Le premier matin du reste de ma vie

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Il était 7h00 lorsque le réveil a sonné ce matin. Je somnolais encore en l’éteignant, souhaitant prolonger ce délicieux rêve dans lequel nous ne faisions qu’un. Tes mains parcouraient langoureusement mon dos. Ta bouche effleurait mes épaules et je sentais ton souffle chaud sur ma nuque. J’ai frissonné. Par habitude, mon pied s’est étiré, te cherchant sous les draps. Quelques années auparavant, nous avions investi nos premières économies dans le luxe d’un lit en 160cm. Il n’était guère étonnant dès lors que l’on s’y perde en dormant…

Dix minutes plus tard , la sonnerie a retenti de ton côté et j’ai consenti à me lever.

Je me suis rendu dans la salle de bains et ai laissé couler l’eau un petit moment dans la douche afin que la température de la pièce monte vite. Tu me l’as réclamé comme un caprice la première fois que nous avons dormi ensemble et je n’ai jamais arrêté depuis. Les enfants ont profité du stratagème et sont venus enfiler leurs petites chemises bien au chaud à mes côtés. Sam a tellement grandi en quelques jours : il a réussi à attacher les boutons tout seul. Il ne m’a rien demandé. Je l’ai laissé faire. Nous étions pressés.

A la cuisine, Eloïse tartinait les biscottes. Un instant j’ai cru que c’était toi : même démarche élancée, même sourire… Sa voix douce et cristalline, semblable à la tienne, organisait le petit déjeuner d’une main de maître, caressant distraitement les cheveux de Dany tout en répondant de façon très douce et protectrice à ses questions enfantines. Elle m’a regardé faire couler par habitude le café dans nos deux tasses, puis s’est ensuite éclipsée. Nous savions tous qu’elle en aurait au moins pour vingt minutes. Gaël quant à lui était déjà prêt et attendait au salon l’heure du départ, un casque vissé sur les oreilles.

Un matin comme beaucoup d’autres.

A 8h15, nous étions tous sur le pas de la porte et nous sommes montés en voiture. Les grands derrière et les petits dans les places du coffre. Tes parents nous ont rejoints.. Nous avons beaucoup parlé de toi, comment aurions-nous pu faire autrement ?

Il était 7 heures lorsque le réveil a sonné ce matin. Je t’ai cherché à mes côtés Lorsque j’ai émergé du merveilleux songe où je te retrouvais, je me suis souvenu du jour qu’on était. Ma jambe a touché les draps glacés. Je ne m’étais jamais aventuré de ce côté-là du lit sans toi. Te rappelles-tu de ton petit lit d’étudiante ? Combien de nuits avons-nous passé, lovés l’un contre l’autre sur ce minuscule matelas ? Ne pourrais-je échanger le luxe de notre chambre contre une minute de douceur à tes côtés ?

Il est 9h00. Je te cherche dans la foule de nos amis mais je ne te vois pas. Je t’appelle mais tu ne réponds pas. Tout est flou. Les odeurs, les visages. On me prend dans les bras. Je me laisse bercer par ce flot d’amour de ceux qui m’entourent. Enfin je te vois. Tu es là, devant moi. Souriante. Radieuse. Ton voile de mariée est légèrement tiré par les petites mains potelées de nos enfants. Tes yeux sont légèrement rougis par l’émotion. Ton maquillage n’a pas encore coulé. Tu es merveilleuse. Mon regard plonge dans le tien et m’emplit de sérénité. Les cloches résonnent. Il me faut m’arracher à cette contemplation.

Mes jambes ont du mal à me porter. Je tiens ta fille par la main. De l’autre, je caresse ton visage. Toute notre famille est présente. L’église est bondée. Tous ont tenu à t’honorer.

Je détache mes yeux de toi. La célébration commence. Mon esprit se vide. Mon cœur s’arrête. Mon corps ne respire que par un reflexe mécanique. J’écoute le prêtre. Je suis sous le choc. Des larmes viennent s’écraser sur mes joues. Nos enfants ont les leurs inondées. Ils me touchent mais je ne les sens pas. Ils t’appellent mais toi non plus tu ne réponds pas.

Il est 10h02. Ton café doit être froid maintenant. Nous sommes bien entourés. Quelqu’un a retiré la photo. Ce jour-là je t’attendais devant l’autel et tu es entrée au bras de ton père, rayonnante et sanglotant. Tu as juré d’être toujours à moi et je t’ai promis en retour de t’appartenir à jamais. Nos invités applaudissaient, chantaient, riaient ! C’était gai, bruyant, tellement vivant ! Deux ans seulement nous séparent de ce moment. Deux ans ce n’est rien. Et pourtant deux ans c’est tout. Deux ans de combat, d’espoir, d’amour. Nous nous sommes aimés davantage en deux ans que d’autres en toute une vie.

Aujourd’hui, dans cette même église qui a reçu nos vœux, nous devons te laisser partir. A qui serai-je désormais ? Nous te suivons dans un silence assourdissant. Un pas après l’autre nous nous rapprochons. Une éternité et ton cercueil disparait.

13h. Il ne reste plus que moi.

Je ne sais plus ni quelle heure, ni quel jour on est. Les enfants ont grandi. Tel un automate je les ai élevés. Je n’ai jamais oublié le bonheur que ce fût de t’aimer. Je n’ai jamais pu te remplacer. Mon cœur est vide à jamais.

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