Blessure

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C'est bientôt les vacances de Noël. Les rues sont animées en ces jours de préparation des fêtes. Les discussions vont bon train. Alors je passe mes journées au bistrot du centre ville, complet toute l'année : il y a toujours une bonne discussion à attraper. Je tend l'oreille, attentive. Et quand j'entend quelque chose me semblant intéressant je m'assois à une table proche de ma prise. J'écoute. Je retranscris. Je relis, les revis à l'infini.

Aujourd'hui j'ai remarqué une discussion animée entre un homme et une femme. Ils semblent se disputer. J'ai réussi à m'asseoir à la table juste derrière eux. La femme m'est de face, l'homme de dos. Je sors mon carnet, mon stylo, écoute :

 

 - Mais Pierre on en a déjà parlé cent fois ! 

- Et bien qu'on en parle encore jusqu'à ce que ce soit clair pour nous deux.

-Je ne veux pas de cet enfant. Pas tout de suite.

-Dis plutôt que c'est avec moi que tu n'en veux pas !

 -Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je ne me sens pas prête, c'est tout. Inutile de hausser le ton comme tu le fais là.

- Mais moi je me sens prêt !

 - Aux dernières nouvelles, l' homme n'est pas un hyppocampe : c'est la femme qui porte le bébé pendant neuf mois et c'est elle qui subit la douleur de l'accouchement.

- Certes, mais ça ne te donne pas le droit de m'enlever ma paternité.

- Je ne fais que la reporter !

-Et si c'était avec Frédéric que tu serais tombée enceinte, tu l'aurais reportée aussi, sa paternité à lui ?

-Mais enfin Pierre, Frédéric n'a rien à faire dans cette histoire !

-Ça ne répond pas à la question.

- Je n'y répondrai pas de toute manière.

- Et pourquoi ça Jeanne ?

- Parce que je la trouve insensée, ridicule.

- Un adultère aussi est insensé et ridicule et tu m'as bien fourni des explications ce jour là.

- Le contexte n'était pas le même ! On parle de bébé et voilà que tu remets ça sur le tapis ! Je t'ai déjà dit que je m'en voulais, que je m'en veux encore chaque jour, que je t'ai juré de ne plus jamais recommencer. Ce n'était qu'un simple moment de faiblesse, une erreur. Que te faut-il de plus que ça pour comprendre ?

- Rien. Si : combler le doute.


La femme sanglote L'homme reste impassible.


- Je.... je suis désolée Pierre.

- Moi aussi.

- Qu'est-ce qu'on fait alors ?

- Tu avortes.

- Merci.

- De rien. Et ensuite on divorce.

- Pardon ?! Quoi ?!

- On divorce.

- Mais pourquoi ? Tout allait mieux pourtant !

-Seulement en apparence. Je me suis trompé. Je n'arriverai pas à oublier.

- Mais.... il n'y a même pas une heure tu me disais vouloir garder le bébé. Ça n'a pas de sens !

- Peu importe, puisqu'on ne le garde plus, dit-il en se levant. Je t'accompagnerai pour l'avortement, decida-t-il avant de quitter le bistrot, laissant la femme seule, en larme.

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