Jour 27 - Thunder || Tonnerre

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Ils l'avaient annoncé à la météo, il l'avait ressenti au plus profond de lui et pourtant cela n'empêchait pas Maxime Fleury d'être surpris par la violence de l'orage. De par la puissance des grondements et son rapprochement avec d'énorme flash de lumière, l'homme en déduisait que le monstre était pratiquement au-dessus de chez eux.

Cela ne dérangeait pas plus le chirurgien. Il ne craignait pas la foudre. En tant que sorcier manipulateur d’électricité, cela aurait été un comble. Cependant, et il le savait depuis de nombreuses années, ce temps effrayait son épouse. Coline était recroquevillée dans son coin. Maxime aurait pu croire qu'à deux heures du matin, elle dormirait et serait assez plongé dans le sommeil pour ne rien entendre. Mais puisqu'il sentait les muscles de sa moitié se crisper à chaque détonation, le doute n'était pas possible. Le chirurgien connaissait assez sa femme pour savoir qu'elle prenait énormément sur elle pour ne pas se plaindre, pour ne pas le réveiller ou le déranger.


Maxime observa pendant quelques minutes le petit manège de Coline, à se recroqueviller de plus en plus, à s'éloigner de lui pour ne pas qu'il sente qu'elle tremblait de peur. À ses yeux, Coline était la plus attentionnée des femmes, la plus douce, la plus aimante. Elle était sienne, tout comme les attentions adorables qu'elle avait pour lui.


— Coline, qu'est-ce que tu fais si loin... Viens contre moi... Proposa-t-il d'une voix encore enrouée de sommeil.


Il ne reçut pas d'autres réponses qu'un glapissement. En effet, sa proposition s'était perdue dans un éclair et le tonnerre s'en suivit. De plus, peut-être que Coline aurait été trop terrorisée pour entendre ses mots. Les peurs paniques ne s'expliquaient pas...


Après un profond soupir qui lui donna le courage et la force de se lever, Maxime se retrouva hors de couette et du lit. Il prit le temps de faire le tour du lit pour aller déposer ses lèvres sur le front brûlant de sa femme.


— Je ne serai pas long. Tout ira mieux dans quelques instants. Susurra-t-il pour la forme au creux de l'oreille de la femme en proie à la peur.


Elle n'eut aucune réaction, confirmant les suppositions du médecin. Il fallait qu'il fasse quelque chose, la situation de Coline ne pouvait pas durer, il ne supportait pas de la voir aussi terrassée par un orage, aussi violent soit-il.

C'est ainsi qu'il se retrouva dehors, en pleine demi-tempête, pied nu, simplement vêtu de son pyjama. En quelques secondes, il fut aussi trempé que s'il avait plongé dans un cours d'eau. Le vent le malmenait, essayant de le faire tomber, mais l'homme tint bon. Maxime n'aimait pas particulièrement les bains de minuit, mais l'amour qu'il avait pour sa femme suffisait à lui donner le courage de déplacer n'importe quelle montagne qui se placerait sur le chemin de son bonheur.

Alors, les bras levés vers le ciel, il banda sa volonté, fixa sa concentration sur l’électricité présente dans les nuages et l'attira à lui avec force.


Jouer contre mère nature était toujours plus difficile que contre des éléments créés par l'homme. Au bloc opératoire, la présence d’électricité dans les murs l'aidait parfois à faire repartir des patients ou à les ranimer discrètement sans qu'aucun choc ne soit nécessaire. Là, il s'agissait d'attirer toute la foudre sur lui. Cela lui demanda beaucoup d'effort et d'énergie. Mais ce fut suffisant pour que sa volonté soit exaucée. En quelques instants, il se retrouva traverser de part en part par un éclair d'une violence inouïe. N'importe qui serait sans aucun doute mort foudroyé. Mais Maxime savait maîtriser l’électricité, même aussi puissante. Il fit repartir l'énergie dans la terre.


La pluie restait rageuse malgré la fin des conflits dans les nuages, cela permit à la température du corps du sorcier de baisser rapidement, créant un nuage de vapeur autour de lui pendant quelques minutes. Toutes les parties de son corps étaient engourdies par le processus, néanmoins, c'était les seules séquelles qu'il garderait pendant quelques minutes. Cela et puis la marque circulaire au sol. L'éclair avait cramé la pelouse à ses pieds. Cependant, pour cette nuit, ils en avaient fini avec cet orage.


Lorsque Maxime se retourna pour commencer à rentre, prendre une douche et retrouver son lit, il s’aperçut que Coline était sur le pas de la porte, le regard autant effrayé qu'impressionné. Depuis quand était-elle là ? À quel point avait-elle combattu à peur des orages pour se tenir face à lui en cet instant ? Le sorcier n'en avait aucune idée. Tout ce qui comptait maintenant c'était que son épouse de tremblait plus de peur et qu'elle s’élançait à corps perdu en sa direction.

Son corps entier réagit pour lui tandis que ses yeux se délectaient avec joie du corps de Coline qui arrivait vers lui comme si son existence entière en dépendait.

Il la rattrapa sans mal, refermant ses bras autour d'elle. Le choc fut violent et le duo se retrouva à terre la seconde d'après.


— Tu es complètement fou ! Te prendre l'éclair ! Pourquoi tu as fait ça ? S’indigna Coline qui semblait avoir eu plus peur pour lui que de l'orage.

— Je ne supporte pas de te voir dans cet état... Et c'est toi qui es complètement folle. Pourquoi tu me sautes dessus ? Répliqua l'homme sans pour autant chercher à se relever.

La boue maculait leurs vêtements trempés, mais visiblement, la lessive n'était la priorité de personne.

— Parce que je t'aime... Se justifia le plus simplement du monde Coline avant de partir à l'assaut des lèvres de Maxime, l'empêchant de répondre quoi que ce fût.


Ce baiser mettait fin à la discussion, Maxime ne chercha pas à renchérir. À la place, il se redressa en entraînant son épouse avec lui. Dans un dernier effort pour se montrer encore vigoureux, il la porta comme il l'avait fait lorsqu'ils avaient emménagé dans cette maison, en mariée, pour franchir le pas de la porte.

Son initiative fit rire Coline. Dès lors, peu importait la pluie battante qui faisait rage dehors, l'univers de Maxime était à nouveau sans aucun nuage.

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