Prologue

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Minuit approche. La Lune commence à prendre une teinte rouge-orange. Et lorsqu'un nuage passe devant elle, elle commence à devenir petit à petit rousse et bien ronde. Les étoiles accompagnant cette grande dame dans le ciel, forment une danse céleste, majestueuses et lentes. Ce bal éclaire toute la vallée en dessous. Un point de verdure surmonté par quelques pics granitiques d'un côté et une mer tumultueuse de l'autre. C'est un jour de grande marée. Le vent souffle dans les feuillus de la forêt vierge qui recouvre le reste la vallée, créant un cri sinistre entre les branches. Un grondement raisonne de l'autre côté de la vallée, un orage arrive, renforçant le vent et les hurlements des branches. On entends des voix, les maisons du village au bord de la côte commencent à se rallumer, et bientôt le petit bourg grouille de vie. Comme si la lumière de la Lune Rousse ravivait la vie en contre-bas, et rajoutait de la puissance au désastre qui va survenir. Mais la vérité est tout autre, un miracle se prépare.

Après que les premiers nuages soient passés, la Lune éclaire désormais de plein fouet le pic granitique, surplombant le village de toute sa hauteur. Au recoin de ce pic, un endroit persiste à ne pas être éclairé par la lumière lunaire : une petite grotte, qui semble tellement sombre et ténébreuse entre deux blocs de granit qu'elle en est presque invisible. Une ouverture dans le dôme de la caverne claisse passer quelques rayons de la Lune, éclairant celle-ci de l'intérieur et rendant plus mystérieux encore. Des petites stalactites reflétant la lumière de l'astre nocturne, éclairent la grotte de reflets cristallins, le bruit des gouttes d'eau tombant au sol raisonnant dans ce lieu tranquille. Les rayons réfléchis de la Lune éclairent les parois granitiques et révèlent des gravures ancestrales. Celles-ci luisent à la lumière de l'astre. La grotte est bientôt plongée dans un aura bleuté et sanguin. Tandis que le tonnerre gronde toujours au loin, cet aura se met à révéler autre chose, sur le sol, bien calé dans un creux granitique : une autre pierre d'une pâle blancheur, aussi lisse et argenté que l'est la Lune elle-même, ayant une forme d’œuf. Mais alors que l'atmosphère de la grotte se fait de plus en plus présent, une forme se dessine à l'intérieur de cet œuf, une ombre animale. La surface de l’œuf se met à luire légèrement, en réponse à l'aura et à la lumière de la Lune de sang.

Le silence se fait alors, ni le tonnerre, ni le vent, ni les vagues ni les gouttelettes n'osent le briser. Seul le chant de quelques oiseaux nocturnes et les hurlements lointains des loups raisonnent en écho entre les surfaces de granit. Tous les animaux ne faisant qu'accompagner ce silence nocturne, le rendant presque mélodieux. Quand soudain, réveillé par l'appel de la vie, la forme à l'intérieur de l’œuf remue. Un léger craquement se fait entendre, raisonnant partout dans l'antre et se répercutant jusque dans la vallée tel une sentence, faisant se stopper tout les autres bruissements et murmures. Même les habitants du village s'arrêtent dans leur besogne pour se mettre à l'abri de la tempête à venir. Le temps s'écoule doucement, le silence se fait toujours présent. Seul un nuage, plus noir que les autres brise le rituel qui vient de commencer. Mais dés que la Lune rousse réapparaît, plus lumineuse et plus rouge encore qu'avant, l'aura magique s’intensifie.

Un petit couinement se fait alors entendre, puis un autre craquement, et l’œuf se fend. De minuscule fissures apparaissent. Puis de plus en plus grosses et qui s'élargissent.D'autres craquements et couinements retentissent. Exponentiellement,le vent, l'orage et la colère de l'océan se font bien plus présent,et grondent de plus en plus fort. Comme pour encourager le petit animal. Puis un morceau de la coquille tombe et un œil violet dévisage la monde qui l'accueille à travers sa protection calcaire.Puis, la créature qui est toujours enfermée à l'intérieur de l’œuf continue de se libérer. Et finit par s'en extirper.L'animal s'agite dans tous les sens, essayant de se lever sur ses petites pattes griffues. Il a de petites ailes dans le dos,membraneuse et avec quelque plumes sur les articulations, mais elles sont couvertes de mucus, et elles sont beaucoup trop fragile pour que la petite créature s'en serve. Il a quelques pics luisant, neuf, le long de son échine. Deux cornes pointent sur son crâne et le bout de sa queue est lui aussi fait de pics et de pelage. La petite créature est recouverte d'écailles d'un blanc ivoire, assez solide pour résister à la tempête qui commence à peine à se déchaîner au dehors. Le dragonnet semble émettre sa propre lumière tellement ses écailles réfléchissent celle de la Lune, sa mère.

