Le banc

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Le banc
© Rose P. Katell (tous droits réservés)
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Les elfes et les nymphes ne s’entendaient pas. C’était un fait reconnu de chaque membre des deux clans ; un fait que nul n’aurait osé remettre en cause. Depuis des siècles, les deux peuples cohabitaient, mais ne se mélangeaient pas.

Acerbe, Amras refréna un rictus. Adolescent, combien de fois n’avait-il pas écouté son oncle, figure sociale chez les siens, lui affirmer que les nymphes étaient des créatures superficielles et imbues d’elles-mêmes ? Aujourd’hui, tandis qu’il fixait le banc qui se trouvait plusieurs mètres devant lui, il songeait à la fausseté de ces paroles.

Il n’avait que trois cents ans lors de sa rencontre avec Caragh, un âge relativement jeune. Ses journées se partageaient entre l’enseignement de la Sage Erline et la course entre les arbres. Il n’existait pas de but à cette dernière : du plus loin qu’il se souvienne, il avait toujours adoré cavaler, se délectant de la sensation du vent contre son visage et accélérant jusqu’à ne plus réussir à distinguer le paysage dans lequel il évoluait. À l’époque, son oncle lui répétait qu’il finirait par percuter quelqu’un ou quelque chose. Cependant il ne l’écoutait pas. « Je suis prudent, lui jurait-il. Je ne renverserai personne. »

Un sourire lui échappa lorsqu’il se remémora son assurance de jadis et le moment où le destin lui avait prouvé qu’il se trompait.


Je me rappelle…

Pris dans sa folle cavalcade, Amras s’abandonnait aux perceptions qu’elle lui apportait et ne regardait pas là où il allait. Plus rien n’avait d’emprise sur lui. Il était libre ; libre comme l’oiseau qui voyage, libre comme le ruisseau qui devient fleuve.

Hélas, quand la nymphe surgit de son arbre-cœur, la réalité le rattrapa. Incapable de ralentir à temps, il la percuta. Le choc fut violent, inévitable. Avant de saisir ce qui leur arrivait, ils se retrouvèrent au sol, sonnés.

— Désolé, s’excusa Amras dès qu’il eut recouvré ses esprits.

— Non mais je rêve…

La deuxième victime de la collision se releva et épousseta la terre sur ses épaules.

— Vous ne pouviez pas être plus atten…

Elle se figea et Amras comprit qu’elle venait de remarquer sa nature. Dans ses prunelles d’un bleu limpide, il lut nombre de craintes et préjugés – elle en avait sans doute autant que lui en nourrissait à son égard. Quoi qu’il en soit, ses yeux ne cillèrent à aucun instant. Le menton haut, elle le jaugea sans retenue, puis reprit la parole :

— Si je devais citer les seules qualités que les miens accordent aux vôtres, ce serait bien leur agilité et leur adresse. Me voilà terriblement déçue.

Elle avait adopté un ton méprisant qu’Amras jugea déplacé chez un être irréfléchi.

— Il est vrai qu’il est plus dans vos habitudes d’agir par mégarde, siffla-t-il. Il me semble d’ailleurs que l’insouciance d’une nymphe a failli coûter la vie à l’un de mes frères, la semaine passée…

Les joues de son interlocutrice s’empourprèrent.

— Ne vous en déplaise, je ne suis pas au courant d’une telle histoire.

— Vous m’en direz tant. Néanmoins, j’avoue que notre collision s’est produite par ma faute. J’en suis désolé.

— C’est moi qui m’excuse. Jusqu’à maintenant, j’étais convaincue qu’un elfe était incapable d’humilité.

Elle n’ajouta rien. Après lui avoir offert un sourire espiègle, elle s’éloigna et le laissa aussi courroucé qu’égayé.

Les nymphes ne changeraient jamais…


Amras ferma les yeux. Encore aujourd’hui, il se demandait s’il était tombé amoureux de Caragh ce jour-là, sans même le savoir.

