Jour 30 - Jolt || Secousse

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Si elle aurait préféré passé sa soirée en tête-à-tête avec un bon livre ? Évidemment. Cora se répétait en boucle qu'elle aurait toute l'éternité pour voir ses parents. Elle ne comprenait jamais pourquoi ils insistaient tant pour la voir au moins une fois par mois. Elle était majeure et vaccinée depuis un petit moment déjà. Ne pouvaient-ils pas seulement lui laisser vivre la vie qu'elle possédait encore ? Elle aurait tout le temps de s'enfermer dans les entrailles du monde lorsqu'elle aurait rejoint le monde de la nuit.


Cora détestait les catacombes. À son nez d'humaine cela sentait le moisit, le renfermer et la pisse de chat. Oh, elle savait bien qu'une fois chez ses parents, les odeurs seraient anesthésiées par un système ingénieux de ventilation efficace... Les catacombes, le nom était justement trouvé. Après tout, il s'agissait des galeries souterraines de Paris, bien en dessous des liaisons de métro. Il y avait encore leur infrastructure solide et gotique maintenue par magie pour éviter tout éboulement.


Après un énième escalier, Cora pénétrait dans le royaume des morts. Elle le sentait, l'air y était lourd et glacé. Un peu comme les corps qu’elle manipulait dans son travail. Elle n'aimait pas les catacombes, mais n'en avait pas peur. Non, elle était plus effrayée parce que ses parents trouveraient encore pour griller un peu plus sa vie de mortelle.

Pour libérer la grande double-porte, il ne fallait qu'une seule goutte de sang de vampire. Cora se piqua machinalement l'index sur l'une de ses petites canines aiguisée pour finalement le déposer contre le battant. La porte aspira aussitôt la trace sombre qu'elle venait de laisser et leva le verrou dans un bruit métallique.

Après un profond soupir, Cora poussa la porte et s'engouffra dans les ténèbres.


Une lumière tamisée éclairait les galeries. Il s'agissait en réalité de gigantesques boyaux s’étendant à perte de vue. Seule les manoirs et petites maisonnettes empêchaient l'horizon de se profiler. Le plafond se perdait dans l'ombre, donnant à l’endroit l'impression d'une nuit perpétuelle. Cora s'y sentait déjà prisonnière. Et dire qu'elle vivrait ici lorsqu'elle couperait les points avec sa mortalité. C'était tragique de devoir se cacher ici comme un rat...


Terminant sa contemplation du triste spectacle qui se dressait devant elle, Cora finit par se remettre en mouvement. Plus rapidement elle aurait salué ses parents et plus vite elle serait de retour dans le monde des vivants, dans sa chambre, un bon livre entre les mains. Quand soudain, un tremblement violent la fit basculer. Elle réussit à se retenir in extremis à l'un des gigantesques poteaux avant de perdre l'équilibre. Le souffle cours, la main sur son coeur affolé. Cora avait oublié la présence de ses secousses et de ces tremblements souterrains. Les derniers métros se devaient-il d'être aussi rapides et agressifs ? Encore un détail qui ne lui donnait pas vraiment envie de vivre ici.


La famille Dumas était une lignée respectée. Et plus la famille était respectée et plus sa demeure était éloignée de la porte du monde du dessus. Aussi, pour atteindre la demeure familiale, Cora avait dû emprunter l'une des navettes automatisées pour atteindre le quartier où résidaient ses deux parents.

Le manoir était haut, légèrement isolé des autres par des palissades noires. Une faible lueur émanait des quelques fenêtres camouflé par des léger rideaux. L'un de ses derniers voleta à l'arrivée de Cora. Sûrement sa mère guettant son arrivée.


Lorsqu'elle pénétra dans le vestibule, un très jeune garçon nommé Michel lui pris son manteau avec docilité. Les enfants vampires étaient une aberration pour la société des catacombes. Généralement, ils étaient cachés dans les maisons et prenaient un rôle de serviteur. Cora connaissait Michel depuis son enfance, elle se souvenait d'avoir joué à la dînette avec lui. D'avoir été amoureuse de lui lorsqu'elle avait six ans, et puis elle avait grandi, apprenant douloureusement que son ami ne vieillirait jamais.


Une nouvelle secousse ébranla les catacombes. Si Cora n'eut rien pour se rattraper cette fois-ci, elle s'attendait tout bonnement à tomber par terre, cependant, un bras ferme la ceintura.


— Tout va bien. Lui indiqua-t-on au creux de l'oreille, laissant Cora à mi-chemin entre le frisson d'excitation et la colère sourde.

Cette voix, elle l'avait assez entendu pour la reconnaître facilement. Il s'agissait de Jules, L'un des prétendant que lui avait trouvé ses parents, il était également leur voisin depuis plus d'un siècle. Il n'en fallut pas plus à la médecin légiste pour comprendre la raison que ses parents avaient eut en la pressant de venir ce soir en particulier. Ils venaient d'organiser une sorte de double rendez-vous écœurant. Pourquoi se sentaient-ils obligés de régir sa vie alors qu'ils auraient tout le temps de s'occuper de sa mort ?

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