L'entre-deux mondes
Il fut un temps
Où, plongeant les villes dans le néant
La Mort régnait
Maîtresse absolue qu’on craignait.
Elle prenait ceux qui étaient destinés
A la rejoindre dans l’immortalité
Et arrachait à leur sort miséreux
Les personnes, les enfants, qu’elles voulaient heureux.
Il y eut un homme
Pour qui rien n’était chance, en somme
Le bonheur n’était pas son lot quotidien
Il dormait, sans rien dire, avec les chiens.
Sa maîtresse le quitta soudain
Sans un mot, dans le noir de leur chambre, un rien
La tristesse, le chagrin prirent possession de son corps
Et il s’en alla vers la ville de la Mort.
L’homme allait passer entre les deux mondes
Lorsque la dame en noir s’interposa, furieuse
Elle lui dit ainsi, froide et ténébreuse
« Mourir c’est bien, pour ceux qui ne peuvent plus
Vivre, c’est dur, quand on n’a pas de but.
Je t’en donne un, maintenant. Regardes… »
Et l’homme se retourna
Plus loin, deux enfants l’observaient
« Tes enfants, ta femme, tous t’attendent. »
La Mort disparut ainsi de la ville, sous l’astre en amande.
L’homme armé d’une force nouvelle
S’en fut chez lui, il avait des ailes
Il y avait maintenant un sens à sa vie
Et la Mort ne serait plus jamais sa grande amie.
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