Chapitre 6 - Choix

16 minutes de lecture

Je commence peu à peu à retrouver mes esprits, mais sans vraiment avoir conscience du monde qui m'entoure. Où suis-je? Que s'est-il passé ? Seul mon audition marche un peu près correctement, parce que j'entends un souffle. Le sien... Celui de Sky. Noke ne doit pas être très loin. Sa respiration est saccadée. En même temps, je crois qu'il me porte, et qu'il court en même temps. Une telle endurance serait impossible de la part d'une personne normale, n'est-ce pas ? Je ne vois rien et ne ressens rien, j'ai juste conscience de lui, de sa présence. Si ! Je sens quelque chose, une horrible chose : la douleur. Celle de mon crâne, et celle de mon bras droit, deux douleur, aigu, sifflantes, vibrantes et atroces. Plus j'y pense, plus je réfléchis vite, plus je souffre, plus je me bats, plus elle est horriblement présente. Alors, au bout d'un moment j'arrête de combattre ces ténèbres, je redeviens inerte et j'attends, j'écoute de façon lointaine. Et peu à peu, la respiration de Sky devient mon seul espoir, quelque chose qui me calme, comme une berceuse. Mais je ne me rendors pas pour autant. Ensuite, sa respiration se régularise, et ralentit. Où m'emmène-t-il ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Je ne peux avoir de réponse, et cela me frustre. Puis, j'entends d'autres bruits, des chuchotements... Y a-t-il d'autres personnes ? Je vois enfin, ou presque... Parce que je me vois, moi, dans les bras de Sky, inerte, respirant apparemment mal. Je suis blanche... quasiment morte. Nous sommes dans une grande pièce, remplie de monde, des adolescents, parfois plus jeune, d'autres plus vieux. La pièce est d'un marbre blanc, brillant grâce à la lumière qu'apporte de grandes fenêtres. Les murs sont recouverts de tapisserie rouge. Et au centre de la pièce, un grand escalier où se trouve encore d'autres personnes monte vers d'autres étages que je peux voir d'ici. Ce n'est pas moi qui vois tout cela. Je le sais, je le sens en moi, enfin… En lui. Où suis-je vraiment ? Cette personne ou cette chose me voit, nous voit, perchée je ne sais où dans cette pièce. Sur un lustre peut-être ? Je me demande si je ne suis pas vraiment morte, pour de vrai. Il y a comme un léger rire sourd dans mon esprit. Puis, je suis rassurée, non, je ne suis pas morte. Je sens mon corps, de façon lointaine, mais je le sens. J'en suis sûre. Ce ne sont pas mes yeux. C'est comme la dernière fois que quelqu'un est rentré dans mon esprit, dans la forêt... Cet esprit, si amical, si ancestral. Celui que je connais depuis ma naissance. Mais qui est-ce ? Puis l'image s'estompe, et je redeviens aveugle. Je n'ai plus que l'ouïe de nouveau pour me repérer, et me tenir au courant de ce qu'il se passe autour de moi. La respiration de Sky, les questions des autres jeunes tout autour. Beaucoup trop de bruit d'ailleurs. Comme si avoir observé la scène de loin m'avait éloigné du brouhaha ambiant. Il y a des bruits animal également. Tous sont inquiet apparemment. Puis, le calme reviens peu à peu et je sens qu'on me couche. Sur un lit, je suppose, vue comment il est moelleux et chaud. J'entends quelqu'un chuchoter quelque chose, je ne comprends pas, mais je me sens flotter. Je vais m'endormir... Enfin du repos.

La lumière me blesse les yeux quand je les ouvre enfin. On doit être le matin vue la couleur de la lumière qui rentre par les fenêtres et également la bonne odeur de petit déjeuné qui flotte dans l'air. Toutefois, cette odeur me donne la nausée. J'essaie de bouger, mais j'ai le corps tout endoloris. J'essaie alors de regarder où je me trouve. C'est une petite chambre – enfin plus grande que la mienne – avec deux grandes fenêtres qui illuminent la pièce. L'une d'elle est ouverte pour faire entrer l'air frais, mais il ne fait pas froid du tout dans la chambre. Je remarque une petite cheminée un peu plus loin à ma gauche, avec un feu, réchauffant toute la pièce et l'illuminant un peu plus. Il y a quelques placards, un bureau, le sol est recouverts d'un parquet, et les murs sont tapissé d'un papier-peint couleur bois. Toute la pièce est donc tapissée du même ton, même mon lit est de la même couleur que le reste. La couverture est douce, rouge, contrastant avec le reste de la chambre. Je regarde le plafond, me demandant ce que je vais faire. Quand, j'entends dans le couloir, des voix. Je reconnais tout de suite celle de Sky. Il y en a aussi une autre, plus féminine, mais je ne la connais pas. J'entends qu'ils se rapprochent. Ils vont sûrement entrer, je me retourne sur mon côté droit, tournant le dos à la porte, et faisant semblant de dormir. Puis j'entends la porte s'ouvrir et ils entrent. Sky se dirige vers mon lit d'un pas précipité. L'inconnue est plus discrète. Puis, ils se mettent à chuchoter.

