est assez serrée.

Disons qu’en ce moment, je n’ai pas trop eu le temps de refaire ma garde-robe et je suis un peu boudinée dans mes fringues.

Je relève une jambe et fais passer ma culotte.

J’ouvre le coffre et l’enfonce dans la bouche du coiffeur.

Il est surpris.

Ou, un peu dégouté, je ne peux pas vraiment dire.

En tout cas, ça l’empêche de gueuler et d’ameuter tout le quartier.

Il me file des coups de pied et refuse toujours de rentrer dans son coffre.

Bon, je vais pas y passer trois heures.

J’attrape ma chaussure droite à pleine main et lui enfonce le talon dans sa joue.

Merde, elle est coincée.

Je tire.

Après un vilain craquement, la moitié de son visage part avec le talon, un jet de sang arrose mon coffre.

Y’en a de partout, ça continue de gicler comme si on avait fait un petit trou dans une bombe à eau. Le gars hurle de plus belle.

Vite ! Vite !

Je chope le sac de fringues, le vide dans le coffre et lui enfile sur la tête. Il se débat, je rentre dans le coffre, me jette sur lui, attrape le sac plastique et le serre de toutes mes forces.

Il s’excite, commence à s’étouffer, puis s’agite un peu moins.

J’attrape le jean de Garret, enlève sa ceinture et entoure le cou du coiffeur, bloquant ainsi le sac.

Je sors du coffre. J’ai un peu de mal, mon cul est coincé. Un dernier effort, je m’envoie et me ramasse la gueule sur le parking. Je me relève aussitôt, rentre sa jambe dans le coffre et le referme.

- Besoin d’un coup de main ?

Hein ?!

Je me retourne et me retrouve nez à nez avec le Dr Shugard. Le psy de Garret.

- Pardon ? Vous m’avez parlé ? je lui demande complètement essoufflée et surtout surprise.

Il me lâche un énorme sourire. Ça va, il n’a rien vu.

Ou alors, lui aussi doit être un putain de barge !

- Bonjour, comment allez-vous ? Vous voyant vous démener ainsi avec votre coffre, je me suis dit que peut-être vous auriez besoin d’un peu d’aide.

- Bonjour, excusez-moi, je rabaisse ma jupe, restée coincée dans mon chemisier.

Il était surtout en train de me mater le cul, ce con.

Je prends un air tout mielleux.

- Ça va aller, je vous remercie, j’avais un peu de mal à refermer ce satané coffre mais tout est réglé, et vous, comment allez-vous ? Garret n’est pas trop dur ?

-Non ça va. Il est en bonne voie. Il n’achève plus ses victimes, c’est un début…

- Vous avez changé d’interne ? Ce n’est pas Henry qui est venu le chercher, tout va bien ?

- Oui… Disons qu’il y a eu un petit incident…

- Rien de grave j’espère ?

- Non, Garret lui a juste arraché l’œil gauche la semaine dernière.

Beurk.

- Je suis désolé…

- Non mais ça va, ne vous inquiétez pas pour ça, de toute façon il n’y voyait plus très bien, il n’avait que 3/10e.

Ok, c’est un putain de barge…

Je regarde ma montre et fais la fille en panique.

- Oula ! Déjà ! Je suis vraiment désolé mais je dois y-aller.

-Pas de soucis, et ne vous inquiétez pas pour Garret, tout se passera bien, avec la surprise qui l’attend dans sa chambre, il devrait passer une bonne soirée.

- Une surprise ? Comment ça ? Quel genre de surprise ? je lui demande, complètement perdue.

- Sa tante est venue lui rendre visite, ils sont très proches d’après ce que j’ai compris.

- Sa tante ?! Quelle tante ?! je lui gueule.

- Ben… Mlle Brook, Lucy Brook, il bafouille.

Mon sang ne fait qu’un tour.

Je pars en courant vers l’hosto, attrape mon téléphone.

Le fait tomber.

Merde.

Je compose le numéro de Lapin. J’y arrive pas.

Je tremble. J’ai peur. Lapin décroche.

- Lapin ! Véro est sortie de taule ! Elle est dans la chambre de Garret ! Je pleure au téléphone.

- Ok j’arrive.

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