Hiver

2 minutes de lecture

    Un épais rideau de neige tombait lentement entre les branches scintillantes des arbres endormis. La vie allait au ralenti, paisible et silencieuse. Seuls les éternels annonciateurs de l’hiver devaient errer sur ces terres qu’importe le vent et le froid. Ils étaient les papillons blancs.

    Seulement, une ombre arpentait encore ces lieux gelés, perchée sur une large branche en haut d’un orme, un champignon d’or intrépide admirait le ballet incessant au sommet de la cime. Bien que la beauté du spectacle le ravissait, son cœur, lui, périssait lentement de chagrin. Il était resté longtemps endormi dans ce terrier trop grand pour lui. Ses pensées pleines de ce petit. Et, plus le temps passait, plus la douleur grandissait. Il était sortit hors de son refuge hivernal afin d’oublier cette souffrance. Mais ce faisant, il s’était condamné à une mort inexorable. Car, incapable de se nourrir ou de se préserver du froid, il finira par devenir une statue de glace.

    Il profitait de ces derniers instants. C’est alors qu’il remarqua une étrange forme en contre-bas. Une créature de grande taille allongée dans la neige. La curiosité le piqua. Maintenant qu’il savait sa fin immuable : il n’avait plus peur. Il descendit le long du tronc et se fraya un chemin jusqu’à la bête endormie : une autre victime de l’hiver qui n’eut pas le temps de rejoindre un abri.

    Le champignon grimpa sur son corps et y découvrit une fourrure des plus surprenantes, souple et dure à la fois. Il tâtonna le buste et étira un œil vers le visage rougit de la bête. Étrangement, elle n’avait pas de pelage à cet endroit. Il remarqua, aussi, une ouverture dans ce dernier, près de la gorge, comme si elle le perdait.

    Le champignon décida de s’y aventurer : il rentra sous le pelage, glissa sur une peau lisse et chaude, entre deux masses molles soulever par une respiration difficile. L’endroit était plus confortable que son terrier. Il y était bien serré comme il aimait l’être. Il savait cette entreprise risquée – la créature n’était pas encore morte. Cependant, il voulait finir ces derniers moments dans la chaleur qui lui tenait tant à cœur.

    Il commençait à s’endormir lorsque soudain un cri terrifiant fit vibrer tout son être. Un monstre approchait. L’écho de son hurlement porta plus loin que le champignon n'aurait pu aller. Ce chant funeste provoqua un sursaut de la créature dans laquelle il se trouvait. Elle se redressa après une profonde et subite inspiration qui le comprima contre son pelage. Un nouveau cri strident la fit s’enfuir à toute allure.

    Le champignon se recroquevilla sur lui-même. La créature ne s’arrêtait pas, le souffle haletant, le pas titubant. Il pouvait sentir son cœur battre aussi vite que le sien. Elle était terrifiée.

    Une subite secousse le fit glisser le long de son ventre alors qu'elle s'étalait au sol, et l'écrasa de tout son poids. La pression et la douleur qu’il ressentit lui firent sécréter son précieux nectar et la faiblesse que cela lui engendra le fit sombrer dans une froide inconscience.

    Lorsque les pas lourds et lents du monstre plus haut qu’un arbre s’approchèrent, faisant tomber la neige des branches et craquer le sol sous eux, une odeur douceâtre et sucrée se répandit dans l’air. La bête effrayée se retourna face au titan qui la dominait maintenant de toute sa hauteur. Ce dernier huma longuement le parfum de son large museau. Mais il n’était pas le seul à l’avoir sentit. Loin de là.

    Un chant résonna dans les ombres de la forêt enneigée :

    « Ahuhuhu. »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire La Noiraude ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0