CCXXIX. All I really want

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CCXXIX. All I really want*

(Chers lecteurs, je suis désolée pour ceux qui vont recevoir la petite clochette "nouveau chapitre" alors que non, c'est un "vieux" chapitre mais je me suis rendu compte en relisant l'ensemble que ce chapitre-ci avait étrangement disparu... Donc je le remets ! Bien le bonjour à toute la dreamteam au passage ;) )

Nous passâmes un hiver plutôt tranquille, bien cachés dans notre petit nid parisien, entre la frimousse adorable de Lisandru et les premières semaines de ma grossesse (eh oui !). J’étais fatiguée, mais je n’avais pas trop de nausées, et moyennant deux heures de sieste tous les jours sous les sarcasmes gentillets du père de mes enfants, je tenais encore la route.

Louka avait accueilli, ou plutôt deviné, la nouvelle avec une vraie sérénité. Rien à voir avec les rebondissements que nous avions traversés pour notre premier numéro ! Cette fois-ci, il était prêt. Et j’avoue que j’appréciais de pouvoir partager avec lui, plus simplement, mes attentes et mes espoirs autour de ce nouveau bébé. Il était absolument certain que ce serait une fille, et moi, esprit de contradiction ou pas, je pensais que nous aurions un deuxième petit gars. Nous finîmes par parier : un câlin… Et nous jouions à nous taquiner réciproquement sur nos pronostics en attendant le verdict du corps médical.

Le soir de mon anniversaire, Louka nous prépara des entrecôtes avec des frites maison, des courgettes aux herbes et une sauce à la mozzarella et au fromage corse de son invention. C’était délicieux, mais c’est à peine si je réussis à en manger la moitié. J’étais fatiguée, un peu mollassonne, je ne rêvais que de me blottir dans ses bras et de dormir avec deux couvertures et mes grosses chaussettes de Noël… Ce que je finis par faire, vaincue par le sommeil, à très précisément 20h28. Bravo Romy, tu es douée pour les soirées en amoureux ! Mais Louka ne m’en tint pas rancune. Tout juste me rappela-t-il ma petite désertion lorsqu’il me montra, le lendemain soir, une verrine de mousse au chocolat arborant une bougie et un joli paquet bleu, assez gros, que j’ouvris avec impatience… Avant de déchanter aussi sec.

« - What ??? Un aspirateur ?

- Oui. Mais regarde, c’est le dernier modèle, il fait tout tout seul.

- Tu te fous de moi ?

- Why ? Il ne te plaît pas ?

- ….

- Actually oui, Romy, je me fous de toi. Tiens, le voilà, ton vrai cadeau…

(Il sortit de sous la table un autre paquet plus petit, d’un air affreusement malicieux)

- Mais… Pfff, quel couillon !

- Tu aurais vu ta tête…

(Je déballai un très joli sac à main en daim, tout mignon, bleu vif, avec des poches partout, que j’avais repéré quelques semaines plus tôt sur le boulevard Saint-Michel)

- Oh ! Tu t’en es souvenu ?

- Sure. Dans la mesure où tu m’en as parlé à peu près 80 fois…

(Je souris, un peu penaude mais sans excès)

- Merci, Louka. Je l’adore ! Toi aussi, je t’adore, même si des fois je suis lourde ?

- Un chouia… Mais ce n’est pas grave, je commence à te connaître. »

(Il était si mignon avec sa tolérance compréhensive affichée comme un presque-sacrifice, que je l’embrassai illico, délaissant mon tout nouveau sac à main… Et cet aspirateur !)

J’eus à peine le temps d’inaugurer mon cadeau (qui fit baver d’envie Ingrid) que sonna l’heure de Noël. Évidemment, nous prîmes tous la direction de Cargèse pour quatre jours intenses, épuisants, caloriques, auxquels assistèrent les trois générations de Battisti ainsi que mon père (sans Jane, partie réveillonner chez sa fille à Boston) et Malika. Louka en profita pour annoncer ma grossesse à toute la famille et chacun leva sa coupe de champagne à ma santé ! Sauf moi, évidemment, qui dus me contenter d’une limonade.

Le 26 décembre, nous prîmes le chemin d’Essaouira (via Paris puis Casablanca) pour une semaine de vacances. Mon Daddy tomba sous le charme du Maroc, même s’il se perdait un peu dans les méandres de la géographie des Kerguelen ! Il aima le rythme si particulier de la cité, à la fois enfermée derrière ses remparts et ouverte aux foudres de l’océan, s’étonnant de tout comme un gamin curieux sur un nouveau terrain de jeu.

Louka parlait peu, trop occupé à savourer, à vibrer, à écouter : tous ses sens étaient tournés vers le pouls de cette ville qui l’avait vu grandir avec tout son exotisme. Le premier soir, il prit Lisandru dans ses bras, debout devant la fenêtre de sa chambre d’enfant, pour lui montrer la mer et le soleil qui paradaient sous leurs yeux, et il était tout ému.

Quant à Malika, elle était joyeuse comme tout, revivant l’enfance de son fils dans les yeux brillants de son petit-fils. Et elle entreprit de lui faire goûter tajines et couscous, grillades et pastillas, au point que lorsque nous reprîmes l’avion pour Paris, nous étions tous lestés de quelques kilos supplémentaires ! Et j’étais la seule, grossesse oblige, à avoir une bonne excuse et à ne pas trop culpabiliser.

Peu après arriva l’anniversaire de Louka : comme si nous n’avions pas assez mangé ! Comme d’habitude, il annonça à la ronde que ce n’était pas la peine de le fêter, et comme d’habitude, je décidai de passer outre. J’invitai Pietro, Ingrid et les deux petits à dîner chez nous et entrepris de cuisiner (ne riez pas…) des hot-dogs et des pancakes au sirop d’érable.

Je devins ainsi la Zia préférée de Nils, qui engloutit le tout avec un entrain non dissimulé, décrétant à haute voix que c’était bien meilleur que les haricots verts que sa maman lui avait servis à midi. Louka se moqua de moi (« Enfin un garçon impressionné par ta cuisine, my dear ! ») mais Lucia me défendit avec ardeur (« C’est trop bon, Zia ! ») et le dîner passa rapidement. Nos invités repartirent assez tôt, la grande avait école le lendemain et le petit se frottait les yeux de toutes ses forces.

Je rangeai la cuisine pendant que Lisandru passait des bras de son père à ceux de son lit, gros bisous et pyjama doux. Ensuite, je rejoignis Louka dans la chambre et je le déshabillai avec gourmandise. Il se laissa faire sans un mot, ses yeux plantés dans les miens, puis je l’embrassai partout avant de lui masser les épaules, le dos, les reins, les jambes. Il était à la fois doux et ferme sous mes doigts et je lui fis l’amour de tout mon cœur.

Puis je lui murmurai tout bas ce que l’échographie m’avait confirmé quelques heures plus tôt : « Au fait, c’est toi qui avais raison : nous allons avoir une petite fille. » Et il sourit comme un millier d’étoiles avant de me faire remarquer que je lui devais un autre câlin.

*All I really want, d'Alanis Morrisette ; in Jagged Little Pill, 1995.

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