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Une minute de lecture

  Lorsque j’étais enfant, mon grand-père nous emmenait dans sa dauphine jusqu’à l’hippodrome tout proche, voir les chevaux à l’entraînement.

  Nous aimions regarder ces animaux magnifiques, en plein effort, tirant les sulkys, sorte d’attelage à deux roues, très légers, avec juste une place pour le jockey. Nous pouvions nous approcher et les caresser sur le museau, leurs grands yeux intelligents nous contemplaient tandis qu’ils s’ébrouaient en hennissant de plaisir.

  Parfois, en soirée, les lads organisaient un barbecue pour griller des saucisses et l’un d’entre eux, Gabriel, chantait en s’accompagnant à la guitare. Assez souvent entre deux vins, il lutinait les filles et en particulier ma tante Joséphine, jeune femme frêle et timide à qui il mentait effrontément. Puis nous rentrions dîner à la maison.
  Il est mort, disait-on (à tort), en ayant participé à la destruction d’un aqueduc à l’explosif. Du haut de cet aqueduc, il lui arrivait de sauter à l’élastique entre deux voyages en train à travers les grandes plaines de l’ouest. Mais il est décédé en fait, comme mon grand-père, d’un cancer de la gorge, la maladie du fumeur.

  Chaque fois que je pense à lui, sa voix chaude et prenante, son allure dégingandée, son humour, son humanité, il me vient comme des vertiges.


JI 29-/08/18

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