Des mots dans la marge

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Une page blanche n’est pas faite pour le rester. Elle est faite pour être noircie, elle est faite pour être encombrée, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus se targuer d’être vierge mais belle est bien entrée dans le monde réel, concret, palpable des histoires sans début ni fin.

Il est l'heure de se coucher, le soleil a regagné son lit et dort déjà. Dans le mien, j'écoute, attentive, les bruits qui résonnent toujours dans la maison. La télévision, la vaisselle que l'on range. Ce n'est pas encore le bon moment, ça serait trop risqué. Je soupire doucement. Dans le lit du bas, la petite soeur est déjà partie rejoindre le soleil, Morphée, et tout ce que le monde onirique peut lui offrir. Mais dans ma poitrine résonne autre chose. Un battement bien plus puissant que n'importe quel rêve. L'attente.

La télévision qui s'éteint, la chasse d'eau qui se tire.

Quelques minutes après, l'escalier qui grince, la porte qui s'ouvre.

Je ferme les yeux et mime ce que j'espère être le parfait sommeil.

Quelques secondes encore.

La porte se referme, une autre s'ouvre, se referme à nouveau.

Quelques secondes encore, les portes du placard, la fenêtre qui se ferme.

Puis, enfin, salvateur, le Silence.

J'attends, juste un temps, une minute qui me parait mille ans. Une main sous l'oreiller et je trouve mes amis, précieux. Cahier froissé. Crayon à la mine fatiguée, cent fois taillée. Et la petite lampe de poche fabriquée au collège. Mes sens en alerte, je gratte chaque mot possible, mon histoire a pris forme depuis déjà longtemps, mais quand je leur en avais parlé...

" Pas acceptable... Interdiction formelle de continuer ! ..."

Plus tard, dans leur chambre, voix rageuse :

" Notre fille... Tu t'en rends compte ? Notre fille veut devenir..."

Et ce mot, une insulte dans sa bouche :

"... Écrivaine ?! "

Ma colère ne tarit pas. Mais ne dépassera jamais mon envie d'écrire. Et là, dans ma chambre, ces mots lâchés, libérés, sans qu'ils ne le sachent. Une petite victoire.

Dans les marges de mes cahiers scolaires.

Sur le sable de la plage que la marée recouvre...

Dans ma tête, les mots ne s'envolent jamais.

Dans ma tête, les mots ne s'endorment jamais.

M'interdire d'écrire provoque mon imagination.

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