Chapitre 10 : Marqué son territoire.

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Braqués sur la porte massive qui les séparait du bureau de Monsieur Xavier, deux adolescents attendaient, adossés au mur en face, que celle-ci s’ouvre. L’un plus nerveux que l’autre, se rongeait les ongles en imaginant ce qui se tramait à l’intérieur.

  • Il va pas se faire renvoyer, hein ? lança Selim, inquiet.

Sky leva les yeux au ciel, les bras fermés.

  • Bien sûr que non.
  • Il lui a quand même mis une sacrée droite. Et s'il voulait se venger…
  • Il ne le fera pas.
  • Comment tu peux en être sûr ?
  • … Ils sont potes, non ?

Pensif, Selim arqua un sourcil. Il n’en était pas certain. Même lui, qui avait toujours été le plus proche d’Alex, n’arrivait à déterminer leur relation. Un ami ne trahissait pas de cette manière. Il supposa que c’était compliqué, peu habitué à se faire du mouron.

En entendant les voix se préciser de l’autre côté, ce dernier sauta sur ses appuis. Il analysa le directeur qui sortait de son temple sous toutes ses coutures. Le vieil homme fit de même en jetant un œil aux garçons. Ce n’était pas la première réunion de Richess à laquelle il assistait. Une chose était sûre, peu importe les circonstances, ils finissaient toujours par se soutenir les uns les autres.

Une fois relâché, Alex afficha une mine horrible. Il ressemblait à une vieille chaussette sortie tout droit de la machine à laver.

  • Verdict ? lança Sky en premier, d’un ton détaché.
  • Il m’a mis la semaine.
  • Quoi ! C’est beaucoup trop ! s’exclama Selim, déjà à ses pieds.

En effet, les garçons ne s’étaient pas attendus à ce qu’il obtienne une suspension aussi longue. Pour le même méfait, sur un professeur de surcroît, Sky avait mérité trois jours de renvoi.

  • Tu peux partir autant de temps ! Je vais m'ennuyer de toi…

Malgré la moue de son meilleur ami, qui lui mit du baume au cœur, Alex sut rester raisonnable.

  • C’est mieux ainsi. J’aurais le temps de réfléchir… Xavier a dit qu’il m’enverrait du travail par mail. Là, je vais rejoindre ma mère à sa boutique, tu m’accompagnes ?

Jusqu’au bout du monde.

Si Selim n’avait pas obtenu l’autorisation de sortir sur le temps de midi, il aurait inventé un bobard. Fort heureusement, il n’eut pas à le faire. N’étant pas coutumier de l’école buissonnière, ce fut un soulagement pour le plus petit de la bande. Ce nouveau souffle s’envola avec l’échange qui se préparait. Une tension régnait entre le brun et le blond.

Ce fut ce dernier qui fit le premier pas :

  • Sky.

Il utilisa un ton prompt en encadrant son épaule. Dès cet instant, les deux Richess se jaugèrent, dans le silence complet et sans perdre une miette du regard de l’autre. L’abaisser reviendrait à fléchir. Il était hors de question d’en arriver là, si ce n’était de s’accorder un sourire. Étirée, la commissure des lèvres de Sky parut remplie de sarcasme.

  • Bonnes vacances, lui répondit-il en mettant une tape sur son bras, un air malin planté au milieu de la figure.

Ces mots lui servirent à remuer le couteau dans la plaie. Ils se comprenaient très bien sans dire les choses. En abattant la moitié de son corps contre le sien, le roi l’invita à une poignée de main. Alex rit jaune aussitôt. Il y répondit avec force, leurs paumes claquant l’une contre l’autre.

  • T’es un petit rigolo, toi.

Ce fut grâce à la poule de l’un d’entre eux que le jeu se calma entre les deux coqs. En effet, Jena, aussi ensoleillée qu’à son habitude, n’hésita pas à leur clouer le bec dès son arrivée :

  • Pouah ! Ça pue la testostérone, ici ! Dites, vous comptez rester planter là combien de temps ? J’ai faim, et on a une réunion à ne pas louper.

Elle s’adressait directement à Sky qui ne tarda pas à l’entourer de son bras. Avant de partir, il prit soin d’accorder un dernier regard à son ami. Le doigt qu’il gigota autour de sa tempe poussa Alex à se formaliser :

  • Il manque vraiment pas d’air, ce mec.
  • Y avait un truc à comprendre, là ??

Cependant, l’air ahuri de Selim lui arracha un éclat de rire. Le premier depuis des jours. Lire entre les lignes n’était tout simplement pas son truc.

