CHAPITRE 46 : Enfin en sécurité…

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Perdus dans le labyrinthe de couloirs du croiseur d’Atlan, Tiana et les siens ne savaient plus comment retrouver la trace de leur vaisseau. Ils étaient également ralentis par le poids de Daniels sur les épaules des deux concubines. Sarina et Alistair quant à eux, ouvraient et fermaient respectivement la marche, veillant à ne pas être débordés par quel que côté que ce soit.

— Dans quelle direction m’as-tu dit que ça se trouvait ? demanda la Synthétique.
— En bas, au pont quinze. Mais on a pas mal tourné avant de vous trouver. expliqua Fry.

Un sifflement caractéristique de la présence de l’un des monstres résonna à proximité. L'ancienne militaire échangea un regard avec ses amis et, d’un geste, ordonna de faire silence. Quand soudain un militaire allié fut catapulté devant eux ; un Charognard lui sauta à la gorge, ces crocs lacérant le visage de l’homme. Ne supportant pas de voir un spectacle pareil, la Capitaine acheva l’homme d’un tir de blaster tandis que Sarina faisait feu sur la créature qui se liquéfia aussitôt sur le sol.

C’est alors qu’Alistair s’exclama :

— Rappelez-moi, ma chère, de ne jamais venir vous contrarier. Et par ailleurs, j’aimerais, si vous me le permettez, examiner cette arme.

La jeune femme se retourna vers le médecin et, l’arme toujours fumante, répondit en souriant :

— Avec plaisir, Docteur. Vous pourrez peut-être même demander de l’aide à Jack pour l’améliorer.
— Décidément, on ne vous sépare plus, n’est-ce pas ? s’esclaffa Seilah.

L’artilleur, qui était toutefois conscient, grogna en entendant la remarque de la Demoréenne, mais songea qu’elle n’avait pas tort. Il allait lui répondre quand il reconnut la zone dans laquelle ils étaient :

— Là ! Je reconnais ça. Je suis passé devant en venant te chercher. articula-t-il à grand peine à l’intention de Sarina.

— Vraiment ? On va où alors Jack ? s’exclama Tiana.
— On est au pont six. Ce qui signifie que tu vas devoir me lâcher ici, Boss. Je pourrai pas atteindre le Charon d’ici. Pas dans mon état. expliqua-t-il, fataliste.

Voyant son artilleur abandonner si facilement, la Capitaine soupira et, avec Seilah, le déposa contre un mur. Puis elle se releva avant de le toiser avec une profonde déception :

— Franchement, Daniels, je pensais que tu me connaissais mieux que ça depuis le temps.

L’artilleur haussa un sourcil interrogateur tandis que Fry sortait son communicateur :

— Jack, chez moi, on abandonne personne.

Puis elle appela son pilote qui répondit presque aussitôt :

— Ash. On est bloqué au pont six. Tu crois que tu pourrais nous extraire de là ?
— Bien compris, Boss. On est là dans quelques minutes.

Les longues minutes pendant lesquelles ils durent attendre leur parurent être des heures. Quand soudain un large et épais cylindre métallique se décrocha du mur et s’abattit bruyamment sur le sol du couloir. De l’autre côté de l’ouverture, l’équipe put distinguer les traits d’Ethan qui venait à leur rencontre. Il prit instantanément sa soeur dans ses bras :

— Tu n’imagines pas à quel point on a eu peur. lui déclara-t-il dans un murmure.

— Je sais.
— Ne refais plus jamais ça, d’accord ?

La jeune femme sourit quand elle nota que son demi-frère frissonnait à l’idée de se retrouver dans une situation similaire.

— C’est promis. assura la Synthétique.

Puis, voyant que la fratrie ne semblait pas vouloir se lâcher, Tiana Fry se racla la gorge, et, croisant son regard, Ethan coupa brusquement les embrassades.

— Bon, on se dépêche, il faut pas qu’on reste plus longtemps. déclara la Capitaine.

