Chapitre 9

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Alexis,

Lis cette lettre jusqu’au bout s’il te plaît. Tu pourras me détester autant que tu le souhaites après.

En premier lieu, je tiens à m’excuser. C’est lorsque tu es parti de la chambre d’hôpital que je me suis rendu compte de l’ampleur de mes paroles. Je n’aurais jamais dû dire ça et je ne suis même pas sûr que je le pensais réellement à cet instant. Je suis sincèrement désolé… Je ne sais pas si tu pourras un jour me pardonner, mais sache que si je ne t’ai jamais rien dit de mon mal être, c’était pour te protéger. Je ne voulais pas t’entraîner dans le trou sans fond dans lequel j’étais tombé, dans les obscures abysses qui m’entouraient…

Aujourd’hui, je veux être sincère avec toi. J’ai contracté une maladie rare à l’âge de 12 ans. Il s’agit d’une maladie auto-immune qui détruit successivement tous les organes vitaux, jusqu’à la mort. Mon cas est si isolé qu’aucun remède n’a été découvert à ce jour ; mon espérance de vie est de quelques mois à peine. Mon pancréas ne fonctionnant plus correctement, je suis déjà diabétique et je commence à avoir du mal à respirer ; l’infection semble s’être étendue jusqu’à mes poumons…

Ces dernières années, j’ai passé mon temps à suivre des traitements inefficaces et à enchaîner des hospitalisations toutes plus pénibles les unes que les autres. Pour être honnête, mon existence n’avait plus aucun sens. Mais tu es arrivé. Notre rencontre a ravivé en moi des choses dont je n’avais même pas conscience. Tu as été la pièce maîtresse qui tenait entre eux tous les éclats de ma vie. Pourtant, je n’ai pris conscience de la valeur de ta présence que lorsque tu n’as plus été là.

C’est à cet instant précis que je me suis rendu compte que je n’avais plus personne à qui me rattacher. Lorsque l’on m’a laissé sortir de l’hôpital, je me suis retrouvé seul, rongé par les remords de t’avoir rejeté ainsi. L’envie de tout quitter m’a de nouveau assailli, mais je ne voulais pas te causer encore plus de peine et de problèmes que tu n’en avais déjà. Je suis donc parti rendre visite à ma famille éloignée.

J’avais trop honte de mes actes pour avoir le courage de revenir te voir. Je sais, c’est lâche, mais j’ai toujours fui les difficultés au lieu de les affronter. C’est plus facile, au premier abord. En réalité, c’est beaucoup plus dangereux, c’est comme avoir de l’eau jusqu’au nez et ne pas admette que l’on se noie. C’est exactement la sensation que j’ai eue en attendant bêtement que les choses s’arrangent, alité dans la chambre d’amis de ma petite cousine. J’ai réalisé que seule la mort viendrait changer ma routine si je ne prenais pas les devants. C’est la raison pour laquelle tu reçois cette lettre.

Je suis condamné Alexis, et pourtant, je n’ai jamais été aussi heureux : j’ai enfin trouvé une raison de vivre. Je sais enfin pourquoi j’ouvre les yeux chaque matin, pourquoi je me lève pour affronter une journée encore plus harassante que la précédente et pourquoi je me gave de médicaments qui je le sais, seront inefficaces. Je n’ai pas seulement trouvé mon courage ; j’ai trouvé l’amour. Je suis tombé amoureux, moi qui suis taciturne et solitaire, moi qui parle peu et rigole encore moins. Cette personne a coloré mon monde de mille teintes, m’a appris le sens des mots « joie » et « amour ».

Tu la connais bien toi aussi ! Tu sais à quel point il s’agit de quelqu’un d’incroyable. Ses cheveux châtains et ses yeux verts ont hanté tant de mes nuits sans que je ne m’avoue jamais la vérité sur mes propres sentiments.

- Ah bon ? s’étonna Alexis. Mais c’est qui ça ?

J’ai nié pendant si longtemps que je l’aimais, que je ressentais des sentiments pour un garçon.

- Pour un garçon ?! Il aime un mec ?! Mais qui ?!

Je l’ai blessé par mon déni et mon silence, et je m’en veux tellement… Aujourd’hui, alors qu’il me reste si peu d’aurores à contempler, j’espère pouvoir me racheter auprès de lui par ma sincérité. Cet homme, celui qui m’a sauvé, celui dont je suis fou, c’est toi. Je suis tombé amoureux de ta gentillesse innée, de ta maladresse catastrophique, de ton humour à deux balles et même de ton tee-shirt Peppa Pig ! Je regrette mes paroles… Je t’aime Alexis.

Adrien

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