Usure du quotidien

Une minute de lecture


Il se réveilla au chant joyeux des moineaux parisiens. Ils chantaient à tue-tête, emplissant le silence endormi des rues. Aurore était à ses côtés, ses longs cheveux bruns défaits couvraient son dos. Rivière ondulante et brillante.
Et un peu grasse…

Surpris, il tendit la main pour toucher cette peau qui l’attirait. Il écarta les cheveux pour laisser glisser ses doigts sur le dos d’Aurore. Avec légèreté, délicate discrétion, il fit descendre sa main depuis la nuque, comptant cheminer jusqu’aux reins cambrés de sa belle. Mais il stoppa sa course à mi-chemin.
Jusqu’à cette horrible pustule…

Sa caresse n’avait pas été assez douce. Elle se réveilla à son tour. Doucement, par étape. Tristan la dévorait des yeux. Il attendait de capter son regard pour s’émerveiller encore. Elle se retourna, lui fit face. Yeux clos. Elle soupira, bailla avec paresse.
Elle puait l’ail… Une haleine de chacal.

Un courant d’air soulagea l’atmosphère en un instant. Elle ouvrit enfin les yeux. Elle avait perdu une lentille de contact. Ses cils, collés par le sommeil, pendaient un peu au-dessus de son regard. Elle lui sourit. Trou noir perdu au centre d’une constellation d’ivoire jaune et noir.
Il lui manquait une incisive…

Mais tout cela n’avait pas la moindre importance : Tristan était amoureux. Trop heureux de découvrir les joies du bonheur parfait, il ne prêtait aucune attention aux imperfections de sa Dulcinée. Il s’approcha d’elle.
Pas trop…

Lui souhaita bonjour. Elle s’approcha pour se pelotonner contre lui, le salua à son tour.
De sa voix bitumeuse…

Il se recula. Proposa un petit déjeuner qu’elle accepta.
Quand il revint avec un plateau chargé de deux tasses de café fumant, accompagnées de croissants qu’il était allé chercher en vitesse, il la retrouva allongée sur le dos, les mains croisées derrière la tête.
Ses aisselles d’astrakan diffusaient un lourd parfum musqué de rat mort…

Sans pudeur, Aurore l’invita du regard à la prendre une fois encore. Tristan, amoureux, s’approcha du lit et retira lentement le drap, livrant le corps de sa belle à son regard et au froid du petit matin. Lentement, il découvrit le corps de son aimée.
Et s’enfuit à toutes jambes quand il découvrit le service trois-pièces d’Aurore…

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Frédéric Leblog ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0