  • Tu comprendras quand tu seras grand, le vanna-t-il en lui tapotant le haut de la tête.
  • Haha ! Très drôle !

Autrement dit, pas de si tôt.

Et selon Alex, il pouvait rester dans l’ignorance. Lui, venait de recevoir la réponse à une question qui le taraudait. Le fait qu’il ait embrassé Kimi ne le laissait définitivement pas indifférent et il n’était pas le seul à le penser.

***

En chemin vers la bibliothèque, Jena scruta le faciès de son petit ami. Sans réponses, elle finit par tenter une percée.

  • Tu veux qu’on en parle ?
  • De quoi ?

Les mains dans les poches, Sky prit le temps de faire de même. Malgré son ton léger, et la façon dont sa queue-de-cheval s’en allait de droite à gauche, il comprit à sa droiture, qu’elle attendait une conversation sérieuse.

  • Du fait qu’Alex et toi ayez une conquête de plus en commun ?

Fusillé par ses pupilles ambrées, il fut conquis. Il appréciait tout particulièrement le côté enflammé de sa personnalité.

  • C’était votre truc aussi avant, non ? La compétition pour les filles.

Ils en avaient longuement discuté, de leurs expériences respectives. Chacun possédait son tableau de chasse et dans leur intérêt, ils avaient convenu d’en faire table rase.

  • On n’était pas censé laisser le passé derrière nous ? lança Sky, d’un ton taquin.
  • C’est juste, rétorqua-t-elle en haussant les épaules. Mais ça vient tout juste de sortir. Peut-être que ça te fait quelque chose que ton pote ait embrassé la dernière fille que tu as eu dans ton lit ? Moi, personnellement, ça ne me laisserait pas indifférente, qu'est-ce que tu en penses ?

Stoppée au milieu du couloir, elle lui fit face en roulant le talon de sa bottine contre le sol. Cette posture exigeait une réponse.

  • Et peut-être que tu es en train de briser notre engagement parce que tu t’inquiètes de trop ? lui renvoya-t-il, en se penchant vers elle de sorte à ce que son nez vienne chatouiller le sien.
  • Je constate surtout que tu évites le sujet. Bien. J’en prends note ! Vieux lâche !

Aussitôt détournée, Jena fut attirée tel un yo-yo dans les bras de son petit ami. Elle se rattrapa aux pans de la chemise qu’il portait au-dessus d’un t-shirt.

Cela lui valut un sourire.

  • Je n’ai pas envie que tu t’inquiètes constamment de ce qui a pu se passer avant.
  • Je ne suis pas inquiète. Je me renseigne, rectifia-t-elle, et je teste par la même occasion, ta capacité à communiquer. Sache que tu n’es pas loin de l’homme des cavernes.
  • Un homme des cavernes ! Carrément !

Outré, il garda ses mains au niveau de ses côtes. Il y avait quelque chose en Jena qui l’empêchait de lui en vouloir. Face à sa sincérité, il n’avait le choix que de faire de même.

  • Très bien, miss Solaire. Oui, ça m’a fait quelque chose, prôna-t-il haut et fort. Contente ?
  • … Tu sais que mon but n’est pas qu’on se dispute. Tu es bien trop têtu pour tenter le coup.

Il aimait ses plaisanteries, son culot, la manière dont elle le remettait à sa place.

  • Tu peux me dire pourquoi ?

Sky croisa ses doigts aux siens, pensif. En fait, il n’aurait jamais imaginé qu’elle puisse embrasser un autre garçon, et encore moins quelqu’un de la bande.

  • Disons que ça confirme que ce baiser entre nous ne voulait rien dire.
  • … Tu insinues qu’elle a le bisou facile ?
  • Eh bien,...
  • Alors que tu as embrassé tant de filles ?

Cela lui coupa l’herbe sous le pied.

À nouveau, elle lui tira la langue, l’empêchant de se justifier.

  • C’est dingue, avec vous les garçons, c’est toujours la fille qui s’en prend plein la figure ! Alors qu’en plus, tu m’as dit que tu avais fait le premier pas. Tu n’es vraiment pas raisonnable, dit-elle en roulant ses yeux dans leur orbite.

Un silence se forma.

