Chapitre 65 (FIN)

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Cassandre trouva Olympe à l'extérieur de la salle. La jeune femme avait observé la danse avec son capitaine ainsi que ses lèvres qui avaient tremblé, encore et encore pour se libérer des espoirs que son amie avait fondé dans leurs retrouvailles.

— Ça va aller ma poule ! J'ai confiance.

Dans les bras de son amie, Olympe laissa la tristesse la quitter pendant de longues minutes, le corps submergé par le chagrin, l'esprit dépassé par la nostalgie.

Attendre c'est mourir.

Olympe s'était promis de vivre. Pour elle, pour tous ceux qui n'avaient plus la chance de le faire. Louis, Coralie, Jeanne, Margaux, Adrien, Thomas et tous les autres. Ne pas attendre l'inaccessible. Elle repensa à la Olympe perdue et endeuillée qui n'espérait jamais pouvoir aimer à nouveau. Un sourire inonda son visage. La vie lui offrait ce beau cadeau. L'amour avait réparé son coeur. L'amour d'un homme, de son corps, de sa confiance. L'amour de ses amis, de sa famille. L'amour était partout, encore fallait-il s'ouvrir pour le voir et en profiter.

— Tu es une femme forte, une putain de guerrière. Tu vas affronter ça. Rends moi fière.

Cassandre s'éloigna et invita Olympe à se placer à côté d'elle.

— Fais comme moi : JE SUIS UNE GUERRIERE !

Elle hurlait de toutes ses forces.

— JE SUIS UNE GUERRIERE !

Vas-y !

— JE VAIS ME BATTRE !

— JE VAIS ME BATTRE !

Oh oui, et tu sais si bien le faire.

— JE VAIS ME RENDRE HEUREUSE ET QUELQU'UN M'AIMERA POUR CA. !

— JE VAIS ME RENDRE HEUREUSE ET QUELQU'UN M'AIMERA POUR CA !

Bordel que c'est bon de tout sortir.

— JE M'AIME !

— BIEN SUR QUE JE M'AIME !

Des rires tonitruants inondèrent l'air. Olympe sécha ses larmes tandis que Cassandre fit sauter le bouchon d'une bouteille de champagne. Crier, hurler, s'égosiller, déverser et pleurer pour laisser couler. Olympe en avait besoin et Cassandre était là pour le lui permettre.

Le mariage évolua mieux qu'elle ne l'espérait. Elle dansa avec Loïc ou Florian une bonne partie de la soirée. Antoine et Sven apportèrent quelques shots de vodka glacés sur la piste de danse au moment où Save the World de Swedish House Mafia envahissait la salle. Tous les vétérans se regroupèrent.

— Va le chercher, dit Hugo à l'oreille d'Olympe.

Guillaume la regardait.

— Non. Je pense que s'il voulait nous rejoindre, il l'aurait déjà fait.

Vivre pour soi. Ne plus attendre. La leçon rentrait vite. Comme si son esprit ne se languissait que de cela pour se libérer. Tout le monde se tenait par la taille et dansait en rond. Les voyant regroupés ainsi, Olympe regrettait l'absence de Gaëlle et de Marceau... Aucune nouvelle, rien. Silence glaçant de deux êtres torturés par la guerre et les décisions qu'elle leur avait incombé. Le groupe, sa famille, aurait, ainsi, été au complet. Un à un, ils passèrent au centre du cercle et dansèrent sous les acclamations de leurs anciens coéquipiers. Olympe exultait, l'alcool lui montait à la tête, le rythme l'entraînait et le bonheur l'envahissait. Ils étaient tout ce qui comptaient. Yvanka, si belle, si désirable, réalisait-elle à quel point Florian la dévorait du regard ? Pouvait-elle voir le sourire fier de sa soeur de coeur, Lola ? Pouvait-elle percevoir la puissance dans ses gestes ? Oui, cette femme allait de l'avant. Pourquoi pas elle ? Qu'avait-elle vécu ? Le deuil. La guerre. Mais quelle chance avait-elle ? D'être en vie.

La musique baissa. L'heure pour Cassandre d'offrir son cadeau aux jeunes mariés. Elle attrapa sa guitare et s'installa sur une chaise au centre de la piste. Freed from Desire, de Gala revisité par la voix suave venue des îles de cette femme charismatique. La tonalité mélancolique accompagnée des violonistes qui apparurent soudain en marchant dans toute la pièce coupa le souffle d'Olympe. Solange pleurait, Justine aussi, toutes deux blotties dans les bras de leur précieux trésor. Yvanka ? Pudique, elle s'était installée près de Florian et avait posé sa tête sur son épaule. Rien d'autre. Cet homme ne voulait rien d'autre qu'un geste. Le voilà.

L'ancienne lieutenant s'assit près de son amie devenue chanteuse pour quelques minutes et balaya la pièce du regard. Antoine et Justine, enlacés autour du corps de Jeanne. Pénélope, blottie contre le torse de Guillaume, là où jadis, elle-même avait aimé y poser la tête. Félix et Lola, tendrement amoureux. Et Sven, profitant de cette parenthèse enchantée avec la soeur de Solange. Tout ce qu'elle voyait, Olympe l'avait presque vécu : avoir été aimée d'un amour si intense et si vrai qu'il avait duré plus d'une décennie. Cette bénédiction la berçait encore tous les jours.

Enfin. La voilà la conséquence positive de son deuil. L'absence terrible et douloureuse de Louis lui permettait de réaliser à quel point il l'avait aimée. Son destin lui avait infligé le deuil. Il lui avait imposé cette guerre. Il l'avait forcée à faire face aux pertes de ses coéquipiers. Il lui avait aussi apporté la résilience dans les bras d'un homme. À présent, il lui dictait de prendre ses propres décisions. Seule, certes, mais inondée de l'amour des siens. Un long chemin l'attendait, mais elle avait la vie devant elle pour y parvenir. Elle s'adapterait, avec la force et le courage que ces quatre années lui avaient offertes. Après tout, Olympe était une guerrière !

La mélodie se termina sous les applaudissement tendres et aimants de ses amis et des autres invités. Olympe salua tout le monde. Le temps était venu de rentrer chez elle. Elle se tourna vers Guillaume et ancra une dernière fois son regard au sien. Pas de larmes, seulement une immense reconnaissance. Puis, s'adressant à nouveau à la jeune femme qui accompagnait le capitaine, elle lui précisa avoir été ravie de faire sa connaissance.

— Prends bien soin de lui s'il te plaît, il est précieux. Si je suis en vie c'est grâce à cet homme. Si nous sommes tous en vie, fit-elle en désignant sa famille, c'est grâce à lui.

— J'y veillerai sois tranquille, dit-elle en posant une main chaude sur la sienne.

Belle et gentille, bonne pioche Capitaine !

Le cœur rempli d'espoir, elle quitta la pièce. Oui, Olympe avait tout ou presque pour une vie comblée. Il aura fallu un deuil, une guerre, et deux hommes pour s'en apercevoir.

FIN

Voici la fin de mon bébé. Mon premier roman.

Un immense merci pour l'aide de chacun(e). Grâce à vous, tant d'améliorations.

Grâce à vous, un peu de fierté pour ce petit plaisir d'écriture.

Certains sujets, volontairement en suspens, trouveront avec le temps une suite.

Pour cela, place aux rêves et à l'imaginaire sans limites.

Au plaisir de vous retrouver lorsque je me lancerai :)

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