Le dragonnet arrive enfin à se lever et pousse un couinement de joie face à sa victoire. Ce petit bruit se répercute dans la grotte. Puis dans toute la vallée, les hurlements des loups et des autres animaux retentissent comme en écho à la victoire du nouveau-né. Le vent et le tonnerre y répondent aussi, d'un craquement sinistre. Le dragonnet essaye alors de marcher, trébuchant au début et tombant plusieurs fois avant de pouvoir enfin atteindre l'entrée de la grotte d'un pas sûr. Il observe la vallée qui est illuminée par les quelques rayons de la Lune déclinante et cachée derrière les nuages orageux. La forêt semble animée d'une nouvelle vie et la cloche de l'église au loin sonne enfin, les villageois reprenant enfin leur vie, alertant les environs de la venue de la tempête. Le dragonnet renifle un peu l'air qui l'entoure, regardant fièrement la vallée, sa vallée. Désormais curieux de découvrir ce monde qui l'a vue naître.

Mais lorsqu'il franchit le seuil de la caverne, un grondement retentit au fond, la faisant trembler. L'aura de lumières'en est allé en même temps que la Lune et le dragonnet. Celui-ci se crispe, son instinct de survie lui chuchotant de se méfier et de fuir. Prenant alors peur à l'apparition de deux yeux rouges dans les ombres, lui succédant ensuite deux rangées de crocs blanc, pointus et bien aiguisés, le dragonnet commence alors à reculer vers l'extérieur de sa caverne, vers le bord du pic granitique. La créature gronde encore, comme si elle riait de sa supériorité et de la peur que ressent le petit être qui est à sa merci. La créature aux yeux rouge commence alors à s'approcher, écrasant ce qu'il reste de la coquille du dragonnet au passage, et faisant trembler la moitié des roches qui l'entourent. La tête de la bête arrive en haut du dôme de la grotte. Un bruit de raclement retentit,tel l'acier contre la pierre, et le dragonnet devine instinctivement que ce sont les griffes de la bête qui raclent le sol. C'est alors qu'il se rend compte de l'ampleur du danger, et commence à reculer.Plus la bête avance, plus le dragonnet blanc peut l'observer :non seulement la créature possède des yeux rouge, des crocs et des griffes, mais en plus elle a une enveloppe vaporeuse et indistincte.Ce qui rend son corps des plus cauchemardesque. La bête surplombe de plus en plus le petit dragon de toute sa stature, celui-ci recule,prenant peur et obéissant à son instinct de survie. Jusqu'à ce qu'il ne puisse plus reculer d'avantage, étant au bord du pic granitique. S'il recule encore, une chute mortelle l'attends.

