PROLOGUE

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"Tous les débauchés sont des saints qui s'ignorent."

Roger Fournier / Le Cercle des arènes

LUCAS

Ma vie est parfaite.

Du moins, c'est ce que je pensais il y a encore quelques jours de cela. Mais ça, c'était avant. Avant que mon regard ne se pose sur elle et ne remette en question la moindre de mes certitudes.

À vingt-neuf ans, je pensais tout avoir, tout posséder, mais je me trompais.

Il est minuit, penché au-dessus d'un des guéridons de mon vaste salon, la queue enfoncée dans cette fleur brûlante, je me plais à observer ce magnifique corps de femme étendu, joliment ficelé et encore moite de nos ébats.

Les effluves de vanille, de sueur et de sperme, ne laissent aucun doute sur ce que nous venons de faire. Des derniers sursauts de jouissances, que je viens tout juste de lui procurer, parcourent encore son corps lascif et sensuel. Or, ce spectacle de tout érotisme me laisse complètement indifférent.

J'ai toujours tout eu, tout réussi et ce dans tous les domaines, mais depuis quelque temps rien de ce que je possède ne me satisfait plus. En réalité, je deviens complètement blasé. Comme si quoiqu'il puisse arriver, j'aurais toujours ce que je désire.

J'étais sûr de moi, mais à vrai dire, c'était parce que je ne l'avais pas encore rencontrée.

L'Univers que je m'étais construit tournait selon toutes mes exigences, et je pensais qu'il en serait toujours ainsi. J'oubliais que face au destin, il était préférable de ne pas employer les mots jamais et toujours. Cependant, je n'étais pas le seul à avoir oublié cette règle pourtant élémentaire.

Ley l'avait occultée, tout autant que moi. Sauf que plusieurs événements à venir allaient se charger de nous ramener à la réalité. Une réalité bien sombre.

Les parois de verre de mon immense séjour reflètent l'image de celle qui est mon terrain de jeux depuis trois mois déjà. Une splendide rousse, voluptueuse, dotée de très beaux yeux verts parés de longs cils épais. Soudain, un sentiment de déception sorti de nulle part me percute de plein fouet.

Étendue sur cette table en " Hashira ushirodaki shibari ", elle pousse un léger soupir de protestation alors que je me retire d'elle. Une plainte que je comprends parfaitement puisqu'elle m'invite à la faire jouir de nouveau. Mais, bien loin de m'en enorgueillir, son attitude augmente davantage la frustration qui m'habite.

Autrefois, j'aurais été flatté par ses gémissements et ses petits bruits de plaisir. Or, depuis quelque temps, rien ne semble plus me contenter. Je suis constamment insatisfait et ça en devient limite décevant.

C'est alors que les paroles de Ley Carré viennent me narguer.

Je ne serai jamais à vous !

Je ne serai jamais à vous !

Ce à quoi j'avais rétorqué, cynique :

"Tout le monde à un prix, Mademoiselle Carré, et je vais trouver le vôtre ! "

La fureur incendiait ses prunelles, au point qu'elle me criait :

"Je ne suis pas à vendre ! Ancrez bien dans votre cervelle de prétentieux arrogant que je ne serai jamais à vous ! JAMAIS ! Vous entendez ! "

Le souvenir du rejet pur et simple de cette femme me hante véritablement. Ça faisait pourtant deux semaines que cette créature m'avait balancé son " jamais " à la figure et je n'arrive toujours pas à passer à autre chose. Je ne parviens pas à comprendre non plus, pourquoi j'y pense encore.

Putain, la seule chose qui est sûre, c'est que je n'arrive vraiment pas à m'y faire et que je ne peux pas rester sur cet échec cuisant. Hanté par cette fille d'Eve, j'ai congédié Nathalia. D'ailleurs, elle a bien fini par se rendre compte que sa soumission ne m'atteint pas. Il n'y a rien de plus insultant pour une soumise que d'être reléguée au second plan.

Elle a tout de suite voulu savoir si elle avait fait quelque chose de mal, si j'avais des soucis en rapport avec ArchITL & Co ou encore si je m'en étais trouvé une autre. Mais étant son dominant qu'à titre ponctuel, mes engagements envers elle étaient on ne peut plus clairs dès le départ. Je peux reprendre ma liberté à tout moment.

Et ma décision était prise, je préfère largement y mettre un terme au lieu de continuer à faire semblant. Nathalia était une bonne soumise, mais elle était connue pour ne pas s'attacher. D'ailleurs, Andrès me l'avait présentée pour cette principale raison. C'est pourquoi, je ne comprends pas ce besoin qu'elle a de me poser toutes ces questions.

Un interrogatoire qui n'avait pas lieu d'être, et pour lequel elle n'avait obtenu aucune réponse de ma part. Il y a longtemps, j'ai appris la dure leçon qu'être un dominant à plein temps pouvait se révéler être une expérience désastreuse. Alors finalement, c'est sans esclandre qu'elle était repartie chez elle, accompagnée par Lewis mon chauffeur.

Son départ ne m'a fait ni chaud ni froid. Pour être totalement honnête, j'en ai même été très soulagé. Et ça m'emmerde, ça m'ennuie royalement, car contrairement à elle, quand je pense à Ley Carré en train de me dire non, ça m'atteint vraiment.

Pourtant, je ne connais pas cette donzelle, je l'ai vue cette seule et unique fois il y a quinze jours à cette vente aux enchères de l'Aurora club. On me l'avait décrite comme étant inaccessible et j'avais simplement voulu relever le défi qu'elle représentait, sauf que j'avais complètement échoué.

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