Durant les jours qui avaient suivi leur rencontre, il n’avait pas cessé de penser à elle. En colère lorsqu’il se remémorait son air hautain, l’amusement le gagnait quand il songeait à sa répartie.

Vu que leurs deux peuples s’appliquaient à s’éviter, il n’avait pas imaginé la recroiser un jour. Pourtant, le hasard l’avait remis sur son chemin une petite cinquantaine d’années plus tard.


Je me rappelle…

Amras courait. Peu désireux de bousculer à nouveau un étranger – surtout s’il s’agissait d’une arrogante écervelée –, il se montrait prudent.

Malgré lui, ses pas le menèrent près du tronc d’où la dédaigneuse demoiselle avait jailli. Sans en appréhender la raison, il s’y arrêta. Si son oncle lui avait appris que chaque « écervelée » naissait au cœur d’un arbre, y imprimant son essence, il était incapable de repérer quel feuillu de la forêt était ou non un logis.

Il s’approcha donc de l’écorce et, pris d’un élan d’intérêt, y apposa sa paume. Un étourdissement le surprit, puis un chant résonna dans son esprit, lent et harmonieux ; un chant dont il ne fut pas en mesure de deviner les paroles, transporté par une mélodie inconnue.

Amras éloigna sa main et la magie cessa. Il eut un mal fou à ne pas pleurer. Son âme vibrait ! Il ne douta pas d’avoir perçu le souvenir que l’arbre gardait de la venue au monde de sa locataire. En revanche, il ne comprit pas la raison pour laquelle il l’avait entendu.

Bouleversé, il n’aperçut pas ladite locataire arriver.

— Que manigancez-vous près de chez moi ? s’égosilla-t-elle. Les règles sont claires : les nymphes ne cherchent pas les elfes et les elfes ne cherchent pas les nymphes.

Il pivota et, comme lors de leur première rencontre, elle se figea.

— Vous !?

— Eh oui.

— Que faites-vous à côté de mon arbre ? Vous ne l’avez pas blessé, j’espère !?

— Que croyez-vous ? s’indigna-t-il. La nature est mon foyer autant que le vôtre !

Elle ne l’écouta pas et se précipita vers son habitation, qu’elle effleura du doigt. Le contact eut l’air de la rassurer.

— Pourquoi êtes-vous là ? l’interrogea-t-elle derechef.

— Vous montrez-vous toujours si agressive ?

— Je préfère être prudente.

Si Amras ne saisit pas ce qu’elle voulait dire, il jugea bon de ne pas insister. Pire, il ressentit le besoin de justifier sa présence.

— Je courais. J’ai atterri ici par hasard.

— Un hasard ! C’en est également un si vous vous êtes arrêté ?

— Pas du tout.

Sa franchise parut étonner l’orgueilleuse. Moqueur, il s’en réjouit, puis s’expliqua :

— J’ignore de quelle façon distinguer un arbre-cœur d’un autre. Vous étiez sortie de celui-ci et je n’ai pas pu m’empêcher de le toucher. Simple curiosité. Vous êtes satisfaite ?

Elle opina.

— Vous n’avez rien senti, je suppose ?

Face à son attitude pédante, Amras dut retenir une réplique cinglante.

— En effet, je n’ai rien senti.

Le sourire de son interlocutrice s’élargit…

— Par contre, j’ai perçu une mélodie.

… et disparut aussitôt.

— Impossible ! s’étrangla-t-elle.

Sans l’expression horrifiée sur son visage, Amras aurait probablement ri. Mais il était bon observateur et ses sens ne le trompaient pas : elle était bouleversée. Elle le dévisageait comme si elle le voyait pour la première fois et essayait de lire en lui. L’incompréhension et l’incertitude se mêlaient dans son regard.

— Vous allez bien ?

Il regretta sa question ; il n’était pas censé se soucier de ses états d’âme ! Toutefois, son comportement le chiffonnait. En quoi était-ce si grave qu’il ait entendu la voix de son arbre-cœur ?

— Oui. Oui, ça va, affirma-t-elle.

