Promenade de santé

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8h

Immédiatement après avoir englouti son petit-déjeuner frugal, Awa me réclame une "balade" autour du village, qui ressemble plus à une marche forcée qu'à une simple randonnée. Le relief de la région est pourtant plat, et essentiellement composé de plaines fleuries ; mais Hanaryū est bâti au fond d'une cuvette et encerclé par de hautes collines visibles depuis Hanashinju. Le dénivelé est très important, et mes jambes ne sont pas prêtes de l'oublier. Cet exercice épuisant paraît cependant être un jeu pour la fillette de cinq ans, qui trottine devant moi à une allure constante, et s'arrête de temps à autre pour observer ma progression pénible. Elle est trop loin pour que je puisse en juger avec certitude, mais je mettrais ma main à couper qu'elle se moque de moi en plissant ses beaux yeux en amande.

Une forêt verdoyante s'étend sur les flancs abrupts de la colline, nous abritant provisoirement du soleil, éclatant malgré la saison hivernale. Il avait neigé la veille, et le sol était couvert d'une fine pellicule blanche et glissante ; je fais bien attention à où je mets les pieds.

Lorsque nous arrivons au sommet de la colline la plus haute, je l'implore de faire une halte. Je sais, j'ai encore été vaincue par une gamine de cinq ans, mais c'est un vrai démon ! Je n'ai que vingt-six ans, et j'ai l'impression d'avoir vieilli tout d'un coup pendant cette balade !

En m'asseyant sur un rocher moussu et humide, je me rends compte que je n'ai pas pris d'eau, pressée par Awa qui ne me laissait pas de répit. Je soupire ; j'espère que nous rentrerons bientôt, et que je ne mourrai pas de soif et d'épuisement d'ici là...

Je relève la tête : le paysage est tout de même magnifique, un régal pour les yeux. Dommage que j'aie également oublié mes lunettes lors de mon départ précipité hier soir... Je ne vois qu'un pâté vert et flou, parsemé de petites taches blanchâtres. Mais Awa m'assure que c'est beau, donc j'imagine que ça l'est.

- Combien de temps devons-nous encore marcher ? je lui demande avec espoir.

Elle me fixe de son regard profond et si mature pour son âge, avant de se détourner.

- On rentre. Je connais un raccourci, suis-moi.

Soulagée qu'Awa se montre enfin bien élevée et serviable, je la suis alors qu'elle s'enfonce dans la forêt.

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