C'est l'heure de manger!

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11H30 : Ça y est. J’ai dit le mot magique : manger ! Petit Filou, d’un bon, se lève dans son parc, et tout en faisant une sorte de danse tribale en étant accroché au bord de celui-ci, lance des cris de joie stridents. Ses cris, tellement intenses, réveillent le petit Gizmo en peluche de l’autre côté de la pièce qui se met à chanter à son tour. Le chrono est engagé, j’ai trois minutes pour que tout soit prêt avant que les cris de joie ne se transforment en pleurs d’impatience. Le temps presse, il ne faut pas que j’hésite, et doit accomplir mes tâches d’un geste vif et précis. Je prends donc un petit pot dans l’armoire, enlève le couvercle et place le tout dans le micro-ondes. Le temps que ça chauffe, je prépare les seringues des médicaments anti reflux. Bien mal m’en prend : mon petit garnement me voit effectuer l’opération et ses cris redoublent, cette fois, avec un zeste d’impatience.

L’alarme salvatrice du micro-ondes retentit : le dîner est prêt ! En ouvrant la porte du four, une vision d’apocalypse s’offre à moi : un peu comme une explosion atomique, une grande partie du contenu semble avoir gonflé, est sorti du pot en coulant sur les bords de celui-ci. Derrière moi, les pleurs redoublent d’intensité, l’impatience se fait de plus en plus palpable, et Gizmo qui continue à chanter suite aux cris aigus d’Henri. Bienvenue au concert philharmonique de la maison de Greg.

Tant bien que mal, avec les mains tremblantes par le stress, j’essaie de récupérer ce qui est récupérable. Heureusement, pas grand-chose n’a touché le plateau du micro-ondes. Il aura un petit plat correct. Mais le mal est fait : avec toute la pression, le stress a un peu du mal à descendre. Henri, lui est tout content depuis que je l’ai placé dans la chaise haute. D’une main tremblante, j’approche la cuillère de sa bouche grande ouverte, attendant impatiemment la pitance. Mais l’accident arrive rapidement : ma main tremble tellement, que malencontreusement, la moitié de la cuillère tombe sur mon pantalon !

L’opération se déroulera deux ou trois fois, avec comme résultat mon pantalon bon pour un tour en machine à laver. Henri commence à être quelque peu rassasié : il a décidé de me taquiner quelque peu. Profitant d’un moment d’inattention, il attrape la cuillère en chemin vers son gosier. Un rire triomphal sort de sa bouche et commence à la secouer : je ne vois plus rien. Mes lunettes ont ramassé une bonne partie de la substance et bloquent donc mon champ de vision. Tant bien que mal, je nettoie mes pauvres petites lunettes. Je me dis que des lunettes de protection avec essuie-glaces incorporés devraient faire un malheur chez les papas qui donnent à manger à leur bambin.

Doucement, le repas se termine, et nous arrivons à la dernière cuillère : le pot est vide ! Un grand cri de désarroi parcourt tout l’appartement, avec le Gizmo qui se remet à chanter.

Je cours vite à la cuisine pour moi aussi pouvoir manger. Histoire de calmer petit bébé, je lui donnerai un petit bout de pain. En ouvrant la porte du frigo pour ramasser mets et beurre, je constate avec dépit que j’avais oublié les petits pots maison que, la veille, ma tendre compagne avait préparés pour toute la semaine. Tant pis, ce sera pour demain, pas le temps de s’apitoyer. Je reviens au pas de charge, les bras chargés de pain et charcuterie. Bébé s’impatiente. Je lui donne vite un bout de tartine pour qu’il puisse patienter et faire un peu ses dents. Pendant qu’il mâchonne, je tartine et mange comme un TGV en vitesse de croisière. Ma petite tête blonde, en effet, n’a fait qu’une bouchée du morceau de pain, et va vite vouloir sortir de sa chaise. J’engloutis donc mes tartines. On en profite pour passer un petit coup de fil à maman. Je mets les hauts parleurs, et à l’écoute de la douce voix de ma compagne, bébé commence à rigoler. Ensuite vient un regard perplexe, envers la petite boite où semble enfermée sa maman. Notre repas arrive donc à sa fin.

Un rire s’échappe d’Henri lorsqu’il voit approcher la seringue de Gaviscon (je ne sais pas comment il peut apprécier cette substance, ayant eu l’occasion de goûter ce machin, j’ai trouvé cela particulièrement immonde !).

Le manque de nicotine commence à se faire cruellement sentir. On va vite se dépêcher de changer petit bébé. A peine couché sur la table à langer, il me regarde avec un grand sourire et commence à agiter ses mains. C’est bon, j’ai compris : je commence à chanter le ban liégeois. Au moins, il est sage et agite ses petites mains au son de ma voix de casserole. Soudain, il arrête de bouger ses menottes. Son regard devient malicieux. C’est là que je sens quelque chose de chaud et humide sur mon t-shirt. Je bouge mon regard, et c’est là que je constate avec effroi un liquide doré atterrir à son aise sur mon pull. Je suis trempé, mais je ne peux pas me changer de suite. Je peste et lui rigole. Je me dépêche de le nettoyer et de remplacer sa couche, tout en essayant de garder le sourire. Une fois la tâche accomplie, je le mets dans son parc, je me change en quatrième vitesse : il commence déjà à se frotter yeux et oreilles, et les pleurnichements de fatigue sont sur le point de sortir. J’en profite pour répéter l’opération nicotine, avant qu’il ne se sente trop seul. On est prêt pour la sieste.

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