- Il n'y a pas d'autre moyen pour nous protéger, et pour protéger les autres. Elle n'aura pas le choix. Les Maîtres des Guildes n'accepteront pas d'avoir une... chose aussi dangereuse dans la nature, sans entraînement, et surtout aussi puissante. Elle n'aura pas le choix, c'est pour son bien, et c'est la règle, dit la jeune fille.

- Laisse lui déjà le loisir de choisir son destin. Elle recevra un entraînement, je prends sur moi pour cela, c'est moi qui l’entraînerais.

M'entraîner ? Un choix ? Mon destin… Beaucoup de question me submerge. Et je suis surtout surprise de voir Sky prendre ma défense après tout ce que je l'ai vue faire, et tout ce qu'il m'a fait subir. Toutefois, je continue à écouter, essayant de me contrôler.

- Tu n'es pas un Sorcier. Mais un simple Guérisseur, tu n'as pas les capacités d'entraîner une Sorcière. Surtout de cette puissance. Tu pourrais y laisser ta vie si elle n'apprends pas à se contrôler, lance la jeune fille.

- N'est-ce pas mon destin de mourir ? Tout le monde meurt un jour ou l'autre. Je préfère mourir comme cela que sous les tortures des Maîtres de l'Ombre. Laisse la choisir son destin, tente de rétorquer Sky.

- Et tu y pense si elle choisit le camp adverse ? C'est déjà arrivé, et il a fini par mourir. De la main des Guildes en plus. Et il est parfois arrivé l'inverse, si je puis te le rappeler. Mais ce n'est pas mieux. Les Maîtres ne sont pas tendre et...

- Stop ! Tais-toi, grogne Sky, n'évitant même pas de me réveiller. Je ne ferais pas deux fois la même erreur. Je suis un Gardien confirmé et je sais où est ma place, et cela depuis des années. Je n'ai plus rien à prouver. C'était mon premier apprenti, je venais de recevoir mon Ildhir, je n'avais aucune expérience dans ce domaine. De plus, il était faible, et il a fini par tuer son Alteran avant de les rejoindre ! C'est ça, qui l'a tué. Mais maintenant, je sais comment m'y prendre. Tu as vu comment j'ai réveillé son Pouvoir aussi vite, et son Don s'est réveillé bien avant que je sois présent pour contrôler les effets secondaires. Elle l'a depuis sa naissance !

- Oui, c'est vrai. Et tu devrais donc comprendre mieux que moi que...

- Écoutes, l’interrompt-il. C'est une décision assez difficile à prendre, et tu le sais. Certain en son mort à force de se sentir seul. Ce n'est pas le moment de perdre l'une des nôtres, vraiment pas le moment. Certains en ont la force, d'autres pas... Moi, je n'ai pas eu le choix. Toi non plus que je sache. Comment es-tu capable de vouloir infliger cela à l'une des nôtres, elle qui a le choix ?

- Car c'est la règle... Aucun être, en dehors de ceux de notre monde, ne doit être au courant de notre existence !

Sur ce, l'inconnue quitte la pièce en claquant la porte, apparemment énervée. Je ne sais rien d'autre d'elle en dehors de sa voix, et qu'elle semble vouloir respecter les règles en me les imposant... J'entends Sky soupirer. Puis, il se dirige vers la sortie. Mais il ne part pas, il prend une chaise et vient s'asseoir près de mon lit. Que devrais-je faire ? Faire semblant de me réveiller ? Ou...

- C'est bon Kira, je sais très bien que tu es réveillée. Noke me l'a dit. Mais j'aurais préféré que tu n'entendes pas tout cela.

Oh zut ! Je soupire et me tourne vers lui, avec un sourire un peu gêné. Je me redresse sur mon lit, mon corps encore endoloris me freine dans mes gestes. J'ai les tendons qui craquent un peu, après avoir tant dormi. Mais le point positif, c'est que je n'ai plus mal au crâne, ni à mon bras.

