11h50

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11 h 11, c'est l'heure à laquelle mon bus arrive. Comme tous les jours, je monte dans cet autocar bondé. Ces personnes je les vois chaque matin sans les connaître, sans même en avoir envie, d'ailleurs. A dire vrai, je suis quelqu'un de solitaire qui vit dans un monde où tout s'enchaîne trop vite. Ne sachant prendre le temps, tous avancent. Je fais comme eux, je suis comme eux. Je cours après le temps.

11 h 12, je suis assis. J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles. J'écoute ma musique. Observe le paysage, les mouvements de ceux qui m'entourent. Je pense à ce qui m'attend au bout de ce trajet. Un bureau, un ordinateur, des tonnes de papiers et de dossiers à traiter. Cette vie, je ne l'aime pas. Pourtant, je continue chaque jour à monter dans ce bus pour aller rejoindre ce travail dont j'ai horreur.

11 h 13, je me perds peu à peu dans mes pensées. Explorant dans mon imaginaire des mondes dans lesquels ma vie serait tout autre. Me perdant vers toutes ces fois, où j'étais persuadé de pouvoir réaliser mes rêves. À toutes ces fois où mes ambitions folles dépassaient mes capacités. Je continue, je me rapproche des nuages toujours perdus entre mes réflexions et la musique. Je m'évade totalement de cet espace confiné. Cet espace plein d'individus, envahit.

11 h 50, je suis ramené d'un coup au présent. Mes yeux s'ouvrent. Je n'entends plus aucun bruit. Nous sommes loin d'être arrivés. Pourtant, nous n'avançons plus. Je ne sens plus les sursauts du bus sur la route. J'ignore et ne comprends pas ce qu'il se passe. Je retire progressivement mes écouteurs. Regarde autour de moi. Que… ?

11 h 50, je ne comprends rien. J'ai beau regarder encore et encore autour de moi. Rien. Je dis bien rien ne semble bouger. Les gens, les véhicules, les oiseaux, les passants… Plus rien n'est en mouvement. Tout est arrêté comme si le temps avait cessé d'avancer. Est-ce un rêve ? Je me pince. Visiblement non. La douleur est réelle, piquante.

11 h 50, la panique m’envahit. Je la ressens dans chacune de mes veines. Les pulsations de mon cœur se sont accélérées. Je suffoque, ne comprenant rien à la situation. Comment est-ce possible ? Pourquoi puis-je encore bouger alors que le reste du monde semble figé ? Prisonnier d'un temps, d'un monde dont je ne fais pas parti. Mon regard va d'un endroit à un autre sans que je ne le contrôle. Je suis le seul. Oui.

11 h 50, je viens de me souvenir de la présence d'une montre à mon poignet. Jusque-là, je n'y ai pas jeté un œil. Bien évidemment, c'était une mauvaise idée. Tout comme le reste, aucune des aiguilles ne s'animent. Je reste bloqué un moment sur cet objet. Sur ces aiguilles immobiles. Et ma panique n'est que plus terrible. Comment ? Pourquoi ? Ces deux questions tournent en boucle dans ma tête.

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