La jeune femme hocha la tête et se fit signe à Alistair de monter à bord du Charon avec son patient. Puis elle fit passer sa compagne derrière elle et Ethan ferma enfin la marche, ne laissant plus que Sarina et elle, dos à dos.

— Il reste plus que nous. annonça-t-elle.
— Après vous, Capitaine. Les Charognards ne m’attaqueront pas.

Tiana s’engagea alors à travers le sas menant à son précieux vaisseau et, sitôt après, entendit le bruit de la lourde écoutille. L’ancien Sergent se précipita ensuite sur la passerelle, près de son pilote toujours aux commandes du Charon.

— Ça va ? Tu l’as retrouvée ?
— Oui, Tooms. Ta soeur est saine et sauve.

Le timonier soupira de soulagement tandis que Tiana lui ordonnait de foncer droit dans la tempête spatiale qui faisait rage autour d’eux : partout des vaisseaux Charognards avaient abordé les vaisseaux du blocus d’Atlan et un peu partout des explosions silencieuses apparaissaient en lieu des croiseurs. À chaque instant, le cargo essayait d’éviter les débris spatiaux, ne sachant réellement quelle nef allait être réduite à l’état d’épave ; un signal sonore résonna dans le cockpit du Charon et avertit Tiana et Tooms que quelqu’un essayait de les contacter. Il s’agissait là de Byron, qui était de retour à bord de son destroyer :

— Alors Fry, tu as besoin d’un coup de main ? demanda-t-il.
— Comment as-tu deviné ? répliqua Fry.
— Dans ce cas, on considérera que c’est toi qui m’en devra une.

— Vendu. Maintenant aide-nous à sortir de là et on file sur Gamma Hydra III. La première tournée est pour moi ! s’exclama l’ancienne militaire tandis que le Capitaine du Peacemaker donnait l’ordre à ses artilleurs, Omal et Arsh, de réduire en poussière les vaisseaux qui bouchaient le passage du Charon.

Le destroyer se mit alors en position pour faire feu, créant une voie toute tracée pour que le cargo s’échappe de la bataille sans merci entre l’Alliance et les Charognards. Les débris spatiaux furent rapidement réduits en de simples nuisances ridicules pour les boucliers énergétiques du Charon, alors gonflés à bloc, et bientôt le Charon fut arrivé en lisière des combats.

— On se retrouve de l’autre côté, n’est-ce pas, Fry ?
— Bien sûr. J’honore toujours mes dettes ; tu le sais, Byron. répondit l’intéressée tandis que Tooms et Zee lançaient le moteur supraluminique de leurs vaisseaux respectifs.

* * *

Quelques jours plus tard, les deux embarcations stellaires se retrouvèrent amarrées au spatioport de Gamma Hydra III. Profitant d’un repos bien mérité, Fry était descendue dans l’un des clubs les plus huppés des beaux quartiers avec certains de ses amis, nommément Mei, Ethan, Jack et Sarina ainsi que Byron et Zee. Bien que la dernière ait regretté l’absence du pilote du Charon, l’ambiance générale était des plus légères.

Tandis que la soirée battait son plein, la Capitaine était partie chercher quelque chose afin d’humidifier sa gorge, alors plus sèche que les dunes de sable de Demora. Soudain, elle crut voir une ombre dans un coin. Au départ, elle pensa qu’il s’agissait d’un simple effet de lumière, mais plus elle y pensait, plus elle avait la nette impression que quelqu’un la surveillait ; et si c’était le cas, cette personne ne voulait absolument pas être vue.

Instinctivement, elle porta sa main à son holster, pour remarquer aussitôt qu’il était vide : la règle dans ce club était de déposer toute arme dans un casier prévu à cet effet, à l’entrée. La Capitaine n’osa pas quitter l’endroit où elle pensait avoir vu cette ombre ; si bien que lorsqu’elle sentit une main lui tapoter l’épaule, elle l’attrapa et plaqua brutalement la tête de l’inconnu sur le bar. Elle constata avec effroi qu’il s’agissait en réalité de Marlin Barnes. Horrifiée par ce qu’elle venait de faire et sous le regard désapprobateur du barman, Fry porta une main à sa bouche :

— Moi aussi, je suis content de te voir, Tiana. déclara le jeune homme.

