Chapitre 5 - Qu'avait-il prévu ?

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J’ai l’impression qu’il est à côté de moi tellement sa voix a résonné près de mon oreille. Je sursaute et peine à retenir mes tremblements.

— Je… j’ai vomi, bredouillé-je.

— Bizarre, j’ai rien entendu.

Au même moment, la sonnette retentit. Ça doit être les flics. Je prie tous les dieux que je connais pour que ce soit eux. Je ferme les yeux, déglutis et tente de retrouver suffisamment de flegme pour que ma voix ne trahisse pas ma crainte :

— J’ai presque fini, tu veux bien aller ouvrir, demandé-je à Pierre.

Il ne répond pas. Je ne l’ai pas entendu s’éloigner de la porte, mais il se déplace la plupart du temps sans bruit.

— Pierre ?

L’instant d’après la porte qui me sépare du reste de l’appartement vibre sous l’assaut de mon invité. Je devine qu’il tente de la défoncer.

Un cri m’échappe. Prise de panique, je me relève d’un bond et me plaque contre pour empêcher le verrou de sauter. Il recommence une fois, me secoue avec. Je m'agrippe au chambranle, supplie silencieusement pour que les policiers m'aident, entrent de force et mettent un terme à ce cauchemar. Heureusement une voix, non deux, ordonne à Pierre de s’éloigner, de se coucher, de rester tranquille, de montrer ses mains.

Les ordres sont clairs, les intonations sont froides, voire glaciales.

Mes yeux laissent échapper mes craintes sous forme de larmes. Elles roulent le long de mes joues, tombent dans mon décolleté, mouillent ma jolie robe. Mes pensées s'embrouillent, un hoquet quitte ma gorge et je m’effondre le dos toujours appuyé contre l'unique séparation qui m'a tenue éloigné de cet homme.

J’entends un brouhaha, des grognements, des claquements, des pas qui résonnent, je reconnais Pierre qui jure qu’il n’a rien fait. Que je l'ai invité, que c'est moi qui voulais... Voulais quoi ? Je ne sais pas. Pas ça en tout cas.

Puis mon nom, mon prénom se détache de tout le vacarme et enfin une voix de femme :

— Lana ? Vous êtes là ? Répondez-moi ! Tout va bien ?

— Uiiiiii, oui… ça va, parviens-je à bredouiller entre deux sanglots.

— Vous pouvez m’ouvrir s’il vous plaît, je suis l’agente Laetitia Lazard.

Je déglutis, me relève péniblement, distingue une lumière sur mon téléphone portable. C’est mon cousin. Je lis son message :

  • Ils sont chez toi. Tout est sous contrôle, Lana. Appelle-moi dès que tu peux. Je veux t’entendre.

Je déverrouille la porte et l’ouvre lentement. La policière m’empêche de passer et m’oblige même à reculer. Elle me sourit, tente de me rassurer et propose de m’asseoir sur les WC. Je préférerais mon canapé, c’est plus confortable, mais je ne dis rien. J’obéis. Elle referme la porte, s’accroupit devant moi, pose une main sur mon avant-bras et répète ses questions.

— Oui, je vais bien.

— Que vous a-t-il fait ?

— Rien. Peur ! J’ai eu peur et je me suis enfermée.

— Vous avez très bien réagi. Bravo. Nous allons laisser mes collègues terminer dans la pièce d’à côté puis vous nous accompagnerez au commissariat. Vous aimeriez vous passer un peu d’eau sur le visage ?

Une image de moi m’arrache une grimace. Avec le maquillage que j’ai pris soin de m’appliquer il y a plusieurs heures, je dois ressembler à un panda maintenant. Dans le meilleur des cas. Ou à Pierrot le clown triste. L'un comme l'autre ne me font pas envie.

Je hoche la tête avant de tourner le visage vers la porte fermée.

Mille questions m’envahissent l’esprit. Mais ai-je vraiment envie de savoir ce qui m’attendait pour le reste de la nuit dans mon salon ?

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