Quand tu perds le contrôle ou quand tu leur dis leurs 4 vérités

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- Maïa ! Je vous demanderais de rester attentive durant mon cours, si ce n'est pas trop vous demander.
C'est là que tout est parti en cacahuète. Vraiment. L'énième remarque que me faisait ma prof de français m'a fait péter un plomb. Je répondais très (trop) calmement :
- Non.
Elle haussa les sourcils.
- Non, je ne crois vraiment pas avoir raté un seul mot de ce que vous venez de dire. Le problème, c'est que vous prenez plaisir à tourmenter vos élèves, à les rabaisser, dis-je en insistant sur chaque mot.
Je commençai à hausser le ton :
- Je ne vais pas pouvoir continuer comme ça. Vous nous pourrissez la vie, vous, les profs ! Vous nous submergez de devoirs, de tests, de remarques. Vous vous contentez de râler sur ce qui ne va pas, ce qu'on fait mal. J'en peux plus de ce système à la con qui nous apprend à être des adultes stressés et individualistes, qui nous apprend ce qui ne nous sert à rien plutôt que ce qui est utile. J'EN AI MARRE ! J'ABANDONNE ! DÉBROUILLEZ-VOUS AVEC VOS COURS DE MERDE !
Je ramassai mes affaires et je sortai en claquant la porte, sous le regard médusé des élèves et de la prof. Encore énervée, je marchais d'un pas énergique dans les couloirs jusqu'à ce que la cloche sonne. J'avais bien choisi mon moment, la dernière heure venait de se terminer. Je me dépêchais de quitter l'école, je ne tenais pas à être rattrapée par un éducateur. Cette fois je pus prendre le bus et passais le trajet perdue dans mes pensées. À ce moment-là j'étais encore énervée, mais je savais que ça ne durerait pas. Je savais que j'allais finir par regretter mon coup d'éclat. J'arrivais chez moi (ou plutôt devant chez moi) la première et me mettais à la recherche de mes clés. Je sortis de mon sac trousse, classeurs, cahiers et quand il fut évident qu'elles n'étaient pas là, je pétais un câble pour la deuxième fois de la journée, assise sur le perron au milieu de mes affaires éparpillées.
- POURQUOI ?? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter cette journée ?! Je vous déteste tous ! C'est dégueulasse (à noter que je parlais toute seule, personne ne sait à qui je m'adressais dans mes lamentations) ! Je vous déteste ! J'ai rien fait de mal, foutez-moi la paix ! Marre de vos règles et de vos étiquettes et de vos codes ! Laissez-moi tranquille ! Cette journée est un enfer !
C'est alors que je fis une des choses les plus stupides mais aussi bénéfiques de ce jour maudit : je suis allée sur les réseaux sociaux. J'y ai déversé toute ma haine et mon ressentiment, en disant à tous ces soi-disant amis qui parlent de vous dans votre dos ce que je pensais d'eux. De ceux qui font croire que leur vie est parfaite en postant des photos d'eux à leur avantage, alors qu'en réalité ils passent des heures à chercher la pose parfaite et ne profitent même pas du moment. De ceux qui sont amis avec moi sur Snap juste pour me demander de l'aide pour leurs devoirs ou ceux comme Lydia qui attendent le jour même pour me courir après avec leurs feuilles. De ceux qui se disent mes amis dans la vraie vie mais à qui je ne peux pas parler de mes probèmes ou de ma vie sans qu'ils ne ramènent tout à eux. Je leur avais dit la vérité, et ça allait faire mal. D'ailleurs ça n'a pas tardé. Les réponses allaient du choqué au méprisant en passant par le revanchard. Certains ne se sont pas gênés pour me dire ce qu'ils pensaient de moi en retour. Alors j'ai posté un dernier message : LAISSEZ-MOI TRANQUILLE ! MARRE DE VOS JUGEMENTS ET DE VOS ÉTIQUETTES QUE VOUS COLLEZ AUX AUTRES COMME S'ILS NE POUVAIENT ÊTRE QUE ÇA, SE LIMITER À UN SEUL MOT ! ET JE NE FAIS LES DEVOIRS DE PERSONNE, DÉSOLÉE LYDIA !
Et j'ai supprimé mon compte. Je me suis désinscrite de tous les réseaux que je pouvais, j'ai désactivé les notifications des autres et même fait mieux ! J'ai supprimé les applications de mon téléphone. Puis j'ai éclaté en sanglots. L'accumulation de tout ce que j'avais vécu ces derniers mois est sorti ce jour-là. Je n'en pouvais plus de me taire, des hypocrites et des non-dits. Mais je savais aussi que cela aurait des conséquences. Étais-je prête à les assumer ?

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