Douleur

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Je me retrouve assise là, mes médicaments à portée de main et ma bouteille d’alcool à moitié vide. Je suis face à mon carnet, un stylo à la main. J’écris encore et encore, tentant d’oublier désespérément cette douleur. Je vide mes pensées, mes doutes, mes peines sur les pages de ce journal. Je serre les dents, mon cou se crispe, les larmes me montent. Et j’écris toujours, luttant.

Au bout de plusieurs lignes, je m’arrête. J’inspire et expire fortement. Je ferme les yeux. Une larme s’échappe et coule le long de ma joue. Elle roule doucement et vient s’écraser sur la page ouverte. Je me force à ne rien ressentir. Je n’ai pas mal, non, je n’ai pas mal.

Alors je recommence à écrire. La pointe du stylo glisse sur le papier, reflétant les mots auxquels je pense. Je la sens, la douleur est toujours présente. Oublie-la, me dis-je. Alors je continue. J’écris en serrant toujours les dents.

Je lève les yeux et vois la bouteille. Rapidement, je la saisis et l’ouvre. L’alcool roule sur ma langue et pique ma gorge. Je souris. Je reprends une gorgée avant de reposer la bouteille. Je ne la referme pas. Je reprends mon stylo et me remets à écrire.

Deux phrases plus tard, je bouge mon épaule droite, la faisant craquer bruyamment. Je détends mon cou par des mouvements de haut en bas et de droite à gauche suivis par des cercles lents. Tout va bien, oui, tout va bien. Ainsi je continue d’écrire.

Là, la douleur devient insupportable. Plusieurs larmes coulent sur mes joues, peignant un fil argenté sur chacune d'elles. Je ne prends pas la peine de les essuyer. Je me saisis violemment de la bouteille et bois. Je ne cherche pas à retenir mes larmes. Je regarde les médicaments. J’en prends un. Je pose la plaquette et l’observe. J’en reprends un, au diable les contre-indications, et le fais passer avec une gorgée d’alcool.

Je reprends mon stylo et recommence à écrire. Chaque lettre est une douleur, un supplice. Je regarde mon stylo. Je le fixe intensément en arrêtant d’écrire. Je l’imagine enfoncé dans mon épaule, profondément. Je secoue la tête, chassant cette pensée. Je continue d’écrire. J’écris ce que je pense. J’écris la douleur que je ressens. Je m’arrête. J’ai mal. Je fixe un angle du mur. Je m’imagine frapper mon épaule dessus. Oh que oui.

Je me mets à pleurer. A m’apitoyer sur mon sort. Je me parle à moi-même, me plaignant encore et encore de cette douleur. Je cherche des solutions mais aucune ne me vient. Je regarde le stylo, je m’en saisis et le jette sur mon lit. Je ne dois plus l’utiliser. Je ne peux plus l’utiliser.

Calmée, je ferme mon carnet et le range à sa place. J’aime que les choses soient rangées. Je me rassois sur ma chaise et me saisis de la bouteille. Je prends encore une gorgée avant de la fermer définitivement pour ce soir. Je me lève et la range elle aussi. Je retourne m’asseoir. Les médicaments sont toujours là. Je suis tentée mais je ne fais rien. Je les pose un peu plus loin. Mes yeux sont gonflés et me brûlent. Je lève ma main gauche et décide de faire disparaître les traces de mes larmes. Ma tête résonne. Cela me le fait toujours après avoir pleuré. Je sais par avance que mon nez est rouge. Il l’est toujours quand je pleure. Je reste assise à fixer un point aléatoire. Je pense à me faire mal. Je ressens cette intense douleur persistante. Mon regard est vide. Je ne tiens plus.

Et puis, un petit miaulement résonne au loin. Je reviens à moi, doucement. Je me lève et me dirige vers la source du bruit. Je m’accroupis et pose mon visage contre une douce fourrure. Mes larmes se remettent à couler mais d’apaisement cette fois. Je caresse mon chat qui ronronne aussi fort qu’un moteur. Si elle n’était pas là… Elle me permet de reprendre le contrôle de moi-même, de reprendre le dessus sur la douleur, cette douleur qui me suit du matin au soir.

Mon chat me sauve à chaque fois.

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