  • Tu sais, Faye m’a expliqué qu’elle n’était pas du tout dans son état normal ce soir-là…
  • Tu as parlé avec Faye ??
  • Oui, bien sûr. Pas toi ?
  • Euh… Je ne savais pas si je devais m’en mêler ou non. Ce sont tous les deux mes amis.
  • Je vois. En tout cas, il paraît qu’elle était défoncée. Cela n’excuse rien, mais c’est difficile d’en vouloir pleinement à quelqu’un qui n’était pas conscient de ses actes. Faye m’a dit qu’elle n’arrivait pas à lui en vouloir à elle, alors qu’Alex… C’est différent. Il est fautif de l’avoir emmené aussi loin. Puis, excuse-moi de le préciser, mais quand vous vous êtes embrassés tous les deux, vous étiez pleinement sobres !

Elle était vive et toujours pleine d’énergie. Un vrai rayon de soleil, au même titre que son nom de famille, et surtout libre comme l’air. Comment Sky pouvait-il lui tenir tête quand elle avait raison sur toute la ligne ? Il capitula tandis que Jena se pavanait, ravie.

  • Ce qui est clair, c’est que cette histoire a foutu le bordel dans le groupe, reprit-il. Je m’attendais pas à ce qu’ils en arrivent là.
  • Vraiment ? Pourtant, j’ai l’impression qu’ils ne font que se détruire.

Cette réflexion venait de loin.

  • Oui, mais c’est Faye et Alex, dit-il, comme s’il s’agissait d’une évidence. Ils ne peuvent pas ne plus être ensemble.
  • Visiblement, si.

Sky arrêta sa marche pour la dévisager. Il craignait que sa franchise lui joue des mauvais tours à l’avenir.

  • Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
  • Dis pas ça devant n’importe qui…
  • Je ne suis pas idiote non plus !
  • … Ah bon ? répondit-il, d’un sourire en coin.

Cette réflexion lui valut des coups de pied au cul. Ceux-ci le poussèrent vers leur lieu de rendez-vous.

Ils avaient en effet une réunion de comité.

***

Face à l’amont de nourriture trônant au milieu de la table, Faye retroussa son nez. Elle serra la lanière de son sac à main, écoeurée. La vision de Sky en train de lécher ses doigts et récoltant la fin de son paquet de chips au bacon ne l’aida pas à récupérer son appétit. À ses côtés, Jena rassemblait son riz dans un tupperware tandis que Laure et Loyd partageaient une salade de fruits en dessert.

Rien de tout ça ne lui faisait envie, pas même le jus de pomme que Kimi buvait tranquillement jusqu’à son arrivée. En avalant de travers, sa brique devenant aussi sèche qu’un raisin, elle laissa échapper du liquide qui coula le long de son menton. Embarrassée, elle le frotta avec sa manche et ne sut dès lors où se placer.

Il n’était pas prévu que Faye soit présente.

  • Désolée du retard, la file était longue à la cafet’, expliqua Nice, deux sandwichs sous le bras.

Ayant remarqué sa perte d’appétit, elle en avait acheté un pour sa grande copine en espérant qu’elle y toucherait, cette fois.

  • J’ai invité Faye à nous rejoindre, vu que…

Selim n’étant pas là, elle se serait retrouvée seule sur le temps de midi. Quant à Alex, il n’était plus nécessaire d’expliquer la raison de son absence.

  • Ce n’est pas un problème, répondit Sky de suite, pour qu’il n’y ait pas de malaise.
  • Merci, souffla-t-elle en s’installant.

Le président se trouvait en bout de table, ainsi que sa copine. À sa droite, Loyd, puis Laure. Kimi se tenait à ses côtés. Elle baissa les yeux davantage quand Nice et Faye s’installèrent en face, cette dernière à gauche de Jena. Le cercle était fait.

Ce n’était pas le moment pour des excuses, mais Kimi s’en rongeait les doigts. Plusieurs fois, leurs yeux se croisèrent. À chaque fois, Faye passa au-dessus.

  • Vu que tout le monde est là, je propose qu’on débute la séance, se lança Sky. Par quel sujet on commence ?
  • C’est toi le président, tu devrais le savoir, le charia Loyd qui n’en manquait jamais une.
  • Alors, on débute avec le KYESS. Laure, tu peux nous dire ce qu’il en est du résultat de la soirée ?

Cette dernière s’ajusta sur sa chaise et caressa son haut avant de le remettre en place. La fierté lui donnait bonne mine.

  • Je crois que je n’ai pas besoin de préciser que ça a été une réussite, dit-elle, tout en retenant un grand sourire. J’avais promis aux filles un certain salaire, et je vais pouvoir tenir ma promesse.

Par filles, elle entendait les dites prostituées de l’établissement.

