LXXIII. Je pense encore à toi
LXXIII. Je pense encore à toi*
- 10 janvier
RA : “Comment ça ?”
- 13 janvier
LK : “Eh bien, tout ce que je t’ai dit après le mariage de Pietro.”
- 15 janvier
RA : “Happy birthday !”
LK : “Merci beaucoup Romy. J’ai eu droit à une bougie sur mon plateau-repas aujourd’hui ;)”
- 16 janvier
RA : “Bon, c’est à ton tour d’essayer de m’expliquer mieux que ça, please.”
- 19 janvier
LK : “Well… Je te l’ai dit : je n’ai jamais connu ça avec aucune autre fille.”
- 20 janvier
RA : ““Ça” what ?”
- 27 janvier
LK : “You know… I sleep with them, and that’s it ! J’ai toujours fait ça. C’est facile, ça n’engage à rien, rien d'autre que le corps, et encore, pas très longtemps ! Et jamais plus d’une fois. Toi, tu as très vite dépassé ce cadre-là. Mais du coup, je ne sais pas comment faire. Je n’ai pas ce mode d’emploi, Romy.”
- 31 janvier
RA : “Tu crois vraiment qu’il existe un mode d’emploi ?”
- 3 février
LK : “Je n’en sais rien ! Si je réfléchis, je freine des quatre fers, parce que je ne suis pas prêt. Si je ne réfléchis pas, j’agis au jour le jour, j’avance à tous petits pas et là, je sais que je te blesse, parce que tu sautes dans un avion pour retraverser l’Atlantique, ou bien tu me rejettes comme un moins-que-rien dans ce petit parc new-yorkais.”
- 6 février
RA : “Je suis désolée, Louka, je me suis mal conduite ce jour-là. Je t’ai embrassé, parce que j’en avais très envie, et après je te l’ai reproché ! C’était absurde.”
- 7 février
LK : “Indeed.”
- 13 février
RA : “Louka, comment tu as vécu, toi, tous ces mois où on sortait plus ou moins ensemble ?”
- 16 février
LK : “Comme une terre inconnue, agréable mais un peu flippante.”
- 18 février
RA : “Comment ça ?”
LK : “Il faut vraiment que je développe ?”
- 20 février
RA : “S'il te plaît. Finalement, je trouve que par texto, tu expliques certaines choses mieux qu’en face à face.”
- 22 février
LK : “Toi aussi…”
- 25 février
RA : “Peut-être ! Alors ?”
- 3 mars
LK : “Disons que j’étais un peu en équilibre ; ou en déséquilibre… D’un côté, je restais libre, léger, dilettante ; célibataire ! De l’autre, j’aimais bien ce qu’on partageait. C’était… Bon. Simple. Fluide. Je t’ai dit des choses que je n’avais dites à presque personne. J’ai partagé avec toi des moments comme je n’en avais jamais partagés avec personne. J’ai couché avec toi comme je n’avais jamais couché avec personne.”
- 5 mars
RA : “Alors pourquoi tu bloques ?”
- 10 mars
LK : “Je ne sais pas. Maybe that’s just the way I am.”
- 11 mars
RA : “…”
- 15 mars
LK : “Did you at least notice que si je “bloque” comme tu dis, c’est toi qui me quittes à chaque fois ?”
- 18 mars
RA : “Pour que je puisse te “quitter” Louka, encore faudrait-il qu’on soit ensemble.”
- 21 mars
LK : “Well, tu marques un point. Maybe we should just be friends… Without benefits ?”
- 28 mars
RA : “Friends ?”
- 30 mars
LK : “Oui. On s’entend bien, non ? Je t’ai raconté tout ce qui m’a fait le plus mal dans ma vie. Tu connais ma petite sœur et mon grand ami, tu es venue chez Chiara qui est le seul endroit du monde que je puisse appeler home, tu as vu mon appartement parisien à l’ombre de mon père et ma chambre d’hôpital sous le soleil de Sydney…”
- 2 avril
RA : “J’ai porté ton enfant…”
- 5 avril
LK : “Oui. Bon, ça, ce n’est pas tellement un truc d’amis. Mais ça nous relie for ever, j’imagine.”
- 6 avril
RA : “Je le sais bien. Ça nous reliait avant même que tu ne l’apprennes.”
- 10 avril
LK : “Alors ; friends ?”
RA : “Non, Louka.”
LK : “Why not ?”
- 18 avril
RA : “Because j’ai les mains qui me démangent quand je pense à ton ventre tout chaud et ferme sous ses balafres… Because j’ai les lèvres qui me chatouillent quand je pense à ta peau fraîche et salée quand tu rentres de la voile. Because j’ai la tête qui pétille quand je t’imagine, gamin, dans ton pays exotique plein de vagues et de cannelle. Because j’ai le cœur qui tremble quand je pense à la tête de mort-vivant que tu avais dans cette saleté d’hôpital australien.”
- 20 avril
LK : “Encore maintenant ?”
- 21 avril
RA : “Eh oui, Louka…”
Cet aveu lui cloua le bec pour de bon... Et croyez-moi, dans ces conditions, rien n’est plus assourdissant qu’un téléphone obstinément silencieux.
*Je pense encore à toi, de Francis Cabrel ; in Fragile, 1980.
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