La dynamique des verres à pied

Une minute de lecture

Le vin pétillait dans les verres et dans les yeux, faisant disparaître le « méta » de nos esprits métaphysiques.

 

C’était un divin bourgogne, fruité, légèrement frais, qui éblouissait tant nos muqueuses que nous avions déjà rangé un certain nombre de flacons à la section des bouteilles vides.

 

Jean-Pierre, plus que les autres, buvait tel un abîme. Il appréciait le nectar, certes à petites gorgées, mais à des intervalles effroyablement rapprochés et à des doses sans rapport avec la doctrine homéopathique.

 

Bernard, que le béatifiant liquide lançait toujours sur la voie de la réflexion, lui demanda :

 

- Vos verres à pieds sont-ils dynamiques, mon cher Jean-Pierre ?

 

La question plongea Jean-Pierre dans le baquet du très vif étonnement.

 

- Si mes verres à pieds sont dynamiques ! ? Qu’entendez-vous par là, mon cher Bernard ?

 

- J’entends le glassharmonica de Benjamin Franklin, ou mieux, le mattauphone de Joseph Mattau.

 

- ……

 

- Ecoutez, c’est bien beau d’avoir des verres à pieds, mais encore faut-il les faire chanter de temps en temps…

 

- Que me chantez-vous là ?

 

- Vous semblez ignorer qu’il existe des verres à pieds ternes, mous, flasques et ennuyeux et d’autres, dynamiques. D’où la théorie bien connue de la dynamique des verres à pied.

 

Jean-Pierre regarda Bernard comme un nombre premier qui s’afficherait tout d’un coup avec une virgule.

 

- J’ai beaucoup étudié ces derniers temps le chaudron du Dagda, le Saint Graal et le Ciboire, poursuivit Bernard qui était passé aux digestifs et que l’eau-de-vie rendait capable de trancher par troupeaux les nœuds gordiens les plus inextricables, et bien…

 

- Et bien « rien du tout », coupa Jean-Pierre. Apprenez, jeune homme, que ce qui fait la dynamique du verre à pied est ce que l’on met dedans et qu’il vaut mieux prendre son pied avec un verre que de prendre un verre avec son pied…

 

Bernard glissa tout doucement sous la table, ce que les autres considérèrent comme une conduite, somme toute, normale. Bernard glissait toujours sous la table à un moment ou à un autre.

 

Jean-Pierre pencha la tête et regarda le dormeur.

 

- Ah oui ! Elle est belle la dynamique des verres à pieds, grinça-t-il.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Oncle Dan ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0