Reprenant son souffle après sa surprise, la jeune femme ne put retenir un juron :

— Merde, Marlin ! Tu imagines pas à quel point tu m’as fait peur !
— Maintenant si. Et je pense savoir pourquoi : Terra.

L’informateur fit signe à Fry de le suivre vers un endroit plus calme, dans le fond du bâtiment. Devant l’air interloqué de la Capitaine, il expliqua :

— La chance quand tu possèdes autant d’influence que moi sur une planète entière, c’est qu’on te laisse entrer à peu près partout où tu le souhaites. déclara-t-il tandis qu’un videur leur permettait d’accéder à une table réservée.

— Je dois comprendre quoi ? demanda Fry intriguée par les propos de l’informateur qu’elle savait nullement dénués de sens.
— Stokes. répondit platement Barnes. Il ne va jamais enlever ce mandat d’arrêt que vous avez tous à votre encontre. Si vous n’avez pas encore été tous jetés en prison, c’est uniquement parce que je vous ai donné quelques jours d’avance et que les forces de l’ordre ici, j’en fais ce que je veux...
— … et je t’en remercie. Mais tu veux que moi, Tiana Fry, j'aille confronter cette ordure de Stokes chez lui ? Non, mais tu es dingue ou quoi ? Et même si c’était possible, comment est-ce que tu voudrais que je fasse ? Vlad est intouchable.

L’informateur émit un petit rire tandis qu’à nouveau Tiana était intriguée. Vlad Stokes ne serait-il plus si inaccessible que ça ?

— D’accord, admettons que j’accepte, pourquoi est-ce que j’accepterais de faire ça ? reprit Fry.
— À cause d’eux. répondit Marlin en désignant les quatre membres de son équipage qui discutaient bruyamment avec le couple composé de Byron Larck et Zee.

Tiana tourna la tête et comprit également que Barnes pensait d’abord à Sarina Rem, qu’il savait Synthétique, ainsi qu’à son frère Ethan. Elle revint alors brusquement vers Marlin qui, devant l’air déterminé de Fry, comprit qu’elle acceptait :

— D’accord. Je vais le faire. Mais comment je le fais céder ?

* * *

Plusieurs heures après la soirée pendant laquelle Marlin avait expliqué son plan à Tiana, l’informateur était resté seul avec son verre d’alcool, à se demander si oui ou non, il avait pris la bonne décision. En effet, il n’avait aucune certitude quant à la réussite de la mission qu’il lui avait donnée.

Il était encore occupé à réfléchir quand une jeune femme aborda Barnes :

— Te revoilà encore à boire tout seul, Marlin Barnes. Tu n’as donc pas honte ?

— Et bien joins-toi donc à moi, très chère Deleria.

— Avec plaisir.

La jeune femme retira le capuchon de son manteau noir pour dévoiler une sombre chevelure bouclée qui enserrait un visage d’une pâleur presque cadavérique. La dénommée Deleria s’assit et se remplit un verre avant de le boire d’une traite.

Puis, elle reprit la discussion :

— Tu crois qu’elle va le faire ?
— Je pense que c’est plutôt à toi de me le dire, Deleria. Tu l’as déjà vue à l’oeuvre. Tu sais donc mieux que moi de quoi elle est capable. D’ailleurs, je me demande si elle t’a vue… Juste avant qu’elle m’écrase la joue contre ce bar…

La femme se mit alors à rire.

— Ne t’inquiète donc pas. Si je l’ai choisie elle, c’est bien parce que je savais qu’en l’envoyant, elle mettrait toute l’Alliance sur la défensive, et c’est ce qu’il s’est passé. Et non, je ne pense pas qu’elle m’ait vue.

— Je l’espère vraiment… déclara alors Marlin Barnes en se resservant un verre.

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