- Te sens-tu mieux ? me demande-t-il.

- Oui, beaucoup... Mais, que m'est-il arrivé ?

- Tu as utilisé trop d'énergie. Ton corps n'a pas suivis. Tu es donc tombée dans les pommes. J'aurais pensé que tu resterais inconsciente beaucoup plus longtemps, étant donné toute l'énergie que tu as utilisée. Je pense que tu as eu de la chance, me répond-il, antipathique.

- Comment ça ? je demande, curieuse.

- Les débutants, comme toi, qui utilisent leur pouvoir pour la première fois, risquent souvent leur vie. Ils ne connaissent pas leurs limites et utilisent toute la réserve qui leur est disponible, soit leur énergie vitale. Tu as dégagé assez de puissance pour tuer un cheval à main nue. D'habitude, les apprentis restent une bonne semaine au lit après cela. Certains tombent dans le coma pendant un mois, mais c'est pour les plus imprudents. Ceux qui pensent être surpuissant et montrent toute leur puissance dés la première leçon, parfois en réchappent... mais la plupart du temps, ils meurent...

Je déglutis. J'ai la vague impression qu'il cherche à me faire peur. Est-ce en lien avec la conversation qu'il a eu avec l'inconnue de toute à l'heure. Oui, j'en ai réchappé, et alors ? Pour une fois que j'ai de la chance. Puis, d'un coup, je me pose plein de questions. Qui étaient les gens qui nous ont menacé ? Qu'est-ce que j'ai fait ?

-J'aimerais des explications de tout cela, exigé-je. Où suis-je ? Qui es-tu ? Que m'arrive-t-il ? Tout ! La vérité.Je veux comprendre.

- Je comprends ton désarroi, continue-t-il, et une lueur de compassion semble se dessiner dans son regard violet sombre. Déjà, tu es dans l'un des repères des Gardiens. Je t'ai emmenée ici pour ta sécurité. De plus, c'est le meilleur endroit pour être soigner de la douleur dont tu souffrais. Il y a plusieurs repère de ce genre partout dans le monde. Ils permettent de nous cacher aux yeux des humains ne possédant pas de Dons.

- Bien, d'accord…

- En ce qui me concerne, je suis un Gardien, ayant le pouvoir des Guérisseurs. Mon Alteran, ou alter-ego, ce nomme Noke. Il est moi et je suis lui, dit-il en désignant le principal concerné qui ronronne à ses pieds – je ne l'avais pas remarqué jusqu'à présent.

Il relève la manche de sa chemise blanche, dévoilant son avant bras musclé et… Sa marque. La même que celle que j'ai vue s'illuminer quand il m'avait soigné. La marque est noir tel un tatouage tout à fait normal. Elle forme un chat sauvage, toutes griffes dehors, les pattes enlaçant le bras de Sky, et la queue s'enroulant autour, la gueule ouverte sur la main. Toutefois, cette marque semble bouger doucement. Comme si elle est animée d'une vie propre. Je ferme les yeux, et me les frotte, pour éviter d'être hypnotiser. Sky remet sa manche, apparemment gêné. Il regarde alors le sol, une ombre passant dans son regard. Un mauvais souvenir peut-être. Encore un.

- Comment... Qu'est-ce qu'il s'est...

- En l'an 1916, la guerre faisait rage. Je vivais dans un petit village dans la Meuse. Il n'existe plus de nos jours. Je suis le seul survivant... dit-il, douloureusement.

- Pardon, je ne voulais pas… essayé-je de me rattraper.

- Tu m'a demandé la vérité. Il te faudra la connaître et y faire face. J'étais sortie en forêt pour cueillir quelque fraise des bois, et d'autres provisions. C'était tout à fait normal comme corvée, et c'était une journée tout à fait normale d'ailleurs, continue-t-il sur sa lancée. Ma famille mourrait de faim, je savais que ce que je faisais été risqué. Si je croisais un soldat allemand, je risquais de mourir. Je faisais cela pour ma mère. Quand je suis revenu, les maisons étaient en feu et les villageois étaient en train de se faire fusiller. J'ai vue ma mère et les autres villageois mourir. Et il n'y avait plus de trace de mes origines après cela. Ma mère est resté devant les tireurs, la tête haute, jusqu'au bout. Ils ont reçus l'ordre de tirer. Je n'ai pas eu le cœur d'affronter le regard des morts, les cadavres ni de voir ma seule famille anéantie. J'ai fuis...

- Tu étais… hésité-je.

