8 - Entrainement illégal (2/2)

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Ainsi, ils laissèrent Eugène, enfin revenu de l'infirmerie en pleine forme, ronfler tranquillement dans on lit à baldaquin et rejoignirent Enola, la grande fille aux cheveux longs et emmêlés qui les accompagnaient depuis la rentrée, au foyer.

— Quoi ? Tu ne sais pas ce que c'est que le Quidditch ?! s'indigna-t-elle après s'être présentée à Édouard, c'est le sport le plus merveilleux au monde ! Comment peut-on ignorer ça ?

— Du calme, Enola, tempéra Charles, ses parents sont des moldus.

Ils marchèrent donc discrètement dans les couloirs pour ne pas se faire repérer par les fantômes de la SOIF tout en expliquant les règles du Quidditch à Édouard.

— C'est un sport où on évolue sur des balais, expliqua Charles. Deux équipes de sept joueurs s'affrontent dans une durée indéterminée.

— Le but du jeu consiste à marquer des buts dans les cercles du camp adverse, poursuivit Enola tandis qu'ils empruntèrent un petit escalier escarpé où sa tête frôla le plafond.

— Ah ouais, comme au football ? demanda Édouard

— Comme quoi ? demanda Armand alors que Charles et Enola ne comprirent pas non plus ce qu'il venait de dire.

— Non rien, laissez tomber, fit Édouard ravi de s'apercevoir qu'il connaissait enfin quelque chose que les sorciers ignoraient. Mais, dites-moi, où est-ce qu'on va trouver des balais ? Les sixièmes n'ont pas le droit d'en avoir normalement.

— Logiquement, ils sont tous stockés dans le local de matériel de sport, à coté du bureau de Mlle Biscuit, répondit Charles, les élèves n'y ont pas accès, mais moi, ajouta-t-il avec fierté, j'ai trouvé un vieux placard à balais dans un couloir du troisième étage de l'aile Ouest. On n'a plus qu'à se servir et tout remettre en place après, ni vu ni connu.

Cette petite escapade parut beaucoup plus amusante que celle prévue par Beaufort dans les toilettes des filles. Cependant, Édouard ne cachait pas son inquiétude quant à se faire de nouveau surprendre par le chevalier sans tête, même si Armand paraissait encore plus inquiet que lui.

Ils arrivèrent enfin face à un petit casier poussiéreux capable de contenir une dizaine de balais au moins. Enola força le cadenas d'un simple coup de baguette magique qu'Édouard aurait bien voulu savoir faire. Ils prirent quatre vieux balais et s'éloignèrent le plus discrètement possible vers une sortie isolée du rez de chaussée. Ils arrivèrent finalement au stade d'entrainement plongé dans la nuit étoilée sans s'être fait remarquer, au grand soulagement d'Édouard et Armand. Lorsqu'il vit ses trois compagnons d'escapades enfourcher leurs balais, Édouard hésita, se rappelant chacune de ses tentatives ridicules pour pouvoir enfin décoller du sol durant les cours de Mlle Biscuit.

— Quelque chose ne va pas Édouard ? demanda Charles en remarquant l'attitude soudain fermée de l'apprenti sorcier.

— Je... commença-t-il, je n'y arriverai pas.

— Pourquoi tu dis ça ? demanda Enola

— Je n'ai encore jamais réussit, avoua Édouard un peu honteux, ni jeter un sort d'ailleurs. Je crois que je n'ai aucun pouvoir magique.

Pendant un instant, il crut que cette révélation allait entrainer des éclats de rire et des moqueries comme le faisaient habituellement Beaufort, Daril et les filles. Mais leur réaction fut beaucoup plus différente.

— Arrêtes de dire n'importe quoi ! Lui dit Charles, si tu n'avais pas de pouvoirs magiques, tu n'aurais pas reçus de lettre d'inscription et tu ne serais pas ici avec un balai entre les jambes !

— Tu pense ça parce que tu n'as pas encore essayé, lui fit Enola

— Si j'ai...

— Non ! coupa-t-elle sèchement, tu n'as pas essayé comme il faut !

— C'est vrai, poursuivit Armand, c'est un problème psychologique, ça arrive souvent chez les jeunes sorciers qui manquent de confiance en eux.

— Armand à raison, admit Charles, oublis Beaufort et tous ce qu'il t'a fait. Concentre-toi et ça viendra.

Édouard fut touché par les encouragements qu'il venait d'entendre. Jamais dans sa vie on ne lui avait prodigué de tels conseils. Sa mère passait son temps à lui dire qu'il était mauvais lorsqu'il ramenait ses mauvaises notes de l'école. Beaufort et les autres riaient de lui quand il agitait frénétiquement sa baguette en l'air pour faire sortir ne serait-ce qu'une petite étincelle, mais en vain. Ils se moquaient aussi de lui lorsqu'il s'acharnait à sauter sur place pour s'envoler sur son balai pendant le cours de sport magique.

Ainsi, les mots employés par Charles, Enola et Armand furent beaucoup plus rassurant et Édouard se sentit moins seul qu'il ne l'a jamais été. Son cœur battait à tout rompre, décidé, il ferma les yeux et serra le manche de son vieux balai en se concentrant du mieux qu'il put. Il sentit alors une brise fraiche et légère lui caresser le visage et lui ébouriffer les cheveux. Il entendit au loin les acclamations et les applaudissements de Charles, Enola et Armand resté au sol.

