Chapitre 2

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Protège-moi de mon cœur…

Chapitre 2

Eylie se réveilla en sursaut lorsqu'un bruit se fit entendre et lui parvint aux oreilles. Cela faisait un moment qu'elle ne dormait que d'un seul œil, sans doute dû à la peur qu'elle ressentait depuis des semaines, des mois, des années même.

Les yeux grands ouverts, son regard se promena dans toute la chambre, jusqu'à se poser sur le meuble, dont elle s'était servi pour bloquer la porte afin d'être prévenue dans le cas où, quelqu'un viendrait à vouloir y entrer.

En effet, le voyant lentement bouger, elle se mit à paniquer, se demandant qui cela pouvait-il bien être. Sa mère ? Son père ? Les deux ?

Mieux valait prévenir que guérir selon elle. D'un bond, elle sauta hors du lit et alla se poster sur ses gardes derrière celui-ci de sorte à ce qu'il soit placé entre la porte et elle, comme obstacle contre un éventuel agresseur.

  -Eylie! Qu'as tu donc fait ?! Questionna cette voix qu'elle reconnut comme étant celle de sa mère à travers l'entrebâillement.

Malgré l'agacement qui provenait de celle-ci, la jeune femme ne put s'empêcher de lâcher un soupir de soulagement. Il s'agissait de sa mère !!!

Elle se précipita donc afin de l'aider à déplacer la commode lui permettant ainsi d'entrer dans la pièce.

  -Maman ! Cria cette dernière en se jetant à son cou. Tu es venue pour me libérer ? Je savais bien que tu ne me laisserais pas.

Elle n'eut le temps de finir sa phrase, qu'une gifle vint la prendre au dépourvu. Sous le choc, elle porta sa main à sa joue douloureuse sans pouvoir prononcer un mot.

  -Non mais te rends-tu compte de ce que tu as fais ???!!! Hurla sa mère... Et si cela n'avait pas été moi, mais ton père !!! T'imagines la colère dans laquelle tu l'aurais mis ???!!! T'es complètement inconsciente ou quoi ???!!!

Eylie crut rêver. N'était-ce pas sa mère qui devait l'être pour réagir ainsi, alors que son mari comptait aujourd'hui même, abuser de leur fille sans qu'elle ne fasse rien pour l'en empêcher ou la protéger ?

La jeune femme dut prendre sur elle pour cacher sa déception et empêcher ses larmes de couler. Elle avait beau s’être posée la question une centaine de fois, elle n'arrivait toujours pas à comprendre pourquoi sa mère agissait ainsi et refusait de la sauver de ce cauchemar.

-Je suis ta fille, pourtant. marmonna-t-elle, avant de se rendre compte qu'elle venait de penser à haute voix.

À ces mots, on se serait attendu à un changement d'attitude de la part de la mère de la jeune femme, un sentiment de compassion, du regret, voire même une profonde tristesse due à l’impuissance à pouvoir protéger sa propre fille, mais on ne vit rien de cela sur son visage.

Rien, à part une immense fureur. Puis elle lâcha un rire, un rire amer.

 -Ma fille ? Répéta-t-elle d’un ton acide. Sais-tu seulement ce que tu représentes à mes yeux ? Je vais te le dire… Sache que pour moi, tu n’es qu’une abomination issue d’un viol commis par ton père!!!

Eylie se figea sous le choque. Elle n’était pas le fruit de l’amour de ses parents comme elle aurait pu le penser, mais celui d’un acte totalement inhumain. Et le responsable n’était autre que son propre père qui à présent, comptait lui faire subir le même sort.

Son incompréhension était à son comble. Comment sa mère qui avait enduré une telle atrocité pouvait lui faire vivre cette même monstruosité.

Mais d’un côté, comment pouvait-elle lui en vouloir de ne pas protéger un enfant non désiré et naît d’un crime ?

Elle fut envahie par une profonde tristesse qui serra son coeur, pour celle qui lui a donné la vie.

“Comment a-t-elle pu supporter de me voir chaque jour alors que je devais lui rappeler ce terrible évènement ? Comment a-t-elle fait pour réussir à me sourire lorsque j’étais petite ? Se forçait-elle ? Et ses “Je t’aime”, mentait-elle ?”

Cette fois, il lui était impossible de retenir les larmes qui s’échappaient. Car celles-ci, ne lui était pas destinées. Elles étaient pour sa mère.