  • Le plan fonctionne à merveille. Mon père n’a aucune idée de ce qui se trame réellement. Je vais pouvoir mettre la suite à exécution.

De quoi parlait-elle ?

Faye fronça les sourcils, n’ayant pas connaissance de ces dits plans.

  • Juste pour que tu le saches, lança Laure qui nota sa grimace, je suis la propriétaire du KYESS.
  • Ha.

Cela l’atteignait à peine.

  • Sky est mon investisseur, Loyd s’occupe de l'administratif et de la com’ avec Nice. Je n’ai pas vraiment eu le choix de mettre Jena au courant. Elle est trop maligne et elle aurait remarqué que Sky et moi trafiquons quelque chose.
  • Eh ouais, fit cette dernière en faisant un signe “peace”.
  • Elle ne fait pas partie à proprement parler de notre projet, mais elle est tenue au secret, donc je compte sur toi pour… tenir ta langue, également.
  • … D’accord, dit-elle platement. Et Kimi ?

Le sang de celle-ci se glaça quand elle prononça son prénom.

  • Elle me permet de gérer mon stress, plaisanta-t-elle.
  • Donc, si je comprends bien, tout ce qu’on entend en ce moment sur ton père… est faux ? C’est toi qui est derrière tout cette histoire ?
  • Voilà, dit-elle en étirant un large sourire, calmement. Ne le prends pas pour toi, mais je ne t’ai pas demandé d’intégrer le projet, car il n’y avait aucune raison à ce que tu y sois.
  • Je comprends…
  • Tu es certaine ? Le fait que tu sois la petite amie du fils de Marry Stein…

Faye tilta.

  • Ce n’est plus le cas.

Cela jeta un froid dans la salle.

  • Déstresse, Laure, tes cheveux vont finir par tomber, lui lança-t-elle d’un ton sarcastique. J’ai vraiment pas envie de faire partie de ces magouilles, donc te tracasse pas.
  • Parfait ! C’est ce que je voulais entendre !

Ils enchaînèrent sur la manière dont ils allaient répartir les bénéfices. Les ventes liées au partenariat avec Saint-Clair permettraient de financer d’autres événements scolaires. Le restant revenait à Laure qui apprenait à gérer son business aux côtés de son amoureux. Quant à comment investir l’argent restant, la Richess avait un tas d’idées. La prochaine serait grandiose et bouleverserait la Suisse. Seul Loyd, en réalité, connaissait l’exactitude de ses plans.

  • Par rapport au journal de Saint-Clair, nous nous demandions quelles histoires relatées vis à vis du KYESS ? relata ce dernier.
  • Question, lança Jena. C’est vrai que ton père a décampé de chez toi ?

Laure resta de marbre.

  • Exact.
  • Qu’est-ce que tu dirais d’en parler dans le journal ? proposa-t-elle en jouant avec son bic.
  • Je n’y tiens pas particulièrement.

Cela avait le mérite d’être clair. Elle préférait que seules, Kimi et elle-même, sachent exactement où se trouvait son père pour le moment. Elle ne voulait pas non plus que cette histoire atteigne sa meilleure amie. Sans compter que le fait qu’il décampe chez le père de cette dernière n'avait pas fait partie de ses calculs.

  • Je pense qu’on devrait s’arrêter à des infos qui concernent directement l’école, lança Loyd. Qu’on parle du scandale de la soirée, c’est évident, mais au-delà, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.
  • Oui, il vaut mieux que nous restions softs, appuya Nice. Le but n’est pas de ternir qui que ce soit.
  • Ok, sujet kyess clos, dans ce cas, reprit Sky. Nous en reparlerons au prochain événement que tu prévois, Laure. Donc tiens nous au courant. Pour ce qui est du journal… Kimi, est-ce que tu peux nous en dire plus par rapport à la réponse de Monsieur Xavier ?

La sous-présidente avait été confiée de la mission de négocier un budget pour imprimer les news directement depuis l’école.

Elle avait dans un premier temps lancer un sondage parmi les classes afin de connaître l’envie des élèves de lire un journal papier :

  • Vu qu’il y avait une majorité de “oui” pour le journal papier, il a dit qu’il n’y voyait aucun problème. Il veut bien débloquer un budget pour la première impression, tant qu’on le rembourse et qu’on utilise nos fonds récoltés pour les prochaines.
  • C’est ce qu’on voulait, donc c’est nickel, répondit Sky en cochant l’un des points de sa liste.
  • Mais il a insisté pour que le journal ne répande aucune haine envers les autres élèves…

Le pouffement de Loyd résonna autour d’eux.

