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A environ cinq cent mètres du Couloir, Thomas et Steve s’arrêtent et nous brieffent. 

  • On est à 7223 mètres les enfants. Est-ce que tout le monde se sent bien ?

Tout le monde hoche la tête.

  • Pas de maux de têtes, de vomissements, d’hallucinations, même minimes ? 

Non, rien à signaler. 

Thomas nous explique ensuite tout ce qu’il faut savoir sur le Couloir. Après chaque phrase, il doit reprendre sa respiration pendant plusieurs secondes ce qui rend le discours interminable. La conclusion du discours est une première mauvaise surprise: Thomas nous annonce qu’il doit redescendre au Camp 4 pour gérer l'œdème cérébral d’un grimpeur qui vient d’y arriver. 

  • Je suis le seul sur l'itinéraire qui peut gérer ça. Je suis vraiment désolé.

Nous nous regardons tous. Une inquiétude plane. Thomas fait de son mieux pour nous rassurer:

  • Steve va vous emmener au sommet, aucun problème avec ça, il l’a déjà fait. 

Steve lève son piolet en l’air. Je ne le sens pas du tout.

Thomas avait toujours été sur le devant de la scène jusque-là. Bien qu’énervant dans son style “texan qui parle fort”, nous avions appris à reconnaître en lui un guide méthodique, très carré, vraiment un type digne de confiance. On était tous d'accord là-dessus. Steve, lui, était resté au second plan, caché derrière Thomas, dans le genre très discret. A vrai dire, je me rendais compte à cet instant précis que des journées entières étaient passées sans que je prenne aucunement en considération son existence. C'était vraiement un type effacé.

Les projecteurs étaient tout d’un coup braqués sur lui, ca devait lui faire tout drôle. En tout cas, l’idée qu’un inconnu, certes compétent sur le papier, mais un inconnu quand même, allait être responsable de ma vie sur un des passages de grimpe les plus difficiles au monde me crispa franchement. 

Mais que pouvais-je faire ? Que faire au milieu de cette pente neigeuse, à 7223 mètres, lié aux autres par une corde ? Me détacher et tirer ma révérence ? Non: seul, je suis mort.

Quand je me retourne, Thomas n’est plus qu’une silhouette qui s’évanouit dans la brume.

Steve reprend la mains sur le brief et aborde des aspects purement matériels cette fois. Le point de départ de la corde fixe allait ainsi être placé où nous étions. Cette corde, accrochée à la roche en des points sûrs tout au long du Couloir, allait nous permettre de progresser en toute sécurité.

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