Avant qu’il ait le temps de la traiter de menteuse, elle plongea dans le feuillu.


Amras se remémorait à quel point son attitude l’avait intrigué. Pendant plusieurs semaines, il avait cherché à expliquer ce qui l’avait tant bouleversée.

À l’époque, élevé dans la seule culture elfique, il ignorait tout de celle des nymphes. Il ne savait pas que le chant d’un arbre-cœur ne se révélait qu’à l’âme sœur de son habitante. Ses réflexions l’avaient torturé et il se rappelait la décision qu’il avait prise dans l’espoir de les chasser : oublier l’existence de la présomptueuse. Oh ! qu’il avait été naïf d’imaginer qu’il y parviendrait ! Amras n’était pas retourné près de son logis et avait tenté de la sortir de son esprit, mais elle était revenue vers lui. Souvent, il se demandait si elle l’avait traqué ou espionné.

Il s’était forcé à ne plus courir dans la partie de la forêt où il l’avait déjà croisée. Pourtant un beau jour, elle lui était tombée dessus ; on aurait pu croire que c’était la chose la plus naturelle du monde et qu’ils se fréquentaient depuis des lustres. Elle l’avait accompagné dans sa galopade et avait semblé prête à tout pour le connaître. Son intérêt l’avait désarçonné et mis mal à l’aise – comme elle le lui avait dit : les elfes ne cherchaient pas les nymphes et les nymphes ne cherchaient pas les elfes.

Amras s’était échiné à l’éviter. Hélas, elle l’avait retrouvé. Puis elle l’avait suivi à d’autres moments, avide d’en apprendre davantage sur lui.

Au départ, les rencontres qu’elle provoquait l’avaient agacé. Il n’avait répondu à ses multiples questions que contraint et forcé, d’autant plus énervé lorsqu’il devinait que son attitude l’amusait. Malgré ses efforts, il n’était pas arrivé à se débarrasser d’elle. Il avait été obligé de s’assurer que personne ne les épierait, honteux à l’idée qu’on le surprenne à frayer avec elle et terrifié quant à ce que dirait la Sage si elle les découvrait ensemble.

Mais au fil des ans, Amras s’était étonné de constater que sa présence lui manquait les jours où elle le laissait en paix, qu’il attendait sa venue avec impatience. Sous ses manières hautaines, il avait fini par déceler une personnalité douce, drôle et pleine de ressources. Ses préjugés s’étaient effondrés. Il avait commencé à prolonger leurs rencontres, à lui poser plus de questions qu’elle n’en posait. Jusqu’au jour, des années plus tard, où il s’était rendu compte avec effarement qu’il l’aimait comme jamais il ne pourrait aimer une elfe.

S’il fermait les yeux, Amras visualisait le jour où il s’était déclaré.


Je me rappelle…

L’atmosphère était calme, l’aube chassait la lune. Les premiers rayons du soleil apportaient un air de joie dans la forêt, qui ne pénétrait pas le cœur d’Amras. Le regard au loin, perdu dans ses méditations, il ne remarquait pas ce qui l’environnait ; de l’astre du jour grimpant dans le ciel à l’escargot qui portait une perle de rosée sur sa coquille et se traînait devant lui, rien n’avait d’importance. Une unique réflexion occupait son esprit. Il aimait Caragh.

Il l’aimait.

Lui, un elfe, s’était épris d’une nymphe... Pire, il se sentait prêt à braver tous les interdits afin d’être à ses côtés. Au diable que leur union soit méprisée de leurs deux peuples ! Au diable ce que penseraient son oncle et Erline ! Il ne voyait plus qu’elle et était bien décidé à le lui dire, malgré son angoisse grandissante.

Assis sur de la mousse tendre, il patientait. Il était certain qu’elle viendrait. Elle le dénichait toujours, où qu’il soit.

Son amie émergea d’entre deux troncs, jolie tel le jour. Elle l’eut à peine observé qu’elle lui demanda la cause de ses tourments – Amras ne connaissait aucun être qui surpassait son empathie ! Toutes les belles paroles qu’il avait songé à lui déclarer s’envolèrent de son esprit. L’essentiel seul resta :

— Je t’aime.