- Non, je n'étais pas encore Guérisseur. Je n'avais pas encore rencontré Noke. J'ai passé des mois à voler dans les maisons quelques miches de pains à manger. Mais la plupart du temps, je restais réfugié dans les bosquets. Un jour où j'étais au plus mal, j'étais sûr que j'allais mourir. J'ai entendu un chaton, au début j'avais cru que c'était un enfant. Parce que j'entendais une voix d'enfant. J'ai suivis cette voix et j'ai trouvé Noke.

Je regarde Noke, celui-ci semble amusé. Et il y a une lueur de reconnaissance dans son regard. Je ne peux croire que les deux personnes que j'ai devant moi, aient pu vivre il y a environ un siècle. D'accord, ils ont vécu une dure épreuve, mais personne ne peut rester si jeune et vivre un siècle. Apparemment, Sky a dû voir mon regard interloqué et surpris, car je l'entends rire, pour la première fois. Je me tourne vers lui, le dévisageant.

- Hum, désolé, s'excuse-t-il, toujours amusé. Qu'est-ce qui t'étonne tant? Que nous soyons agé de 111 ans ?

- Que... quoi ?! Répété-je, toujours autant prise au dépourvue.

- Haha ! Eh oui, j'ai 111 ans, et j'ai toujours le corps d'un adolescents de 17 ans. C'est un effet secondaire, avoue-t-il.

- Un effet secondaire de quoi ?

- Quand un Gardien se lie à son Alteran, la magie que celui-ci possède s'infiltre dans le corps de son Lié, ou Gardien si tu préfère. Ralentissant son vieillissement, parfois peu, parfois beaucoup. Certains Gardiens n'ont même pas encore atteint leur 25 ans physiquement, qu'ils ont déjà 500 ans.

Je reste muette. Cela me semble tellement irréel. Je n'ai vue cela – enfin lu cela – que dans les livres. Rêvant peut-être parfois de faire partie de ces personnes aux dons extraordinaires, pendant mes sombres années où j'allais toutes les semaines chez un médecin pour qu'on me dise que tout ce que je voyais été dû à mon imagination. Avant que je finisse par être assourdie par les médicaments. Mais je n'aurais jamais pensé que cela se réaliserais un jour.

- Et... Comment... Enfin... Cette marque... bafouillé-je maladroitement.

- Ta marque ?

Il s'approche doucement de moi. Je recule. Il lève les mains pour me dire silencieusement qu'il ne me fera pas de mal. Je me laisse faire, un peu à contrecœur. Il relève la manche de mon pull, dévoilant une marque du même genre que la sienne. Je me retiens de crier. Je me lève en catastrophe et tombe de mon lit, atterrissant sur le sol, la tête la première. Je suis un peu sonnée, mais je ne gémis pas. Je me redresse, ayant à nouveau mal au crâne. Je regarde Sky et Noke. Ils sont, d'une manière, inquiet, et d'une autre manière, amusé. Je me relève doucement et me rassois sur mon lit en me caressant le crâne. Puis, je regarde cette marque en relevant une fois de plus ma manche jusqu'à l'épaule pour voir jusqu'où elle va. Elle est noir, d'un noir d'encre. C'est un dragon, sa tête est sur le dos de ma main. Il a la gueule ouverte, ses yeux sont comme luisant. Son corps s'enroule autour de mon bras et ses ailes entourent mon avant-bras. Sa queue finit par faire un nœuds juste avant l'épaule.

- Tu es l'une des nôtres, Kira. Tu es une Gardienne, et une Gardienne puissante...

- Une Gardienne légendaire ? je demande, essayant de voir si Lucia racontait des bêtises.

- Oui, avoue-t-il après un moment de silence. Te souviens-tu de la prophétie que je t'ai raconté, celle qui prédit que les Guildes seront sauvées par cinq représentants des Guildes ?

- Euh, oui, je crois… avoué-je à mon tour, essayant de ne pas me rappeler des moments gênant qui ont eu lieu à ce moment.

- Bien ! Cette prophétie dit exactement :

« Le jour où les Guildes seront en danger,

Alors, seules les cinq magies réunies pourront les sauver.

Cinq élus, cinq créatures de légendes, chacun liés :

Le Dragon guidera par sa Pureté,

La Lumière grâce au Phénix sera vengée,

Le Griffon de son Esprit protégera à jamais,

L'Ombre et l'Hippogriffe sauront tromper,

Tandis que la Chimère de son Sang fera couler...

Le Guide, le Vengeur, le Protecteur, le Traître et le Sacrifié... »

- On dirait que tu l'as apprise par cœur, fais-je remarquer.

- C'est le cas.

