Vivre

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Aube ressentait.

Aube vivait Aurore.

Aube éprouvait les caresses d'Aurore sur sa peau pâle, son souffle dans ses cheveux blancs, ses yeux si particuliers ancrés dans les siens. Elle y voyait un univers entier dont elle avait oublié l'existence, la volonté absolue qui le peuplait, ses étoiles différentes de celles qu'elle apercevait tous les soirs. Des étoiles dont elle ressentait autrefois la chaleur, qui mettait tout son être en effervescence. Sa peau bourdonnait d'être exposée au feu des astres, bien qu'ils soient si lointains qu'elle n'en observait qu'une vision déjà passée. 

Dans les yeux d'Aurore, il y avait ces étoiles particulières, mais il y avait aussi une plaine à l'herbe grasse, dont les brins correspondaient à ses cicatrices. Ils semblaient s'être imprimés sous sa peau translucide, comme s'ils l'avaient griffée, lacérée, et que la plaie n'avait jamais voulu disparaître.

Mais l'herbe n'était pas la seule à avoir apposé sa marque sur son corps : le soleil aussi. Le soleil, si bienfaisant pour Aurore, l'avait tuée. Il avait foudroyé Aube pour faire naître Aurore. Et Aube se souvenait de ses rayons destructeurs sur sa peau diaphane. Elle se rappelait le feu qui coulait dans ses veines, pour lentement remonter jusqu'à son cœur. Et là, l'embrasement prenait possession de ses poumons, qui se mettaient à rayonner comme une torche éblouissante. Et Aube n'inhalait plus, Aube n'était plus, mais elle ressentait toujours. Car ses nerfs étaient les derniers à flamboyer, leur combustion était le supplice final. Si lent qu'Aurore y assistait, les jours où le souffle vital l'aidait davantage à atteindre Aube.

Alors, Aube expirait en une exhalation de souffrance brûlante.

Et toute cette douleur, Aube se la remémorait dans les yeux d'Aurore. Chaque bribe de détresse à l'idée qu'elle ne pourrait pas assez attendre Aurore lui revenait en mémoire, et emplissait ses yeux de larmes amères. Mais surtout, l'angoisse qui avait un jour étreint son cœur en pensant partir trop tôt faisait maintenant fourmiller ses doigts d'impatience.

Aube devait sentir Aurore.

Aube devait vivre Aurore.

Avant qu'elle n'en ait plus jamais l'occasion. 

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