Caragh le gratifia d’un sourire amusé, pas le moins du monde surprise par son aveu.

— Tu dois m’aimer tristement pour grimacer ainsi ! le rabroua-t-elle.

Amras ne se rendit compte de la tête qu’il tirait qu’en entendant son rire résonner parmi les arbres.

— Tu n’es pas… choquée ?

— Pourquoi le serais-je ? J’étais déjà au courant !

— Tu étais au courant, répéta-t-il, abasourdi.

Guillerette, elle acquiesça.

— Je l’ai su dès que tu as touché mon foyer. J’attendais juste que tu le réalises.

— Tu attendais ?

Amras ne comprenait plus rien !

— Évidemment. Je voulais que ce jour survienne avant de te le dire.

— Me… me dire quoi ?

— Que je t’aime, idiot !

Il n’eut pas le loisir de lui répondre. Caragh lui sauta au cou et l’embrassa.


L’elfe sourit. Après ça, leurs rencontres s’étaient révélées plus régulières, même s’ils n’avaient pas osé l’avouer aux leurs. Une crainte justifiée : à partir du jour où l’oncle d’Amras les avait découverts enlacés, ils n’avaient plus été considérés comme membre de l’une ou l’autre des deux grandes familles.

L’épreuve les avait rapprochés. Amras avait élu domicile dans la clairière la moins éloignée de l’arbre-cœur de sa compagne, qui n’y avait dormi que lorsque le besoin s’en ressentait. Caragh s’était fait un devoir de rester auprès de lui le plus de nuits possible. Si elle n’avait pas de famille, elle avait conscience que ce n’était pas son cas. Il ne lui en avait pas parlé, mais elle avait réussi à percevoir sa tristesse.

Nombre d’années s’étaient écoulées sans que le moindre malheur vienne entacher leur ivresse. Puis les premiers hommes étaient apparus. À l’époque, nul n’en avait jamais aperçu de ce côté du continent, et aussi bien les elfes que les nymphes avaient considéré leur arrivée aux abords de la forêt avec méfiance.

Les premières décennies de cohabitation s’étaient pourtant déroulées à merveille. Les humains étaient des créatures aveugles ; ils ne soupçonnaient pas l’existence de leurs voisins. Excepté deux ou trois désagréments, ils n’avaient pas dérangé le quotidien des deux peuples et les ans avaient poursuivi leur œuvre.

Les premiers soucis étaient survenus lorsque les mortels s’étaient rendu compte que leur environnement abritait moult animaux. La chasse avait été un véritable fléau. La mort avait déséquilibré le calme de leur paradis, Amras s’en souvenait avec douleur. Impuissants, Caragh et lui avaient regardé leurs clans être de plus en plus désemparés et chercher à expulser les intrus de leur terre. Hélas, les envahisseurs s’étaient montrés insensibles à chaque signe qu’ils leur avaient envoyé. Pire, ils s’étaient arrogé le droit de couper leur bois afin de bâtir d’horribles maisons.

Par moments, les deux amoureux avaient souhaité agir. Néanmoins, en colère contre leur famille, ils se l’étaient interdit. Ils avaient privilégié leur paix à eux, prêts à s’accommoder de n’importe quelle situation tant qu’on ne les empêchait pas d’être ensemble. Durant un temps, tout avait été pour le mieux.

Ensuite…


Je me rappelle…

Le soleil était levé depuis des heures lorsqu’Amras s’éveilla. Sans ouvrir les yeux, il sentit que quelque chose n’allait pas ; un drôle de sentiment le tenaillait. Il eut envie d’en parler à Caragh et s’inquiéta de ne pas percevoir sa chaleur contre lui. D’un mouvement, il se redressa, les paupières relevées. Elle n’était pas à ses côtés !

Il la chercha aux alentours, mais n’en vit aucune trace. Il comprenait désormais d’où lui venait son sentiment.

— Caragh ? l’appela-t-il, alarmé.