En ouvrant les yeux, il vit que ses pieds ne touchèrent plus l'herbe du stade d'entrainement et qu'il planait à vingt mètre du sol. Aucun sixième n'était encore parvenu à accomplir cet exploit lors du cours de Mlle Biscuit. Édouard ne revint pas, il éprouva une sensation de joie intense qu'il n'avait encore jamais connu, parcourir tout son corps.

C'était plus fort encore que lorsqu'il découvrit le marché des sorciers en sortant du métropolitamagie. Une sensation intense qui le poussa à serrer le manche de son balai et partir en trombe vers l'autre bout du stade. Il traversa le terrain à une vitesse folle et tourna violemment sur la gauche, toujours cramponné au balai. Il fit de nouvelles pointes rapides et fulgurantes, le vent frais de la nuit fouettant son visage. Il se sentit libre comme l'air et tellement à l'aise, sa cape noire volant comme celle d'un super héros.

Il se surprit à faire quelques cabrioles spectaculaires lorsqu'il entendit Charles et Enola hurler le nom d'Armand en contrebas. Édouard stoppa net ses acrobaties pour observer la scène et découvrir ce qui pouvait inquiéter ses camarades au sol.

Armand était suspendu dans le vide à une dizaine de mètres du sol, sa cape accrochée au manche de son balai devenu incontrôlable, tel un cheval de rodéo. Ce dernier était sur le point de tomber et de se faire très mal lorsqu'Édouard serra de nouveau le manche de son balai pour filer au secours du redoublant en difficulté. Le balai fou changeait de direction dès qu'Édouard osait s'en approcher, malmenant le pauvre Armand qui hurlait de terreur.

Édouard parvient à se saisir du bras de son camarade et put le dégager du balai. Seulement, Armand était plus lourd que le chétif Édouard et ils furent immédiatement attirés vers le bas. Édouard dût rassembler toutes ses forces pour atterrir en douceur sur l'herbe humide du stade d'entrainement. Armand se retrouva allongé au sol, le visage blanchit par la frayeur qu'il a eut tandis que Charles et Enola coururent vers eux, leur balais à la main.

— Wouah ! Édouard, qu'est-ce que tu nous as fait là ! s'enthousiasma Charles tandis qu'Édouard reprit son souffle.

— Ouai, c'était géniale ! s'exclama Enola les cheveux plus emmêlé que jamais. Ça va Armand ?

— Non d'un troll intelligent ! Des sixièmes à l'extérieur et hors du couvre feu. Cela vaut bien une retenue, voir un renvoi total ! S'éleva la voix inattendue de Pète-sec.

Le fantôme en chef du Service d'Ordre de l'Académie flottait dans les airs en se dirigeant vers eux, son habituel parchemin roulé dans sa main. Lorsqu'il arriva à leur hauteur, il le déroula et décrocha une des plumes de son chapeau avant de griffonner quelques notes.

— Voyons voir... dit-il en suçant le bout de sa plume, M. Gautier, on se connait déjà, non ? Dit-il en le fixant de ses yeux blanc et sévère. Joue avec la nourriture, discute en classe et vol sur les balais de l'école en pleine nuit ! Ça va faire beaucoup, M. Gautier. Je ne pense pas que vos parents apprécieront.

— Attendez, commença-t-il

— Ah ! coupa le fantôme, plus d'excuses, vous êtes en tort, espèce de petit veracrasse insolent !

Charles se ravisa en regardant Pète-sec d'un oeil noir.

— Mais quels autres lutins de Brocéliande avons-nous ? poursuivit-il en regardant Édouard, M. Vittel, je me demande si une nouvelle nuit dans les anciens cachots ne vous ferais pas le plus grand bien...

— Pitié, non ! supplia Édouard à genoux

Il ne voulait pas retourner dans ces maudites catacombes pour y passer une nouvelle nuit horrible.

— De la pitié ? Est-ce que mon assassin en a eu pour moi ? réfléchit-il à lui même avant de poser le regard sur Enola. Mlle Dubourg. C'est une première, félicitation. Et moi qui pensais avoir trouvé une élève modèle... Et bien M. Paillet, vous êtes aussi pâle que moi, vous avez peur de refaire une nouvelle année de sixième ici ? Rassurez-vous, on va rendre une petite visite au directeur Adjoint et vous ne serez même plus obligés de revenir étudier dans cet établissement. Allez bande de vampire buveur d'eau gazeuse, suivez-moi !

Éouard n'en revient pas. Il avait à peine réussit à voler sur un balai qu'il seraitr déjà obliger de quitter l'école dans les minutes qui vont suivre. Il marchait derrière Pète-sec qui flottait dans les airs aux cotés de Charles et Enola qui restèrent silencieux. Armand était toujours aussi pâle et ses jambes tremblantes l'empêchèrent de suivre le groupe.

— Dépêchez-vous, Paillet, ordonna Pète-sec, si je pouvais vous saisir par le col, vous seriez déjà dans le bureau du professeur Alphératz !

Armand se força à courir en gémissant afin de rejoindre ses trois compagnons d'infortune. Décidément, dès qu'il enfreignait une des règles de l'établissement, Édouard tombait soit sur un fantôme de la SOIF, soit sur Kowalsky.

Ils remontèrent le jardin en pente douce et poussèrent la porte par laquelle ils étaient sortis un peu plus tôt. Édouard allait être renvoyé après quelques semaines de cours seulement. L'humiliation ultime, pire encore que de redoubler sa sixième, selon lui. Il voyait déjà Beaufort se moquer de lui en le voyant faire ses bagages avec Charles, Enola et Armand. Il avait tout échoué, le monde magique semblait ne pas vouloir de lui. C'était la fin.

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