Jour 25 - Prickly || Epineux

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Il était rare que la villa Fleury soit aussi calme. Dans les souvenirs de Coline, l'endroit avait toujours été animé par des courses poursuite d'enfant et d'adolescent, de cri rageur, ou bien de rire généreux et joyeux. Aujourd'hui, les pensionnaires de ces murs semblaient avoir tout simplement déserté... Coline en était peinée. Elle qui adorait sentir cette maison vivre, elle avait du mal à concevoir qu'elle s'y retrouvait seule. Bien entendu, elle était consciente que cette situation était terriblement temporaire. Aussi, même si elle était attristée de ne rien entendre à par le tic-tac de la comtoise de l'entrée, elle s'affaira à occuper ses mains, cela entrainement peut être son esprit sur quelques pensées plus joyeuses.


Après avoir été faire un petit tour au jardin, elle était revenue dans le salon, les bras chargés d'un bouquet de roses encore épineux. Coline venait de décider d'égailler un peu la maison à l'aide de ces fleurs au parfum entêtant. Elle adorait les roses. Il s'agissait de fleurs si délicate et douce, d'une fragilité égalant leur agressivité... Quelle autre fleur pourrait être aussi douloureuse qu'une rose ?


Dans le silence de sa maison, Coline s'affairait à retirer les épines pour les conserver dans un bocal... Les épines de roses entraient dans la confection de quelques potions rares, sa potionniste de fille, Aurore, aurait peut-être besoin d'un renouvellement de stock.


Épine après épine, Coline repensait à ses enfants et leurs tendances à s'en aller loin d'elle s'en forcément lui envoyer de nouvelle. Sa première née, Enora... Toujours en vol pour son travail dans une agence de tourisme. Elle était sûrement la seule de ses enfants à s'être totalement fondu dans le quotidien des humains. Enfin, Enora envoyait de temps en temps quelques nouvelles, ou au moins, publiait-elle quelques photos sur ses réseaux sociaux.

Il y avait Victor aussi, son second enfant et unique fils. Toujours loin d'elle. Il était tellement loin le temps où il passait des heures dans ses bras, contre son coeur. Subtilement, Coline avait dû dire adieux à ses moments de complicité avec son garçon. Il avait grandi si vite... Et tout comme son aînée, il finissait loin d'elle, à l'autre bout du monde à chasser des mauvaises sorcières, les vampires sociopathes et les malédictions meurtrières. Pour le bien être du jeune homme, elle gardait pour elle ses craintes et ses inquiétudes... Mais elle était terriblement inquiète. À chaque fois qu'elle voyait disparaître les valises de Victor, elle se sentait défaillir, après tout, chaque départ pouvait être son dernier.


Encore une épine de retirer. Le petit tas de roses piquantes s'amenuisait petit à petit.


De ses enfants, il lui restait tout de même Aurore, sa petite dernière. Celle qui avait embrassé le monde Fée sur le tard. Mais qu'à cela ne tienne, elle était une petite prodige dans son domaine. Ah... Aurore. En quelques années elle s'était métamorphosée pour le plus grand plaisir de tous. Coline s'en voulait un petit peu, mais elle reportait tout son besoin d'affection et son amour sur sa benjamine.

Les rires de joie d'enfant, le bruit des petits pieds qui galopent sur le parquet grinçant de cette vieille bâtisse. Tout cela manquait à Coline et parfois, elle se disait qu'elle aurait voulu un ou deux enfants de plus. Cela malgré le fait qu'elle recueillait les Fées en recherche d'un abri et d'une ancre dans le monde des humains.


— Aie... gémit soudainement la mère de famille.


Relâchant ce qu'elle avait entre les mains, elle avisa rapidement sa blessure. L'une des épines restantes venait de rentrer profondément dans sa chair. Comme quoi, réfléchir à autre chose et laisser travailler ses mains n'était pas la meilleure des idées.

Soupirant devant son manque évidant de concentration, Coline disparu dans la cuisine pour nettoyer la petite plaie et arrêter le saignement léger avant d'y apposer un pansement. Les roses en plus d'être cruelles étaient capricieuses... Un peu comme des enfants. Mais Coline les aimait tant que cela n'avait pas d'importance, elle survirait sans peine, tout comme elle continuerait à chérir ses enfants, même ceux vivants leur vie si loin d'elle.

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