Le téléphone sonne

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Voilà, le pas est franchi. L'instant le plus long de sa vie a commencé, le dernier aussi.

Comment en est-il arrivé là ?

Dans les premiers instants la surprise a balayé tous ses sentiments. Que s'est-il passé ? Il n'a rien compris, mais il n'est pas homme à se poser des questions. Alors, il s'en réjouit : « Enfin seul ! ». Depuis des mois il ne s'en sortait plus. Il venait de divorcer et sa femme lui avait tout pris, même les enfants pour lesquels il continuait néanmoins à payer les frais. A son travail, l'ambiance avait dégénéré depuis qu'un nouveau chef d'équipe avait remplacé son cher Sébastien décédé subitement dans un accident de voiture. Notre homme se sentait démuni et submergé par les soucis du quotidien. Son rêve à lui, c'était d'écrire le roman dont il avait eu l'idée dans sa jeunesse, avant même de se marier. Et depuis, sa vie avait été engloutie dans un tourbillons d’événements quotidiens : le travail qui ne paie pas assez, les enfants qu'il faut nourrir et habiller, l'appartement à rembourser… Il n'avait pas levé la tête jusqu'au départ de sa femme. Ensuite, un peu de temps libre et de paix ? Pas du tout. Il avait fallu continuer de plus belle, avec les frais du divorce et le dépouillement consécutif dans sa vie .

Quand ce qu'il avait fini par appeler « la fin du monde » arriva, il était au plus bas, moral à zéro.

Il visita le quartier, marcha même au-delà : personne. Les gens avaient tous disparus !

Il ne pouvait pas y croire. Il se rendit au supermarché : il était ouvert, et désert. Il se servit de quelques denrées : il avait faim. Et rentra chez lui.

Le bonheur ! Personne pour l'ennuyer, il allait pouvoir écrire son livre tranquillement.

Il se mit au travail. Il écrivait sur son ordinateur, allait se promener et profiter de tous les services de la ville gratuitement. La piscine municipale était ouverte, la bibliothèque aussi. Il alla se passer les films au cinéma et se débrouilla pour profiter des bars en libre-service.

Il se sentait enfin heureux : soulagé et libre.

Au bout d'un moment les jours rallongèrent, la solitude l'avait rattrapé. Il finit d'écrire son livre. Ce fut un peu bâclé car de toute façon, personne ne le lirait jamais.

Il était monté, un soir de pleine lune, sur le toit de son immeuble et avait sauté dans le vide.

En tombant, il passa devant une fenêtre du deuxième étage : un millième de seconde avant la chute fatale, il entendit sonner le téléphone.

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