  • On ne s’appelle pas Kyle. Il peut dormir sur ses deux oreilles.
  • Ca aussi, il faudrait qu’on en parle, revint Nice. On ne l’entends plus pour le moment, c’est effrayant. Est-ce que vous pensez qu’il prévoit… une offensive ?
  • Il peut toujours essayer, répondit Loyd, les bras croisés, un sourire égal à celui de sa chérie sur les lèvres. Je veux bien en prendre la responsabilité si ça vous fait peur. Il n’a plus rien pour m’atteindre et dépouillé de son journal… Il ne vaut plus grand chose.
  • Quel homme, siffla Jena face à sa confiance.

Il sourit en guise de remerciement.

  • C’est le moment parfait pour taper fort et rendre concret la reprise du journal papier. Il semble que ce soit fini avec Steve, en plus. Ce n’est pas dans mon habitude de profiter des moments de faiblesse des autres, mais disons que je préfère faire une exception le concernant. C’est important qu’il comprenne où se situe sa place, maintenant.
  • C’est dingue… Je crois que j’ai trouvé quelqu’un qui le déteste plus que moi ! s’exclama Jena.
  • … C’est du passé, mais qui me cherche me trouve. Kyle n’aurait pas dû jouer avec moi.
  • Parce qu’à cause de lui tu as su pour Laure et Sky ?

Loyd blanchit plus qu’il ne l’était naturellement.

Il ne s’attendait pas à ce qu’elle soit au courant. Ses yeux brûlants en disait long. Autour de cette table, il n’y avait que des requins et des lions, tous plus déterminés les uns que les autres à vivre en grand.

  • Je ne pouvais pas revenir à Saint-Clair sans faire un état des lieux, plaisanta-t-elle.

Laure se sentit gênée pour plusieurs raisons. Notamment, à l'évocation de cette histoire devant son petit ami et son meilleur ami, mais aussi devant Kimi. La jolie brune fit tourner son bic plusieurs fois entre ses doigts.

Elle éclata de rire :

  • Je plaisante, les gars ! C'est juste qu'on se raconte tout, dit-elle en évoquant Sky.

Elle en profita pour enfoncer ses prunelles dans celles de Kimi, dont les tripes tombèrent instantanément au fond de son ventre, là où quelque part, elle s’était toujours sentie supérieure à elle. Pour la simple et mauvaise raison qu’elle la croyait ignorante. Visiblement, elle savait qu’ils s’étaient embrassés. Tout comme elle savait très bien saisir le bon moment pour poser ses cartes. Malgré la cordialité et le bon sens dont elle pouvait faire preuve, Jena pensait qu’il fallait également être capable de marquer son territoire.

C’est ce que firent les garçons à la sortie de la réunion. La prochaine heure de cours arrivant, le comité s’octroya une pause. Tandis que Sky et Loyd s’en allèrent papoter aux toilettes, côte à côte, Jena s’apprêtait à faire de même, seule.

  • On se retrouve en classe, dit-elle en envoyant un signe aux filles. Oh, et avant que j’oublie, j’aime trop tes chaussures ! ajouta-t-elle à l’égard de la nouvelle paire de chaussures de Kimi et en agitant les siennes.

Elle disparut aussi rapidement que le vent, laissant un grand silence derrière elle. De marbre durant quelques secondes, Kimi finit par grimacer.

  • … jolies bottines… ! marmonna-t-elle, en reculant son cou. Rappelez-moi de mettre ces godasses à brûler.

Le grognement de cochon qu’émit Nice, qui recouvrit son nez, empêcha Laure d’arriver à garder son self-contrôle.

Quant à Faye, l’occasion était trop belle pour ne pas en rajouter une couche :

  • Tu sais, Kimi, la jalousie, c’est un vilain défaut.

Depuis ses centimètres en plus, elle lui lança un coup d'œil avisé, un fin sourire se déployant sur ses lèvres. Tout était dit. Bouche bée et amère, la blonde se mordit les joues. Elle y cala ensuite sa langue, n’ayant rien à répondre. Elle ne l’avait pas volée celle-là.

Face à la situation, plus qu’ironique, le groupe d’amies n’arriva à se retenir. Le pouffement de l’une amenait le rire d’une autre, jusqu’à en devenir hilares.

Réunies, dans les bons moments comme dan les pires, elles ne manquaient pas de marquer les couloirs de Saint-Clair de leurs éclats.

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