Quelle longue marche au travers des âges

Aveugle au réel, je ne vois que présages

Je suis immortel, à la fois mort et vivant

Et pour tout, dieu, de ces petits êtres vivants

J'entends une marche pesante

Sous mes pieds, la terre vibrante

Je le vois ce sublime dieu

Que de puissance à mes yeux

Voilà encore un insecte adorateur

Serait-ce de l'admiration ou de la peur ?

Serait-il jaloux de mon immortalité

Ou alors de ma maudite énormité ?

Ma mémoire millénaire porte en elle

Trop de conflits, beaucoup trop d'images cruelles

Plus que verrons toutes leurs civilisations

De leur triste début jusqu'à leur conclusion

Je ne dois point l'importuner

Je vais, néanmoins, l'honorer

Comment veut-il que je lui montre ?

Je peindrai notre rencontre

Le voilà à mes pieds, il court et s'excite

Dois-je l'avertir de manière explicite ?

L'écraser et le tuer par mes très grands pas

Tout cela dans le but qu'il ne me peigne pas

Pourquoi l'homme doit vénérer toujours plus grand ?

Qu'ils adorent leurs amis, parents et enfants

Et non une abomination de la nature

Une erreur qui depuis si longtemps dure

Mon coup de pinceau ne sera

Jamais tant colossal que toi

Sublime titan si puissant

Toi qui est plus vieux que le temps

Arrête de me reluquer, immonde insecte

Je ne veux pas de religion, ni aucune secte

Je t'écraserai pour montrer à tous l'exemple

et puis ta cité pour un message plus ample