La jeune dragon regarde alors tour à tour la grotte, la créature et le sol en bas, cherchant désespérément une issue. La pente est trop escarpée, s'il saute, il sait qu'il a peu de chance de survivre. Il regarde encore la créature qui est désormais très proche, trop proche. Il sent presque son souffle ardent sur ses écailles trop fines pour résister aux crocs de la bête. La cloche de l'église raisonne encore au loin, faisant écho au grondement de l'orage qui est désormais au dessus du pic granitique. La dragonnet est prit au piège, il n'a plus le choix. Il se tourne alors une dernière fois vers la bête qui est désormais prête à le happer dans sa grande gueule, puis il saute. La créature aux yeux luisant rugit, et tend le coup, tel un serpent informe attaquant sa proie, mais elle n'est pas assez vive pour saisir le petit dragon. Celui-ci déploie alors ses ailes pour essayer de ralentir sa chute. Mais ses ailes sont encore prise dans le mucus qui le recouvrait, de plus elles ne sont pas assez grandes et pas assez fortes pour supporter son poids. Il chute plus qu'il ne vole. Lejeune dragon essaie de ralentir en battant des ailes, mais cela le fatigue. C'est alors qu'il percute un rocher, il essaie de s'y raccrocher avec ses petites griffes, mais sa vitesse est désormais trop grande et il ne fait que de s'érafler les écailles encore molles. Il tombe encore, essayant toujours de freiner sa chute,faisant crisser la pierre sous lui. Son vol, n'est alors plus que des sauts de pierres en pierres, d'affleurements en affleurements.Jusqu'à ce qu'il arrive enfin, touchant le sol recouvert d'herbe humide. Mais il se réceptionne mal, et un craquement sonore retentit tout du long d'une de ses pattes arrière. Il est sonné, mais il a encore la force de couiner de douleur. Épuisé, il affaisse sur le sol, laissant la pluie lui rafraîchir le corps et atténuer sa douleur.

Ses écailles, aux départ blanches ivoires, sont désormais recouvertes de sang et de poussière. Il respire trop vite, il est couché sur l'herbe fraîche et humide, il sait qu'il ne va pas vivre très longtemps. Le dragonnet entend et s'en déjà l'odeur fétide de la créature obscure au dessus de lui. Il essaie de bouger, mais ses muscles le font souffrir. Malgré cela, le petit tourne doucement la tête vers le ciel, vers la Lune, mais surtout vers l'affleurement rocheux qui marque l'entrée de sa grotte. Là,il voit la bête aux yeux rouge le regarde avec un sourire presque maléfique. Puis celui-ci rugit ou rit de triomphe, faisant écho au tonnerre. Ensuite, le bête noir s'envole dans un battement d'aile tonitruant au milieu des éclairs qui contraste avec les nuages sombres. La pluie continue à tambouriner le sol et le petit dragonnet commence à se sentir partir. Il sait qu'il va mourir. Et pourtant, il entend quelque chose. A demi-conscient, le dragonnet entend des pas dans la boue et l'herbe humide. Puis, il sens quelqu'un le toucher, et le recouvrir de quelque chose de chaud et sec. Il regarde alors faiblement ce qui l'a approché et ce qui semble essayer de le sauver. Tournant doucement la tête pour éviter de réveiller la douleur. Il voit alors un être à la peau lisse est pâle, mais pas aussi pâle que ses écailles, et aux yeux violet comme les siens. C'est alors que son instinct lui chuchote quelle créature est en face de lui : un humain. Un jeune homme plus précisément. Son instinct lui rappelle aussi que les humains sont dangereux pour les dragons. Mais pourtant, le petit dragon sait que celui-ci ne lui fera aucun de mal. Car s'il est venu pour le sauver,ce n'est pas pour rien. L'humain lui chuchote alors quelque chose à l'oreille que le petit dragon ne comprends pas. Mais le souffle chaud de l'humain le rassure.

Il émet un léger couinement de douleur et de fatigue avant de se blottir dans le tissu chaud que le jeune homme lui a mis sur le dos, celui-ci le saisit délicatement et le prends dans ses bras. Le jeune homme se dirige ensuite vers le village, le dragonnet le sait. Il commence à se sentir partir vers un repos bien mérité après toutes ses émotions, il ferme donc les paupières. Mais avant de sombrer définitivement dans le sommeil, il entend plusieurs voix : celle du jeune humain, mais aussi une autre, qu'il comprend mieux, d'un autre animal plus précisément. Il ne sait pas vraiment lequel. Le jeune homme ne serait-il pas seul ?

En tous les cas, le petit dragon est en sécurité et au chaud, et il sait qu'il va vivre. Mais il ne sait pas pourquoi il en a réchappé. Pourquoi la bête aux yeux rouge ne l'a-t-elle pas achevée ? Pourquoi cet humain n'a-t-il pas eu peur de la créature ? Ne l'a-t-il pas vue, ni entendue ? Mais il sait qu'il a toute une vie pour comprendre. Il pourrait même avoir un siècle avant que cela ne soit son tour d'agir...

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