Seul le bruissement de la forêt lui répondit.

Il ne sut d’abord de quelle façon agir. Il y avait tellement d’années qu’elle partageait ses nuits qu’il s’en trouvait désemparé. Elle était tout ce qu’il avait. Son existence entière se résumait à son sourire et à ses yeux rieurs. Puis l’idée qu’elle soit retournée à son arbre-cœur lui effleura l’esprit et il s’y précipita.

Son cœur manqua s’arrêter. Hormis un reliquat de tronc à la racine des arbres qu’il avait si souvent contemplés, il ne restait rien. L’Homme était venu et avait emporté la vie sur son passage.

Amras ne parvint pas à contenir ses larmes et courut vers la souche de l’abri de son aimée. L’inquiétude débordait de son être ; elle lui lacérait l’estomac. Il tomba au pied de l’ancien feuillu et posa sa main dessus. La souffrance de l’arbre le submergea, mais il l’ignora, anéanti par ce qu’il ne percevait pas. L’essence de Caragh s’était évaporée ! De son amour, il ne subsistait rien.

— Non… Non !

La dure réalité l’étouffait.

— Caragh ! cria-t-il.

Il hurla son prénom à maintes reprises pendant des jours, incapable de se résoudre à sa perte. Toutefois, lorsqu’Erline, peinée par son affliction, le força à quitter les lieux, Amras dut se rendre à l’évidence : Caragh avait disparu avec son arbre-cœur.


De nouvelles larmes ruisselèrent sur ses joues. Depuis la tragédie, son quotidien n’était qu’une succession de jours plus douloureux et ternes les uns que les autres. Sa moitié lui manquait. Elle lui manquerait à jamais.

Amras observa derechef le banc devant lui. Le destin était si cruel ! Maintenant que les mortels s’étaient approprié l’entièreté de la forêt, que celle-ci jadis belle et luxuriante n’était plus qu’un parc abandonné au milieu d’une civilisation qui le dépassait, il fallait que cette relique vienne le narguer et lui enfonce un couteau supplémentaire dans le cœur.

L’elfe avait ressenti la présence de son adorée tandis que les humains l’installaient. De l’arbre-cœur de Caragh, il ne demeurait que ces planches. Sa gorge se serra ; seul l’espoir que la nymphe rentrerait un jour chez eux, libérée du bois coupé, lui avait permis d’avancer. Il avait voulu y croire. Baisser les bras aurait été trahir l’amour qu’elle avait pour lui. Et voilà que cet espoir aussi lui était arraché. Caragh n’était plus qu’un souvenir coincé entre deux couches de vernis.

Telle une ombre, Amras s’en approcha.

— Caragh…

S’il fermait les yeux, il lui semblait entendre la chanson de son arbre-cœur. Cependant, il savait qu’il ne s’agissait que d’un tour de son esprit. Son âme sœur l’avait quitté, morte avec son foyer. Après maintes années de vaines attentes, l’apparition du banc lui offrait enfin l’opportunité d’accepter la triste vérité.

Amras réalisa qu’il avait assez patienté. Il était temps de rejoindre sa douce Caragh. Il ne lui restait qu’une dernière chose à accomplir.

Il sortit le couteau que son oncle lui avait légué à l’époque où il pensait qu’un membre du clan adverse tenterait de s’en prendre à lui lorsqu’il courait, et se pencha vers l’ancien feuillu. Il entreprit d’y graver un symbole dans la langue de la forêt ; un symbole unique, mélange du nom de son aimée et du sien.

Avant de partir, Amras désirait prouver aux survivants de leurs peuples que leur union avait existé, qu’elle avait été possible. Par son geste, il souhaitait honorer ce qui demeurait de l’arbre-cœur, lui offrir une ultime réminiscence de l’être qu’il avait si bien protégée jusqu’à sa fin.

Lorsque cela fut fait, il utilisa le même couteau pour mettre un terme à sa solitude.


Je me rappelle… que rien ne peut réellement séparer deux cœurs qui s’aiment.

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