Le petit champignon d’or et d’argent regardait, ses deux yeux ronds bien ouverts, les créatures enchanteresses qui défilaient entre les arbres, et ondulaient avec grâce de l’eau dans la végétation où ils se perdaient. Elles étaient hautes, blanches, nimbée de lumière, un linceul opalin qui flottait comme une robe au vent.

 Ces rondeurs lui firent penser à de ravissantes baies géantes, si bien qu’il en eût l’eau à la bouche. L’alléchant parfum qui se dégageait d’elles n’en fit que gronder son estomac affamé. Afin de le faire taire, sa maman – qui connaissait bien son petit – lui fit remplir l’estomac de diverses choses bonnes à son développement.

 Lorsque les étranges créatures s’en furent allé, elle décida de se planter dans le sol, entre les fougères, les talus et les amas de branches mortes et de mousses vertes. Là, elle usa d’une technique qu’elle avait apprise d’une femelle dans la clairière aux champignons. Elle sécréta une légère dose de nectar sucré au grand ravissement de son bébé qui en adorait le goût, au point qu’elle fut contrainte de le retirer de son chapeau et de le garder solidement enfermé dans la prison de ses racines.

 Le petit se débattit pour aller manger. Mais il n’y avait que lui qui aimait le nectar de sa maman. Les insectes aussi. Si bien qu’après quelques minutes, elle en eût le chapeau entièrement recouvert de moucherons et d’autres bestioles engluées.

 Une nouvelle technique de chasse intéressante, mais dangereuse, car d’autres voraces furent attirées, en cette saison où elles sont actives.

 Elles chantèrent. « Ahuhuhu. »