Chapitre 16 : Daegan

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Ma poitrine se soulève de plus en plus vite à mesure que ma respiration accélère. Mes paupières ne cessent de cligner et mon corps refuse de bouger. Je reste clouée sur place, les yeux rivés sur ce garçon qui est devenu un homme, un vrai.

Il est assis sur la troisième marche menant à la scène, les jambes écartées, en position de véritable bad-boy, une main triturant ses cheveux bruns coiffés en arrière. Le petit rictus sur ses lèvres me fait comprendre qu’il m’a reconnu, et ce, même après toutes ces années. Ses prunelles d’une magnifique couleur noisette pétillent de malice. Je le sens mal et pourtant…

Déjà à l’époque, il me rendait dingue. C’était LE mec que toutes les filles voulaient se faire ! Très sportif, super canon, intelligent et du genre à enfreindre les règles, il faisait ce qu’il voulait avec son groupe de rebelles et bien évidemment, nous tombions toute dans ses filets ! Moi, j’étais une adolescente naïve et amoureuse dès le premier regard et forcément, mes sentiments n’étaient pas partagés. Il ne tombait pas amoureux, jamais ! Lui, il voulait juste baiser le plus de nanas possible et c’est bien ce qu’il à fait ! Un tableau de chasse hors du commun ! Je serais incapable de faire une liste à son sujet. Moi, je n’étais pas une des filles populaires et peut-être même la plus invisible de l’établissement. Alors je n’ai pas eu ma chance, pourtant, je le voulais fortement… J’ai entendu dire qu’il savait tout ça et qu’il prenait du plaisir à me faire miroiter en me lançant des oeillades et des sourires étincelants, me faisant mouiller très souvent ma petite culotte de vierge effarouchée. Et pourtant, aujourd’hui, malgré la blessure intense qu’il a fait à mon cœur, je me liquéfie totalement face à sa prestance imposante. Rien n’a changé, sauf peut-être moi ?

L’eau qui a coulé sous les ponts a transformé le lycéen en homme plus que séduisant, presque envoûtant. De ce que je peux voir sur la peau qui respire sous les manches courtes de son t-shirt noir, les tatouages ont pris possession de lui. Il en a recouvert entièrement ses bras musclés, si tendus qu’ils menacent de craquer son vêtement et j’adore ça…

Une barbe fine et entretenue entoure une bouche délicatement pulpeuse et recouvre sa mâchoire carrée, ce qui le rend un tantinet sauvage, mais plus virile encore. Je ne sais pas si je dois sourire au pleuré le fait qu’il soit encore plus beau, plus extraordinaire que dans mes souvenirs. En tout cas, j’imprime sa photo dans un coin de ma tête pour avoir tout le loisir de le contempler plus tard, comme avant…

Mais rien ne sert de s’arrêter sur ce point, le physique, bien qu’il soit parfait, ne fait pas tout ! Et c’est justement ça que je ne comprenais pas autrefois, j’étais tellement stupide ! Même si j’ai la preuve formelle que les années ont fait de lui un homme digne des plus beaux mannequins du monde, je ne dois pas non plus oublier son tempérament de feu, de flamme. Un vrai volcan prêt à exploser au moment où, évidemment, vous l’attendez le moins. Enfin, c’est de cette façon qu’il se comportait à l’école. À t-il évoluer sur ce point ?

— Tu as fini de baver, Alicia ? insiste-t-il sur mon prénom en étalant chaque syllabe.

Putain de merde ! J’avais totalement oublié sa voix ! Si intense, si sensuelle, celles du genre qui réveillent vos sens sans effort, et vous savez, comme moi, que cela n’arrive que dans de très rares cas !

Mais pourquoi il a fallu que je retombe sur lui ? Pourquoi maintenant d’ailleurs ? Sérieusement le destin, tu ne pourrais pas aller emmerder quelqu’un d’autre pour changer ? C’est tout le temps la même histoire, cette poisse qui me colle à la peau comme un pantalon en cuir quand il fait chaud, et ce, depuis toujours. À chaque fois que j’entreprends quelque chose, je me casse la gueule et à chaque fois que je pense être enfin tranquille, le ciel me tombe sur la tête.

Là, en l’occurrence, ce n’est pas le ciel qui me tombe sur la tête, mais plutôt, le premier garçon dont j’étais amoureuse et qui s’est fait un malin plaisir à me jeter comme une merde ! Et qui plus est, il revient encore plus sexy ? Vous voulez que je meure ? Franchement, les gars là-haut, vous pourriez être plus sympa avec moi et moins avec lui !

— Je ne bave pas… Je me demandais si on s’était déjà vu quelque part… mais je crois que je me trompe, dis-je en tentant de décoller mes pieds du sol.

Feindre l’ignorance, il n’y a que ça pour me sauver !

— Hum… Tu n’as pas grandi à ce que j’entends… réplique-t-il en se levant pour me contourner.

Alors qu’il passe à côté de moi, l’odeur puissante de son parfum m’emplit les narines. Je ferme les yeux et hume cette fragrance sans oser me retourner pour voir où il part. Une chose est certaine, il a regagné la salle, là où l’attendent ses amis qui hurlent son nom en tapant dans leurs mains. J’en entends même un ajouter :

— Hey,Daegan ! Viens là vieux pervers ! Tu étais déjà parti à la chasse mon salaud ?

A l’entendre, je dirais que son pote est déjà pas mal alcoolisé ! Et cela me fait également penser qu’il n’a pas changé vis-à-vis des filles… Son tableau de chasse doit être si long maintenant ! Je suis certaine qu’il dépasse même son mètre quatre-vingt !

— Ta gueule Noris ! Je te l’ai dit dix fois depuis tout à l’heure, on ne touche pas à ces nanas et putain, fous-moi la paix !

— Ah ouais… Alors, tu foutais quoi là-bas ? Tout seul...

— Je fumais un joint et puis qu’est-ce que ça peut te foutre ? T’es de la police ? Merde, t’es con ?! On est là pour Mike alors tu fermes ta gueule cinq minutes et tu profites ou tu dégages, c’est clair là ?

Qu’est ce que je disais plus tôt ? Ah oui, la tempête s’abat toujours sans prévenir ! Voilà qu’il me donne raison pour une fois. Daegan… J’aimais déjà beaucoup ce prénom, mais je dois bien avouer qu’il lui va encore mieux maintenant…

Quoi qu’il en soit, je dois à tout prix me remettre de mes émotions et vite ! Il est hors de question que ce mec me mette dans l’embarras et bousille tous les efforts que j’ai mis en place pour ce spectacle. Mais avant de commencer le show, je me rends aux toilettes pour une vérification des plus importantes. Je crains que ce chamboulement n’ait fait couler mon liner ou rougi mes yeux…

Alors que je m’inspecte de fond en comble devant le miroir, sa réplique me revient et me trouble…

« Je vois que tu n’as pas grandi... »

Cette phrase me remplit de colère ! Et si c’est ce qu’il pense maintenant, il sera bien obligé d’en conclure autre chose lorsque je démarrerais mon show !

Je n’ai pas que grandi d’ailleurs, je me suis fait un nom dans l’univers du charme, mon corps n’est plus le même et je refuse catégoriquement de tomber amoureuse !

Une chose est sûre, j’étais invisible avant, mais aujourd’hui, je brille ! Il ne verra que moi, car je vais tout faire pour lui en mettre plein la vue, les rôles vont changer, qu’il se prépare à mon assaut !

Je serais celle qui feigne l’indifférence et il sera celui qui désire.

Je respire bien fort et enclenche mon piège diabolique…

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