Elle ouvrit les bras pour enlacer celle-ci, mais fut rejetée avec tellement de force qu’elle se retrouva au sol. Sur le point de prononcer un mot, elle se ravisa en la voyant tomber à genoux plaquant ses mains sur son visage.

 -Je suis désolée, je ne peux pas. Réussit-elle à chuchoter malgré ses sanglots. Je ne peux pas te prendre dans mes bras, pas plus que je ne peux te sauver. Elle fit une pause avant d’enchaîner. J’ai dû choisir entre ta soeur et toi. Mon choix a été fait, je ne pouvais pas permettre que cette horreur arrive à Ma fille. Je devais lui éviter cela. C’était soit elle, soit toi.

À ces mots, Eylie comprit que sa mère ne l’aiderait pas. Qu’elle ne pouvait compter que sur elle-même. Elle ressentit une douleur, à la pensée que durant toutes ces années, sa mère ne l’avait sans doute jamais considérée comme étant sa fille, mais seulement comme une “abomination” et un moyen ou sacrifice lui permettant d’épargner Sa fille d’un destin aussi tragique.

Pourtant, elle aussi était de son sang et sa chair. Elle n’avait pas demandé à venir au monde, ni choisi de devenir le fruit d’un viol. Malgré tout, son avenir avait été décidé sans son avis ou accord. Elle n’avait pas d’autre choix que de l’accepter.

Mais en y réfléchissant, si maintenant, elle l’avait, que ferait-elle ? Échangerait-elle sa place avec sa soeur ? Non, elle ne pourrait jamais l’accepter, mais la question ne se pose pas étant donné que Mia s’est échappée.

“Voilà, c’est ça! Je dois également réussir à m’évader d’une manière ou d’une autre, mais… Et si mon père venait à s’en prendre à ma mère par ma faute ? Je ne peux prendre ce risque. Même si elle ne me protège pas et ne me voit pas comme une petite part d’elle, elle reste et restera ma mère, la femme qui m’a donné la vie, je lui dois la mienne. Et si on s’enfuyait ensemble, elle et moi ?”

C’est à quatre pattes qu’elle décida lentement, de s’approcher de celle-ci. Lui attrapant délicatement les mains, lui déclare…

 -Même si tu refuses de l’admettre parce que cela t’es difficile, ce que je peux comprendre, je suis et resterais à jamais Ta fille, Ton sang et Ta chair. Tu es ma mère, celle, sans qui, je n’aurais aucune existence dans ce monde et je te dois la vie. Je ne peux pas rester ici à attendre l’inévitable se produire. Mia s’est enfuie, tu n’as plus besoin de la protéger ni à rester ici, avec un homme répugnant. Viens avec moi et partons. Je prendrais soin de toi et ensemble, nous pourrions retrouver ma soeur et vivre en paix toutes les trois.

Eylie vit la tête de sa mère se lever et eut immédiatement le coeur transpercé lorsqu’elle croisa le regard de celle-ci. Ce qu’elle y lut, la bouleversa… Son regard était baigné de larmes et reflétait une sincère et profonde détresse.

 -J’ai aidé ta soeur pour qu’elle puisse s’enfuir… Mais ton père, l’a rattrapée et depuis, la garde enfermée dans une cage, au sous-sol, afin de m’obliger à lui obéir. Si je lui désobéissais, il s’en prendrait à elle pour me punir. Je suis désolée, mais je ne peux pas partir, pas en la laissant seule, ici, à la merci de cet homme ignoble et barbare. Finit-elle en pleurs.

Les mains de sa mère, toujours dans les siennes, la jeune femme se leva tout en l’aidant. Essuya ses larmes qui lui brisaient le coeur et l’emmena en direction de la porte de sa chambre.

 -Alors allons la libérer et partons toutes ensemble. Déclara Eylie en ouvrant la porte.

Elles se stoppèrent toutes deux lorsqu’elles le virent de l’autre côté. Eylie, pétrifiée, ne vit pas le coup partir lorsque celui-ci frappa sa femme, l’assomant contre la commode et la laissant inconsciente. Terrifiée, elle recula, encore et encore tandis qu’il s’approchait lentement d’elle, défit sa cravate tout en adoptant un regard pervers.

Eylie se retrouva dos au mur, son père avançant toujours lentement vers elle, prenant son temps afin d’augmenter la peur que celle-ci ressentait.

Elle était prise au piège.

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