Appendice 1 : l'Ere Rouge contée par l'Empereur

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Où nous en sommes ? Oh, bien plus loin que ça. Mais nous avons commencé, avec une certaine logique, à raconter les événements qui ont mené à l'éveil de ce monde à la fois dual et unique. Diernill a pris conscience de sa place depuis des millénaires et tout ce que vous savez appartient à un lointain passé.

Vous avez déjà pris connaissance des aventures de nombreux personnages. Gabriel, Lian, Enlil et Anissa, Elion et Raanu ont tous joué un rôle important dans toute cette histoire. Mais avant cela, il y eut d'autres temps. Des temps régi par les clans et leurs conflits incessants.

Et avant cette période encore, il y eut l'ère rouge.

Il est impossible de remonter plus loin dans le temps que ce que je m'apprête à vous raconter. Car avant tout cela, Diernill n'existait tout simplement pas. Ni même l'univers dans lequel flottait ce grain de matière, perdu dans un océan de vide.

Il est des êtres semblables à moi, des êtres si puissants qu'ils sont capables d'investir des réalités inaccessibles à d'autres où ils forgent à la force de leurs esprits des mondes impossibles. Ce fut le cas de Diernill. Avant que ne jaillisse pour la première fois une lumière dans cet univers, il n'y avait rien. Pas même le vide. Il n'y avait qu'une possibilité : celle de construire quelque chose à partir d'une graine commune à tous les univers.

L'esprit arriva, jeune, inexpérimenté et fragile. À peine conscient de ce qu'il faisait. Il n'y avait rien, mais il était là. Et soudain, il eut envie qu'il y ait quelque chose. Alors le réel apparu, se tordit et explosa dans un formidable jaillissement de lumière et de chaleur. Mais faute d'avoir été programmé, l'Univers ne prit pas forme. Non, il fallait encore bien du temps au jeune créateur pour apprendre à modeler ce qui n'existait pas encore. Alors, à la force de son esprit, il créa les premières structures, les premières étoiles, comme un enfant qui construirait pour la première fois un château de sable.

De découverte en découverte, il grandit, créa des mondes magnifiques. Mais des mondes stériles, car il ne parvenait pas à créer la vie. Il aurait voulu faire apparaître des arbres immenses et grimper à leurs branches pour sentir le vent.

Il aurait voulu plonger dans les océans, voler dans les airs.

Il aurait adoré créer des fleurs magnifiques et en humer le délicat parfum.

Mais il ne sentirait rien, car il n'avait pas de corps : il n'était qu'esprit.

Il percevait, mais ne ressentait rien. Pourtant, oui, il savait ce que c'était que la vie, le monde, sentir le vent sur sa peau, la caresse d'une mère. Il connaissait l'amour.

Il avait une vie, réelle et tangible, ailleurs. Une vie qui lui paraissait faible et fragile. Infiniment précieuse.

Pourquoi ne pouvait-il pas avoir cette même vie, ici, dans son monde, son univers ?

Soudain, il eut un corps. Pas celui fragile d'enfant qu'il avait de l'autre côté, non. Un corps glorieux et puissant, un corps d'homme. Un vaisseau pour son âme. Mais bien de la chair vivante.

Alors de sa propre chair, il extirpa la vie et la fit prospérer pendant des milliers et des millions d'années.

De sa propre chair, il façonna des êtres minuscules, invisibles, qu'il transforma, encore et encore pour obtenir toute cette diversité qu'il connaissait. Des plantes, des animaux marins, les bêtes de la terre et des oiseaux. Et plus encore.

Et puis, finalement, il parvint à recréer l'Homme.

L'Homme fut pour lui une immense source de joie. L'observer se multiplier, construire, aimer, mourir. Il les aida aussi.

Ce fut le début de la première ère sur Diernill, le moment où le monde reçut son nom, car c'était un monde riche et fertile.


Mais alors que l'Être grandissait et devenait plus fort, il fut attaqué par un autre Être, semblable à lui, mais venant d'un ailleurs dont il n'avait jamais soupçonné l'existence. Il n'était pas seul, pas unique. Il se défendit, provoquant des cataclysmes galactiques indescriptibles. Leurs puissances s'entrechoquèrent au point de faire vibrer la trame de l'existence. Il vainquit. Mais la peur s'empara de lui. L'autre pouvait revenir, ou d'autres encore.

Alors il forgea des mondes, encore et encore et il y plaça des hommes et leur fit construire des vaisseaux capables de voguer dans l'espace. Des engins de guerre qui pourraient le seconder dans ses batailles inévitables à venir.

Il attendit longtemps, mais finit par prendre l'initiative, de peur d'être dépassé. Il devint un conquérant.


Univers après univers, il écrasa de nombreux autres Êtres comme lui, installant sa suprématie, pillant le travail des autres. Les mondes où vivaient les humains devinrent pollués, stériles et hostiles. Diernill même, monde si riche, fut ravagé. La terre devint poussière, le ciel mauve devint rouge, comme les plaines désormais désertiques. L'Être, à cause de sa peur, n'était plus un doux et sage guide, mais un dominateur, seulement intéressé par la guerre, obsédé par son possible déclin, par la peur de la défaite. Ce fut cela, l'Ere rouge. Et elle s'étendit sur des générations et des générations.


Jusqu'à ce qu'il tombe sur plus fort que lui.

Jusqu'à ce qu'il tombe sur moi.


Après ma victoire, je renvoyais l'être dans les limbes, pour qu'il y soit purifié, pour que sa peur et sa soif de conquête soient effacées. Mais sans lui, son univers dépérirait jusqu'à disparaître. Alors je l'intégrais au mien, modifiant les règles, créant les Forces.

Puis, selon ma propre loi, je laissais ce monde en paix pour qu'un jour, il puisse s'éveiller et choisir de prendre ou de ne pas prendre sa place au sein de mon empire. Ce fut le temps des tribus, puis des clans. Jusqu'à en venir à la naissance de la fratrie qui changea à jamais ce monde. Cette histoire vous la connaissez, car c'est celle d'Elion, de Raanu et de celui qui effaça sa propre existence de l'univers.


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