Je regarde ma montre, m'indiquant que neuf heures et quart, il reste donc dix minutes avant de pouvoir rentrer dans l'avion, qui m'emmènera loin d'ici. Tout en lisant mon journal que j'avais acheté, tout jetant des regards un peu partout, espérant que personne n'arrive pour m'arrêter... Même si j'ai pris l'un des plus tôt que j'ai pu trouver sur internet, dans le secret. Une voix sonna, m'arrêtant dans mes pensées et mes doutes.

- Tous les voyageurs, du vol 20 182, sont priés de se présenter à la porte 210.

 Je me levais enfin de mon siège, renfilant mes lunettes de soleil, puis mon sac noir rempli de quelques affaires personnelles, un chewing-gum à la fraise dans la bouche, suivant la foule immense.

  Après plusieurs groupes et personnes, je passai la porte blanche, donnant mon billet, puis embarquai. L'hôtesse brune habillée d'un uniforme bleu clair, au décolleté ravageur et au sourire aguicheur, m'indiqua ma place, le numéro vingt-trois, côté hublot. Je m'y assis avant d'attacher ma ceinture, un peu nerveuse par ce premier voyage. L'avion décolla quelques minutes après, puis une voix résonna.

- Mesdames, Messieurs, bonjour, voici votre hôtesse de l'air préférée, Myriam. Bienvenue à bord de la compagnie Air World. Je vous prie de bien vouloir vérifier vos ceintures de sécurité, et d'abaisser les accoudoirs, pour des raisons de sécurité durant le décollage. Sur ce, je vous souhaite, à tous, un très bon agréable voyage.

 Je regardais l'aéroport de loin, je pensais à tout ce qui s'était passé durant mes deux premières années...

 Arêtes Lou, c'est du passé, dans six heures, tu pourrais commencer à penser à toi..

 Je secouai ma tête, détachai ma ceinture, puis pris mon cahier noir à dessin, voulant finir ce que j'avais commencé dans la veille, une rose noire perdant ses pétales. Sentant un regard vers moi, je soulevais ma tête, vers l'interlocuteur, ses yeux marron clair virant dans l'ambre, venants tout simplement de mon voisin, je fis stopper mon crayon et enlevai mon casque.

- Vous avez besoin d'aide, peut-être.

- Oh, désolé. J'étais impressionnée par votre coup de crayon, que je n'ai pas pu m'empêcher à regarder.

- Oh, je vois... Merci, c'est gentil, ça me permet de ne pas penser du voyage.

- C'est votre premier voyage ?

- Oui, mon tout premier. Je n'ai jamais quitté ma ville, jusqu'à aujourd'hui et vous ?

- Oh, non, en fait, je viens souvent, pour passer voir mes amis de lycée. Au fait, je m'appelle Yann et je pense qu'on peut se tutoyer.

- Louana, mais je préfère Lou. Tu as fait tes études aux États-Unis ?

- Je suis originaire de Virginie et j'ai déménagé, il y a 12 ans. Je suis revenue, pour passer mon diplôme au schoolof Visual Art de Manhattan.

- Non, sérieux ! Dis-je en me redressant. Je voulais y aller, l'année prochaine, mais j'ai dû redoubler l'année parce que mon dossier a été refusé.

- Aie... Pas de chance ! Pour des problèmes personnels ?

- Pas vraiment... C'est pour ça que je vais au Canada, pour m'échapper à ceci...

- Désolé d'avoir posé cette question !

- Non, ce n'est rien. J'ai vu ton tatouage, il est superbe !

- Oh, merci ! Les tatouages font partie de ses choses que beaucoup de mondes n'apprécient pas, alors j'évite peu les montrer, mais j'y tiens.

- T'inquiètes, pour ça, je ne suis pas ce genre-ci. Je suis plutôt celle qui est affectionnée à cet art.

- Cool alors ! Bah tiens, passe quand tu voudras te faire tatouer !

 Me dit-il en cherchant dans sa poche de chemise blanche, une carte cartonnée, d'où son tatouage, le dragon japonais y était présenté. Le même que sur son bras droit, marqué dessus, avec l'adresse et téléphone en dessous. Je le regardai, du premier regard, il ressemblait beaucoup à un directeur, les cheveux noirs court, coiffés en arrière, habillé d'un pantalon costard tailleur, d'un oeil curieux

- Que se passe-t-il ?

- Ce n'est rien, c'est juste que tu avais plus l'air d'un PDG qu'un tatoueur.

- On me le dit souvent, je suis directeur de mon salon en plus d'en être un.

- Waouh, c'est génial. Ça fait combien de temps ?

- Ça va faire trois ans cette année, j'ai commencé à dix-sept à travailler, j'ai une connaissance qui m'a beaucoup aidé et pris comme apprenti. Je suis devenue assez fort et il m'a donné son entreprise à sa retraite. Maintenant, mon salon, Free Marked, est devenu un petit pallié du Canada. On est trois dedans, avec trois autres, mon frère et deux de ses amis, fou du tatouage et que je prends en tant qu'apprenti... Tu es tatoué à ce que j'ai vu. Comme le serpent et Always sur ton poignet ?

-Oui, c'est ça, dis-je en rigolant et en regardant mon dessin. J'aime beaucoup la saga. C'est enfantin, mais à chaque fois, que j'ai besoin de m'évader ou de penser à autre chose, je la regarde et je m'y plonge. Je commençais l'année dernière dans le secret sans le dire à mes parents et maintenant, je les ai.

- 'Les' a donc plusieurs. Et où pour les autres ?

- Juste deux autres, sur l'autre poignet et un au sternum. Attends j'ai le dessin sur moi. »

  J’ai regardé dans ma pochette à dessin qui était coincé en dessous de mon cahier, et j’ai sorti l’une de mes feuilles. Je voulais quelques choses très différent, plus compliqué et plus délicat dans le style baroque. Je lui passai avant de refermer ma pochette, il le regarda avant d’émettre un petit sifflement discret.

- Ah, oui, c’est vrai, ça change. Mais il est encore plus beau que je croyais, t’as vraiment un incroyable coup de crayon. Si tu en as d’autres comme ça, et que tu as besoin de quelqu’un pour te le tatouer, viens me voir, dit-il en me repassant mon dessin. Bon désolé, de t’avoir dérangé, mais moi, je vais dormir un peu. Je ne suis pas arrêtée depuis des semaines.

- Ce n’est rien, et surtout que ça fait bien de parler. Bonne nuit.

 Il s’endormit peu de temps après, il devait être très fatigué… Moi de mon côté, je continuais mes dessins, dans ma tête, mes souvenirs les plus heureux en tête, ma musique dans mes oreilles. Quelques minutes après, je sentis mes yeux, se fermer, mes dernières pensées…

 Au revoir, Californie… Bonjour Montréal.