Une nouvelle vie

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« Nous voilà dans le nouvel appartement. je commence la visite tandis que Lucia commence à déballer les cartons . Je marche sur la moquette orangée du salon et pense que je vais me régaler à ramasser les miettes qui tomberont à l'heure de l'apéro. Les murs sont couverts de papier peint à grosses fleurs marrons et bigarades. Une sirène de police tonne à l'extérieur et tout à ma curiosité, je me précipite sur le balcon et cherche d'où elle provient. Trop tard. Le son s'estompe, elle est déjà loin. Je hume les parfums de la ville. L'essence est l'odeur la plus présente, ensuite vient le parfum des mets chinois du restaurant d'en bas. Ça m'ouvre l'appétit ! J’espère que Lucia ira prendre commande ce soir. Ensuite ce sont les gros containers poubelles qui viennent s'insinuer dans mes narines, ça sent le poisson pas frais et la moisissure, une odeur qui, somme toute, ne me paraît pas désagréable. J'observe les alentours, il n'y a à proximité que des immeubles à briques rouges parés d’échelles de secours à chaque palier. C'est confirmé, nous sommes bien à New York ! Le manque de verdure commence à me faire regretter Bhola. Je n'aime pas particulièrement l'eau mais bien que ce soit une île, j'y vivais heureux. Nous y étions heureux tout les deux. Ah ! si ce cyclone n'avait pas tout ravagé ! Heureusement, avec Lucia nous avions prévu de rendre visite à ses parents en Espagne une semaine plus tôt .

« - Qu'est ce que tu fais sur le balcon ?! Me crie Lucia que je n'avais pas entendu arriver.

- Ah ! cette moquette va me jouer des tours !

Je rentre précipitamment et m'installe sur le canapé tandis qu'elle continue :

« - C'est dangereux ! nous ne sommes plus sur l'île ! Je t'allumes la télé et tu ne bouges plus, c'est compris?

Je lui caresse la main en signe d'assentiment.

" - Bonjour et bienvenue au journal du 18 novembre 1970, voici les titres:

     *Le cyclone de Bhola du 12 et 13 novembre déclaré le plus meurtrier, on vous donne       les chiffres

      * La solidarité s'organise dans le monde

      *Sport : le marathon de New York, un succès inattendu"

Alors que la présentatrice commente le nombre de nos voisins disparus, les images de notre île dévastée défilent sous mes yeux. Tout est gris, les arbres sont couchés sur la plage, là même où je passais mes journées à lézarder pendant que Lucia travaillait. La tempête avait fait rage, les vents dépassant les deux cents kilomètres par heure avaient tout arraché sur leur passage. Sans attendre la suite de son récit, je décide de regarder vers l'avant et de visiter le quartier. L’échelle de secours n'a pas l'air bien pratique et pourtant, je l'escalade jusqu'au sommet. Je découvre tout là-haut un jardin luxuriant. C'est un jardin de plantes en pot mais je prends plaisir à en toucher la terre, à mâchouiller quelques brins d'herbe. Je m'allonge sous le soleil de plomb qui frappe le sol de ce toit paradisiaque. Alors que je m'assoupis un petit instant, je sent deux mains m'agripper et me soulever du sol:

" - Tiens, qui es-tu, joli minou? Tu ne serais pas le chat de notre nouvelle venue dans l'immeuble?

C'est qui celui là qui vient s'incruster dans mon jardin?

" - C'est moi qui l'a trouvé et je ne t'ai pas invité!"

Mon feulement n'a aucun effet, il me cajole, me roule en boule entre ses bras , et continue à me papouiller tout en me reconduisant devant ma porte. Il sonne et entends:

" - Non merci! Je ne suis pas intéressée! je vous l'ai déjà dit tout à l'heure" lança Lucia, croyant à une nouvelle visite de témoins de Jéhovah

" - Excusez moi, Mademoiselle, hasarda-t-il, je pense avoir quelque chose qui vous appartient...

Lucia ouvre la porte et regrette sa salopette mal fagotée et ses cheveux hirsutes. Un éphèbe au sourire éclatant me tient dans ses bras.

Je connais cette tête qu'elle fait, je sent que je vais encore devoir jongler avec des chaussettes en boules. A chaque fois qu'elle invite quelqu'un dans notre vie, c'est la mienne qui change. Terminées les longues soirées de câlins devant "Titanic" ou "N'oublie jamais". Elle l'invite à entrer et lui propose un soda. Lui me dépose délicatement sur le canapé et s'y installe.

"Prends pas tes aises, c'est chez moi ici "

Lucia nous rejoins dans le salon, deux sodas light et une coupelle de lait sur un plateau. Je les observe en lapant ma friandise et remarque que le courant passe très bien. Greg, le bellâtre, propose à ma maîtresse de dîner avec lui.

Ça y est, ça commence...

" - Je pensais commander chez Délices d'Asie ce soir, Felix adore les beignets de crevettes, refuse-t-elle poliment

- ce n'est pas un problème, renchérit-il en me caressant la tête, commandons et installons nous dans le jardin sur le toit, Felix a l'air de l'apprécier aussi , c'est là que je l'ai trouvé.

- Avec plaisir alors... conclut-elle

Des beignets de crevettes, dans un jardin à New York avec Lucia qui a l'air heureuse d'avoir rencontré Greg ? Oui, je pense que ma nouvelle vie de chat va bien commencer un 18 novembre 1970.

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