- Et je suppose que... Je suis la Gardienne au dragon étant donné ma marque.

- Oui, en tous les cas, je pense. Tu n'as pas encore rencontré ton Alteran, mais cela ne saurait tarder. Nous auront confirmation le moment venu. Mais déjà, tu corresponds à la description.

- Comment cela ?

- Tu es une Sorcière. La Guilde des Sorciers est connu pour sa pratique de la Magie dite « Pure », ou magie de la nature. Elle est éternelle car elle provient de la fondation de la vie. C'est la magie décrite dans cette prophétie, termine-t-il d'expliquer.

Je reste silencieuse. J'ai quasiment toutes les explications que je souhaitais. Il me reste une chose à demander, mais je n'ose pas. Sky finit par deviner ce qui me tracasse.

- Il y a une règle, l'une des première à respecter quand on accepte de devenir un Gardien. C'est celle de quitter ses proches. C'est un choix très dur, mais c'est ainsi, et personne ne peut y échapper. Ta durée de vie va se prolonger, alors que celle de tes proches va rester identique... Tu les perdras, quoi qu'il arrive. Soit ils mourront de cause naturelle, et tu n'y pourras rien, soit ils se feront tuer par nos ennemis... Et tu n'y pourras rien non plus.

Je me pétrifie. Je m'y attendais depuis un moment. Je ne sais pas trop comment réagir. Me fâcher, crier, pleurer. Je ne sais pas. Je reste immobile et silencieuse. J'entends cette voix, si familière dans mon esprit qui me conseil de faire ce qu'il dit. Sky et Noke ne disent rien pourtant – enfin oralement seulement car je suis sûr qu'ils se parlent quand même d'une manière où d'une autre, j'en suis sûre – et semblent attendre une réaction de ma part. Je regarde à nouveau ma marque, et je ne sais quoi en penser. J'ai vu ce que j'étais capable de faire. Et pourtant, je n'y crois pas une seule seconde – ou je me retiens d'y croire. Je soupire.

- Tu sais, tu as le temps de réfléchir, me dis alors Sky, rompant le silence.

- Je vais rentrer chez moi pour le moment. J'ai besoin de me reposer et de réfléchir.

- Soit. Tu peux partir. Tu retrouveras le chemin toute seule, rassure toi.

Je le remercie d'un signe de tête, je ne me pose pas plus de questions. Je me lève et récupère le peu d'affaires qu'ils m'ont gardé : mon sac de cours et mon sweat à capuche. Je regarde Sky une dernière fois, mais il ne m'accorde aucun regard contrairement à Noke. Après cette interaction silencieuse, je sort de la pièce. Je ne regarde pas les gens qui passent à côté de moi dans le couloir. Je regarde mes pieds, ne pensant à rien d'autre que rentrer chez moi. Je quitte ce lieu étrange, je descend l'escalier que j'avais vue lorsque j'étais inconsciente. Je passe les portes par lesquelles je suis rentrée quand j'étais inconsciente. Puis je me redresse. Je suis curieuse de savoir qui m'a envoyé une image mentale de la pièce. J'essaie de regarder à l'endroit où la personne ou la chose devait se trouver – juste au dessus de la porte en face des escaliers – mais il n'y a rien. Je secoue la tête et sort, refermant la porte en bois derrière moi. J'avance un peu et je finis par me retourner pour regarder l'endroit. Mais il n'y a plus de porte. Juste des branches, des arbres et rien d'autre que cela. La forêt, dans toute sa simplicité. Je suis seule. En dehors des oiseaux et des animaux qui brise le silence, il n'y a personne. Pourtant je sens toujours l'esprit si familier dans ma tête. Mais il n'y a rien d'autre qui me permet de savoir où est passé la cachette des Gardiens. En dehors de ma marque qui est toujours visible sur mon bras et qui me confirme que je n'ai pas rêvé. Je me détourne enfin de l'endroit où se dressait quelques minutes auparavant, des portes en bois. Et je prends le chemin de la vallée où la ville se trouve, où m'attends ma maison. Je sursaute, mes parents doivent s'inquiéter, ils doivent croire que j'ai disparu. Que vais-je leur dire ? Que vont-ils me donner comme punition ? Je vais en entendre pendant des jours. Finalement, je ne me pose plus de question, et je cours. J'ai repris plus de force que je ne pensais. Je m'en réjouis un peu. Par contre, j'ai un choix à faire. Il faudra que j'y réfléchisse, et que je choisisse, vite et bien. Mais je suis persuadée que ma vie changera, quoi que je fasse.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Kira ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0