II -

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Depuis le diagnostic de mes cancers, le moral est au plus bas.

J'ai enchainé les opérations et traitements. Des séjours plus ou moins longs à l'hôpital.

Le sexe était le cadet de mes soucis. Vivre, vivre. Profiter de mes enfants.

Oui, je ne souhaitais que suivre leurs parcours, les voir grandir, les voir rire, sourire.
Faire bonne figure devant eux est difficile. Ils refusent de s'apitoyer pour ne pas ajouter du malaise au drame, mais bien souvent je vois leurs yeux s'humidifier ! Je les vois pleurer.

Claire m'accompagne, me soutient, tente de me redonner le moral. Et elle est la première à supporter mon irascibilité. La dernière à la mériter.

Depuis quelques temps mon état de santé se stabilise. Je réagis bien aux traitements disent les médecins avec le sourire.

Je ne suis pas fou. Je lis sur Internet les articles publiés sur mes cancers. Je reste lucide.
Combien de temps ? Est la question lancinante.

Et parce que ma santé s'est stabilisé, mon incapacité sexuelle m'est devenue petit à petit insupportable.

Claire m'a regardé partir en vrille.

Un traumatisme purement masculin selon elle. Et elle en riait gentiment.

Je l'imaginais s'envoyer en l'air avec les amis, avec des inconnus. Pour évacuer la pression à laquelle je la soumettais.

Jusqu'à ce gode qu'elle m'offre pour mon anniversaire.
Il me renvoie à mes demandes passées insatisfaites.
Et c’est quand je ne peux plus qu’elle consent !

De l'aumone !

Claire a vu immédiatement mon incompréhension. Ma peine.
Elle a cru bien faire en me guidant vers le lit pour la regarder se donner du plaisir !

Elle me saisit la deuxième main pour la poser sur son autre sein.
— Caresse-moi, Pierre.

Un ordre ? Une supplique ? Un réconfort ? Une offrande ? De la tendresse ?

De la pitié ?
De l’Amour ?

Les sentiments se bousculent dans ma tête.
Des plus heureux que je voudrais voir durer.

Aux plus nauséabonds, dont je devrais avoir honte !

Pourtant, il y a de la douceur dans la voix de Claire.

— Je t’aime, Pierre.

Mes mains empoignent ses seins par dessus le tissu.
Ses tétons pointent dans mes paumes.

Il faut que j’arrête de penser à moi ! De m’apitoyer.

Je soulève sa légère nuisette pour caresser à même la peau ses globes généreux .
C’est une douceur incomparable.
Ses seins, toujours, me chavirent.

Je ne peux douter de son Amour.
Maintes fois prouvé.

Mes mains glissent sur son ventre qui frémit.

— Moi aussi je t’aime Claire.

Je l’aime et j’ai peur de la perdre parce que je ne peux plus la pénétrer. Elle a beau me répéter que l’Amour ne se mesure pas à la longueur du sexe et du coït, je n’arrive pas à me défaire de cette idée.
Fantasme masculin selon elle.

Sans doute !
Mais je doute…

Je crois en son Amour.
Et je crois qu’elle va me quitter, me tromper.

Je l'aime et j'ai la certitude que je vais la perdre. L'ombre se rapproche. Inéluctable. Une déchirure dans mon cœur.

La certitude et le doute se mèlent.
Confusion.

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