Je reviens de la manifestation en fin d'après-midi pour les sans-papiers à la place Saint Michel . Le temps d'une manifestation, la ville devient moins anonyme. Les pas convergent comme les coeurs pour une cause. La place publique prend son sens: un lieu d'échanges et de discussions. La démocratie reprend du peps avec des places publiques bouillonnant de prises de paroles.

"La classe de mon fils se mobilise pour un camarade sans-papier"

"Moi je parraine un enfant sans papier"

Après la fin de la manifestation, j retrouve les rues anonymes.

Qui sait? Peut être que la fille qui est vient de passer à côté de moi partage ma passion pour le flamenco ? Je ne le saurai jamais. On aurait pu devenir ami ou au contraire peut être qu'on ne pourrait pas nous supporter. La chance alors de ne pas se connaître.

Après la fin de la manifestation, je retrouve les rues anonymes. la Seine. Reposer les yeux des gens pressés. Je me dirige vers l'Odéon. J'ai rendez-vous avec toi au café près du théâtre. Je m'assoie à la terrasse. Je suis étonnée de ne pas te voir sous ton arbre. Le serveur se présente. Je lui répond que j'attend quelqu'un. " Bien madame" 18H-18H15. Je vois une dame coller une affiche sur l'arbre qui te servait comme abris. Je me lève. Je traverse la rue. La dame se retourne vers moi . Je lis l'affiche

" Cette nuit, Momo a été porté à l'hôpital. Il est décédé"

J'ai eu un choc. "Je l'attendais pour prendre un pot" j'ai dit à la dame. " Ah vous avez des infos sur lui, ça m'intéresse, je tiens un blog d'informations sur les sdf morts."

Momo était fier d'avoir deux lettres en commun avec Molière. La lecture de Tartuffe avait été son plus beau souvenir scolaire. Il connaissat le texte par coeur. Il en récitait des extraits sous son arbre. Il faisait des petites représentations de rue. La dame a publié son histoire sur son blog.

"L'amoureux de Tartuffe mort dans la rue à deux pas de l'Odéon". Alors ce dimanche prochain on se retrouve pour rendre un dernier hommage à Momo en lisant Tartuffe de Molière.